Il faut remonter à 1979 pour trouver le dernier duel entre le Canadien de Montréal et les Maple Leafs de Toronto en séries éliminatoires. Retour en arrière sur ce dernier affrontement entre les deux grands rivaux canadiens.

Un héros nommé Cam Connor

Au moment de notre discussion, Cam Connor n’avait pas encore eu le temps d’écouter tous les messages qui inondaient sa boîte vocale. « Le Canadien et les Leafs en séries, ce n’est pas arrivé depuis longtemps, alors j’imagine que les gens veulent m’en parler », commence-t-il par dire au bout du fil.

Lui en parler ? Et comment !

Parce que la dernière fois que ces deux clubs ont croisé les lames en éliminatoires, c’était en 1979, et c’est lui, Cam Connor, qui avait été l’un des héros de la série, le plus mémorable des héros, en tout cas. Car c’est lui qui avait réussi le but gagnant, en deuxième prolongation, s’il vous plaît, lors du troisième match de la série. « J’ai marqué ce but à ma seule présence sur la glace ce soir-là […] J’avais passé le match au bout du banc ! »

PHOTO TIRÉE DU COMPTE TWITTER DE CAM CONNOR

Cam Connor et Brian Engblom avec la Coupe Stanley remportée en 1979

Une folle histoire ? Pas pour Cam Connor, un homme qui aura connu une carrière pas comme les autres, avec des hauts et des bas, avec des détours, et aussi avec un gros moment, en avril 1979, qui est resté gravé dans les mémoires. Le but permettait au Canadien de saisir une avance de 3-0 dans une série qu’il allait finir par balayer.

On lui en parle encore aujourd’hui. « Ça n’a pas été le but de Guy [Lafleur] au septième match contre Boston, mais ç’a été un but assez spécial quand même », ajoute-t-il bien humblement.

Voyez la séquence (en anglais)

Cam Connor, il faut bien le rappeler, était arrivé chez le Canadien un peu en retard. Repêché par le club en 1974 avec le cinquième choix au total, ce robuste attaquant a été, à peu près au même moment, repêché aussi par les Roadrunners de Phoenix, de l’Association mondiale de hockey (AMH) rivale, avec le quatrième choix au total.

On pourrait croire que faire un choix entre le Canadien et les Roadrunners a été une décision facile, mais Cam Connor n’a pas vu les choses ainsi.

« Je suis un gars de Winnipeg, je passais beaucoup de temps sur les patinoires, mais pour être bien honnête, je ne regardais jamais le hockey à la télé. En plus, j’étais meilleur au football et au baseball. Mais j’aimais jouer, et à ma dernière saison au hockey junior à Flin Flon, j’ai marqué 47 buts. C’est pour ça que le Canadien m’a repêché. Quand mon agent m’a appelé pour m’annoncer la nouvelle, je ne savais pas ce que ça voulait dire. Je lui ai demandé : “Être repêché cinquième au total, est-ce que c’est bon ?” Il m’a fait comprendre que oui… »

Mais le Canadien lui offrait un contrat de 150 000 $ et l’offre des Roadrunners était supérieure de 50 000 $, une fortune à l’époque.

« J’ai choisi l’AMH pour l’argent […] J’aimais mieux avoir de l’argent en banque sans être connu. Scotty Bowman n’en revenait pas. Il m’a appelé d’un téléphone public en revenant en voiture d’un match à Buffalo pour m’offrir 200 000 $ de plus, mais je lui ai dit que j’avais donné ma parole aux Roadrunners. »

Ce détour vers l’AMH durerait quatre saisons, dont les deux dernières à Houston avec les Aeros de Gordie Howe. « Les Aeros ont fait faillite, les Jets ont racheté mon contrat, et le Canadien avait peur que je rentre chez moi à Winnipeg pour ensuite rester avec les Jets. Alors Bowman m’a offert un billet d’avion de deux mois pour que j’aille n’importe où dans le monde, de peur que je reste à Winnipeg. Mais j’ai choisi de m’entraîner à Houston tout l’été. »

Quand Connor se pointe enfin au camp du Canadien, au début de la saison 1978-1979, Bowman, l’entraîneur irascible, n’affiche certes pas son plus beau sourire. Cette saison-là, le jeune joueur sera employé très rarement. Il ne disputera que 23 parties, récoltant un seul but et trois aides.

« Scotty n’était pas du genre à donner des tapes dans le dos […] Il était de la vieille école et sa stratégie, c’était d’écœurer tout le monde en tout temps. Ça ne passerait plus aujourd’hui. »

PHOTO TIRÉE DU COMPTE TWITTER DE CAM CONNOR

Cam Connor

Moi, en plus, j’avais besoin d’être encouragé, mais Scotty allait complètement à l’opposé. À un moment donné pendant la saison, Steve Shutt m’a dit : “Tu sais, Scotty traite tout le monde comme de la merde, mais toi, il te traite encore pire !”

