Après la tempête, le beau temps. Guy Lafleur vient de vivre des années de cauchemar avec un quintuple pontage coronarien et un cancer du poumon, dont il croyait s’être défait une première fois.

L’ancienne gloire réagit non seulement bien à ses plus récents traitements, mais les témoignages d’amour et les honneurs abondent aussi depuis quelques semaines.

Cette fois, la Ligue de hockey junior majeur du Québec (LHJMQ) retirera à jamais le numéro 4 qu’il a porté jadis avec les Remparts de Québec.

« Normalement, tu reçois les honneurs quand tu meurs, calvasse ! », a-t-il lancé dans son langage franc lors d’un entretien par Zoom mardi midi. « J’ai la chance de recevoir tous ces honneurs de mon vivant. Je trouve ça extraordinaire de pouvoir en profiter. »

Guy Lafleur paraissait en grande forme à l’écran. Et ému, aussi. Surtout au moment de parler de son idole de jeunesse, Jean Béliveau.

« J’ai commencé à porter le numéro 4 en 1962 au Tournoi pee-wee de Québec, a-t-il rappelé. Je ne l’ai pas eu avec les As Junior parce que j’étais trop jeune pour choisir mon numéro, mais j’ai pu l’avoir avec les Remparts. »

C’était un numéro important pour moi parce que Jean Béliveau a toujours été mon idole et une inspiration pour moi. C’est un honneur que tu n’achètes pas.

Guy Lafleur

En 119 matchs avec les Remparts, Lafleur a amassé 379 points, dont 233 buts. Il a surtout permis à son équipe de gagner la Coupe Memorial, en 1971, le premier de 13 championnats canadiens pour la LHJMQ.

« Cette équipe-là est devenue une fierté pour la ville de Québec, nous voulions prouver que la LHJMQ n’avait rien à envier à la Ligue de l’Ontario et la Ligue de l’Ouest. On est fiers de ça. »

D’une modestie légendaire, Lafleur a tenu à rendre hommage à ses coéquipiers. « Le hockey, ce n’est pas un one-man-show. Les honneurs individuels, tu les obtiens en jouant avec des joueurs d’élite comme Michel Brière, Réjean Giroux, André Savard, Jean Lamarre, Jacques Locas. Je retirerais tous les chandails de l’équipe si c’était moi, mais je ne crois pas que Gilles [Courteau] serait d’accord ! »

Lafleur, nommé le meilleur joueur de l’histoire de la LHJMQ par un groupe de spécialistes lors des célébrations entourant les 50 ans de la Ligue, devient le deuxième athlète dont le numéro est retiré, après le 87 de Sidney Crosby.

« Je regarde Sidney Crosby dont on a retiré le numéro aussi, Wayne Gretzky, qui est le seul dans la LNH, je trouve ça extraordinaire que ces joueurs-là aient cet honneur. Pour les jeunes, ça peut servir de source de motivation, d’inspiration, de se dire si j’évolue dans la LHJMQ ou ailleurs, mon numéro sera peut-être un jour retiré. »

« Il a été la première grande vedette de la LHJMQ, a rappelé le commissaire Gilles Courteau. Il attirait plus de 10 000 spectateurs au Colisée et les amphithéâtres étaient remplis quand il jouait sur la route. Il a été un grand ambassadeur pour la Ligue, non seulement lors de sa carrière avec les Remparts, mais aussi après avoir accédé à la LNH quand il parlait en bien des Remparts et de la LHJMQ. »

« Ça va super bien »

L’ambassadeur du CHUM a confirmé mardi à quel point il se sentait bien physiquement. « Ça va super bien depuis les deux derniers traitements, je n’ai pas de nausées, je prends ce qui passe. Ça va bien et j’espère que ça va continuer ! »

Guy Lafleur a toujours répondu de façon directe aux questions les plus délicates. Celui qui a porté le numéro 10 à Montréal, suivant la sage recommandation de Jean Béliveau lui-même, s’est fait demander à la fin de son point de presse, par le collègue Stéphane Leroux, si Cole Caufield méritait sa place dans la formation du Canadien pour le premier match des séries éliminatoires.

« Caufield, c’est sûr qu’il jouerait. Les autres équipes ne gardent pas leur talent sur les tablettes. Il a joué dix matchs et il a compté quatre buts. C’est une source d’inspiration et il va jouer pour gagner. Tu as besoin de gars comme lui pour gagner en séries. Des gars qui font le trafic sur la glace, tu n’as pas besoin de ça… »

On vous souhaite beaucoup de soleil, d’amour et la santé, Monsieur le Démon blond.