Un septième match des séries. Le moment où des légendes cimentent leur statut. Celui où des joueurs de soutien qui indiffèrent l’amateur moyen deviennent des héros dans leur ville.

Pour chaque Peter Stastny, Steve Yzerman ou Pavel Bure qui comptent tous un but en septième match parmi leurs nombreux faits d’armes, il y a un Stéphane Matteau, un Dave Pichette ou un jeune Claude Lemieux qui se font un nom dans ces moments.

« Un septième match, c’est le plus de plaisir que tu vas avoir à jouer au hockey », a laissé tomber Ben Chiarot, dimanche, quelques minutes avant le départ du Canadien vers Toronto pour le septième match contre les Maple Leafs, lundi soir.

« La clé est de jouer de façon détendue. Il y a beaucoup de pression et les joueurs sont parfois nerveux. Tu dois rester détendu, jouer et avoir du plaisir. »

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Ben Chiarot

Chiarot a disputé un seul septième match dans sa carrière, mais il compte quand même 415 matchs d’expérience dans la LNH en saison et 40 en séries éliminatoires. Corey Perry s’est retrouvé huit fois dans des septièmes matchs. Tyler Toffoli, cinq fois, dont trois en 2014, lors de sa conquête de la Coupe Stanley.

Joel Edmundson a dû disputer deux matchs ultimes en route vers la Coupe Stanley de 2019 avec les Blues de St. Louis. Idem pour Eric Staal avec les Hurricanes de la Caroline, en 2006. C’est sans compter les expériences de tout ce beau monde sur la scène internationale.

Des gradins au premier trio

Il a été et il sera beaucoup question de l’expérience des joueurs du Tricolore. C’était même un thème central en début de série, lorsque Dominique Ducharme a confirmé que Cole Caufield, Jesperi Kotkaniemi et Alexander Romanov regarderaient le premier match des gradins. Il ne restait donc que Nick Suzuki et Jake Evans pour représenter la jeune génération.

Romanov semble condamné à sécher dans les gradins pour un bout, mais du reste, les choses changent vite au hockey, comme l’a lui-même souligné Ducharme. « Je suis d’accord que nos vétérans ont joué un rôle important. Mais les buts en prolongation sont venus des jeunes. En général, tout le monde aide à sa façon », a évalué l’entraîneur-chef du Canadien.

Samedi, Kotkaniemi a marqué le but de la victoire. Jeudi, c’était Suzuki, grâce au revirement provoqué par Caufield. Mais dans l’ombre, Evans a lui aussi fait son bout dans le triomphe de samedi.

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Les efforts combinés de Nick Suzuki et de Cole Caufield ont permis au Tricolore de l’emporter en prolongation, jeudi.

Son parcours ces derniers mois mérite qu’on s’y attarde. À son premier match comme entraîneur par intérim, le 25 février, Ducharme laissait de côté Evans et y allait avec une formation d’expérience. « Je n’ai rien contre Jake, ça n’a aucun rapport avec sa façon de jouer. C’est un nouveau départ », s’était alors justifié Ducharme.

Evans a été laissé de côté deux autres fois, avant d’être coincé dans l’équipe de réserve six matchs de suite, à la mi-avril, parce que le Canadien ne voulait pas risquer d’utiliser son dernier rappel. En tout, ce sont donc neuf matchs qu’Evans a regardés de l’extérieur, même s’il était en santé, en trois mois sous Ducharme.

Le numéro 71 a toutefois retrouvé sa place en fin de saison et pilotait un trio avec Paul Byron et Artturi Lehkonen pour amorcer la série. Mais dès le premier match, il s’est blessé et a raté les quatre rencontres suivantes.

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Jake Evans

Voilà que samedi, Ducharme s’est tourné vers Evans pour jouer avec Phillip Danault, ce qui venait avec la tâche de surveiller le trio d’Auston Matthews, l’un des plus dangereux de la LNH. Et pour ce faire, il a laissé de côté Tomas Tatar, un vétéran qui a passé la majeure partie des trois dernières saisons à la gauche de Danault.

Tout ça, on le rappelle, au moment où l’équipe est à une défaite de se retrouver en vacances. Comme marque de confiance, c’est dur à battre.

« On aime ce que Jake fait. On l’a vu dans les derniers moments de la saison, a expliqué Ducharme. Il s’est blessé, mais là, il est disponible et à 100 %. En étant à la maison, on trouvait que c’était un bon fit avec Phil et Gally. Ils ont fait du bon travail. »

« En étant à la maison. » Ce bout de phrase est généralement un raccourci qui sous-entend que le dernier changement permet de « protéger » un joueur, de lui éviter des confrontations trop ardues. Or, Evans a disputé 15 minutes contre Matthews, 14 contre Mitchell Marner et Zach Hyman, seulement à 5 contre 5*. La confrontation était systématique et Ducharme ne semblait pas du tout protéger Evans.

Nous voici au septième match, le bruit ambiant grimpe autour des Maple Leafs, de Matthews et Marner, qui n’ont pas l’impact offensif attendu. Si Ducharme ne touche pas à sa formation, Evans sera encore appelé à jouer un rôle majeur. Si Sheldon Keefe tente d’éloigner Matthews et Marner du trio de Danault, les responsabilités incomberont plutôt à Suzuki et à Kotkaniemi. Le jeu du chat et de la souris promet.

Ce ne sera donc peut-être pas un moment à la Claude-Lemieux-contre-les-Whalers-en-1986, mais les jeunes auront la chance d’apposer leur signature sur ce septième match. Leur capacité à la saisir pourrait bien déterminer si le Canadien survit ou s’éteint.

* Source : Natural Stat Trick

Lehkonen dans l’avion

Artturi Lehkonen a accompagné ses coéquipiers à Toronto. L’ailier gauche a recommencé à patiner samedi, et sa présence dans l’avion allait un peu de soi. C’est qu’en cas de victoire du Canadien ce lundi, l’équipe se rendrait directement à Winnipeg, où la série de deuxième tour commencerait dès mercredi. Pour l’heure, on ignore toutefois si Lehkonen sera disponible pour la rencontre de lundi.