Cam Connor

« Alors la saison s’est passée comme ça. Je ne jouais presque jamais. Puis les séries sont arrivées… Au deuxième tour contre les Leafs, les deux premiers matchs ont été présentés au Forum. Les Leafs nous ont brassés pas mal, ils avaient une équipe de durs. J’ai su des années plus tard que c’est Ken Dryden qui avait suggéré à Bowman de m’insérer dans la formation en vue du troisième match, parce qu’on avait besoin d’ajouter un peu de muscle. Mais j’ai passé le match sur le banc. Alors j’avais eu amplement le temps de remarquer des choses, et rendu à cinq périodes, j’avais vu que [le gardien] Mike Palmateer avait tendance à s’avancer loin de son filet […] Je savais déjà ce que je ferais si j’avais une chance. »

Cette chance, elle est survenue en deuxième période de prolongation, quand Connor, « avec des pieds lourds comme du ciment », a enfin été envoyé sur la glace. Il s’est présenté devant Palmateer, et le gardien des Leafs, comme prévu, s’est avancé vers lui. « Je savais que si je pouvais ramener la rondelle sur mon côté naturel, j’allais avoir un filet vide devant moi. Mais du revers, j’ai échappé la rondelle… et elle a roulé entre ses jambières ! »

Ç’a été le seul coup d’éclat de Cam Connor avec le Canadien. Malchanceux, il allait subir une intoxication alimentaire à Boston lors du tour suivant contre les Bruins, et il n’enfilerait plus jamais le maillot bleu, blanc et rouge. Il finirait sa carrière à New York et à Edmonton, là où il coule aujourd’hui une belle retraite.

Il se prépare aussi à avoir à répondre au téléphone assez souvent au cours des prochains jours. Parce que quand on pense à 1979, au Canadien et aux Leafs, on pense à lui.

Un 16e duel en séries entre les deux équipes

Pour la plus jeune génération, ce sera une première occasion d’assister à une série Canadien-Maple Leafs. Mais les plus sages parmi nous en ont vu plusieurs.

Montréal et Toronto se sont en effet rencontrés 15 fois en séries. Le Tricolore a l’avance 8-7, ayant balayé trois des quatre derniers duels.

PHOTO DENIS COURVILE, ARCHIVES LA PRESSE

Larry Robinson lors de la série de 1979 contre les Leafs

1979 : Montréal 4-0 (1er tour)

1978 : Montréal 4-0 (demi-finale)

1967 : Toronto 4-2 (finale)

1966 : Montréal 4-0 (demi-finale)

1965 : Montréal 4-2 (demi-finale)

1964 : Toronto 4-3 (demi-finale)

1963 : Toronto 4-1 (demi-finale)

1960 : Montréal 4-0 (finale)

1959 : Montréal 4-1 (finale)

1951 : Toronto 4-1 (finale)

1947 : Toronto 4-2 (finale)

1945 : Toronto 4-2 (demi-finale)

1944 : Montréal 4-1 (demi-finale)

1925* : Montréal 5-2 (quart de finale)

1918* : Toronto 10-7 (demi-finale)

* Séries de deux matchs au total des buts

Depuis 1979

Les deux équipes au glorieux passé ont connu des périodes creuses depuis leur dernier choc.

Canadien

Coupes Stanley : 3 (1979, 1986, 1993)

Finale perdue : 1 (1989)

Défaites en finale d’association : 4 (1984, 1987, 2010, 2014)

Exclusions des séries : 10 (1995, 1999, 2000, 2001, 2003, 2007, 2012, 2016, 2018, 2019)

Meneur pour les buts (en saison) : Mats Naslund (243)

Meneur pour les points : Saku Koivu (641)

Meneur pour les victoires : Carey Price (360)

Maple Leafs

Coupe Stanley : 0

Finale perdue : 0

Défaites en finale d’association : 4 (1993, 1994, 1999, 2002)

Exclusions des séries : 18 (1982, 1984, 1985, 1989, 1991, 1992, 1997, 1998, 2006, 2007, 2008, 2009, 2010, 2011, 2012, 2014, 2015, 2016)

Meneur pour les buts : Mats Sundin (420)

Meneur pour les points : Mats Sundin (987)

Meneur pour les victoires : Félix Potvin (160)

La vie en avril 1979

Coup d'œil aux chansons et aux films qui faisaient la pluie et le beau temps il y a 42 ans printemps

Musique américaine

Les chansons les plus populaires au palmarès américain Billboard dans la semaine du 21 avril 1979

1. Knock on Wood, d’Amii Stewart

2. I Will Survive, de Gloria Gaynor

3. Heart of Glass, de Blondie

Musique québécoise

Les titres sélectionnés pour le prix de la chanson de l’année au Gala de l’ADISQ

1. L’arbre est dans ses feuilles, de Zachary Richard

2. Le blues du businessman, de Claude Dubois

3. Le monde est stone, de Fabienne Thibeault

4. Moi je mange, d’Angèle Arsenault

5. Mon fils, de Félix Leclerc

PHOTO ARCHIVES LA PRESSE

Claude Léveillée et Félix Leclerc en septembre 1979

Cinéma

Les meilleurs films au box-office en avril 1979

1. Manhattan

2. The Champ

3. La Cage aux folles

4. Buck Rogers in the 25th Century

5. Last Embrace