Question quiz. Avec un avertissement : la suite ne vous plaira peut-être pas.

Au cours des 24 derniers matchs, soit depuis la semaine de congé imposée par la COVID-19 chez le Canadien, quel joueur arrive au quatrième rang des attaquants du club pour les points, en plus d’être l’un des rares patineurs à présenter un différentiel positif ?

La bonne réponse est bien sûr Artturi Lehkonen. Avec trois points lundi soir, le Finlandais en revendique désormais neuf depuis le 30 mars. Une production semblable à celles de Phillip Danault, Corey Perry, Josh Anderson et Paul Byron, et considérablement supérieure à celles de Jesperi Kotkaniemi (5 points) et Eric Staal (3).

Ne nous méprenons pas : Lehkonen ne s’est pas transformé en marqueur et il ne commencera pas à transporter son équipe. Après quelque 350 matchs chez les professionnels, il n’y a plus beaucoup de mystère sur ses habiletés offensives.

Mais il demeure que le rapide ailier, travailleur acharné et spécialiste de l’échec avant, montre présentement le meilleur côté de lui-même. Et le fait que cette performance de trois points ait eu lieu dans l’avant-dernière rencontre de la saison est moins surprenant qu’on pourrait le penser.

Lehkonen conclut ces jours-ci sa cinquième année complète dans la LNH. Depuis ses débuts en 2016-2017, il a démontré qu’il gardait, en quelque sorte, le meilleur pour la fin. Nous nous sommes intéressés à sa production offensive au cours des cinq derniers matchs de chaque saison, en excluant toutefois 2019-2020, stoppée net en mars en raison de la pandémie. Aussi, pour 2021, nous avons gardé quatre matchs puisqu’il en reste encore un à disputer.

2016-2017 : 6 points
2017-2018 : 3 points
2018-2019 : 4 points
2021 : 4 points

En 19 rencontres de fin de saison, Lehkonen a donc récolté 17 points jusqu’ici. Et une fois les séries éliminatoires venues, il a ajouté 8 points en 16 joutes. Dans un cas comme dans l’autre, il s’agit d’un rythme de production largement supérieur à sa récolte en carrière de 120 points en 337 matchs de saison.

Interrogé à savoir si son coéquipier avait passé la vitesse supérieure, Jeff Petry a confirmé que Lehkonen, avec Paul Byron et Jake Evans, avait livré, lundi contre les Oilers d’Edmonton, « exactement ce dont on a besoin de ces gars-là ». À savoir : « leur intensité, leur éthique de travail, leur niveau de compétition ». Et de voir ce trio amasser 8 points lundi est une sacrée récompense, a ajouté Petry, évoquant « une grosse poussée de confiance pour eux ».

Hauts et bas

Il fait bon, toutefois, rappeler que cette saison n’a pas été un long fleuve tranquille pour Lehkonen.

Tout juste avant le congédiement de l’entraîneur-chef Claude Julien, le Finlandais venait de passer deux matchs à ruminer dans les gradins. Avec 4 points en 16 matchs jusque-là, il n’en donnait pas beaucoup pour son argent à son patron.

La nomination de Dominique Ducharme, a priori, n’a pas amélioré sa situation, puisqu’il a été écarté de la formation 7 fois en 12 parties sous la nouvelle administration.

Or, depuis la pause COVID, il a (enfin) trouvé son erre d’aller.

Prendre la décision de laisser de côté un vétéran ne se limite pas seulement à « écrire son nom sur le tableau », a rappelé Ducharme, mardi.

« On s’assoit avec le joueur, on veut travailler avec lui, a-t-il expliqué. On a identifié des choses dans son jeu où on pensait qu’il était capable d’apporter plus, entre autres sur le plan de la production offensive. Ça reste un gars qui travaille fort, qui a de bonnes habitudes de travail, qui s’attarde aux détails. On savait qu’il était capable aussi de fabriquer un peu plus de jeux. »

C’est ce qu’il fait. Pas juste travailler, mais le faire de la bonne façon. Et ça paye des deux côtés.

Dominique Ducharme

Et il le fait avec le sourire, nous dit-on. Le public connaît de Lehkonen un homme réservé, peu loquace. Mais au sein du groupe, sa présence est « énorme », a assuré Jesperi Kotkaniemi.

« Il montre davantage son caractère dans le vestiaire qu’avec les médias, a dit Jeff Petry. Il sait comment alléger l’ambiance quand les choses ne vont pas bien. Il rigole toujours avec les gars, surtout Brendan Gallagher… »

Insuccès

Un qui rit moins, ces jours-ci, c’est Jesperi Kotkaniemi. Tout simplement parce que, dans son cas, ce n’est plus drôle du tout.

PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE

Jesperi Kotkaniemi

On l’a écrit plus haut, il n’a récolté que 5 points à ses 24 derniers matchs. Aucun à ses 11 derniers. Lundi, il n’a été utilisé que pendant 9 min 13 s, l’un de ses plus faibles totaux depuis le début de sa carrière.

En point de presse, mardi, le jeune joueur de centre semblait avoir le goût de parler de tout sauf de sa situation. Il continue de « travailler chaque jour » avec Ducharme. Sa confiance est bonne, assure-t-il, et à la veille des séries, il se sent « gonflé à bloc » – pour bien saisir l’ambiance, prononcez-le avec l’enthousiasme d’un professionnel de la traduction simultanée.

Pour que son protégé puisse se relancer, Ducharme a estimé qu’il devait demeurer « dynamique », « faire de gros jeux ». « Il sait ce qu’on attend de lui. »

À l’approche du retour des blessés du club, une inévitable compétition interne se prépare chez les attaquants pour pourvoir les postes sur les troisième et quatrième trios.

À voir la manière dont Ducharme a réduit son temps de glace lundi, la place de Kotkaniemi est-elle en jeu ?

Sans surprise, l’entraîneur ne s’est pas avancé. Mais il a tout de même souligné qu’il avait géré son banc « comme si c’était un match numéro 7 ».

« Tous les soirs sont différents, il faut s’adapter à la situation », a-t-il encore dit.

À quelques jours de la fameuse « vraie saison », ce n’est sans doute pas la meilleure des nouvelles pour Kotkaniemi.

En bref

Danault patine, Anderson « incertain »

Quelques nouvelles de la très fréquentée infirmerie du Canadien. Phillip Danault, qui soigne une commotion cérébrale, a patiné en solitaire mardi matin, tout comme Shea Weber, blessé au « haut du corps ». Peu de détails ont filtré sur l’évolution de leur guérison. Brendan Gallagher, lui, a pris part à l’entraînement complet des siens, tout comme Carey Price. Gallagher portait toutefois un chandail bleu poudre, signe qu’il n’est pas encore prêt à recevoir des contacts. Josh Anderson, pour sa part, ne s’est pas entraîné et sa présence est « incertaine » en vue de l’ultime match de la saison, mercredi. Dominique Ducharme a indiqué que son gros ailier ne souffrait de « rien de majeur ». Il a également dit qu’il n’était pas certain « à 100 % » que tout son monde serait de retour à temps pour les séries, mais qu’il était « pas mal confiant ».

Du dodo et de la sueur

Les joueurs et leurs entraîneurs ont beau répéter à quel point leur concentration est entièrement consacrée au duel de mercredi soir, il n’en demeure pas moins que les jours de congé qui s’en suivront sont marqués de grosses étoiles colorées sur leur calendrier. En effet, la date qui circule pour l’entrée du CH en séries est celle du mercredi 19 mai. Le cas échéant, les joueurs du Tricolore profiteraient d’une semaine presque complète de préparation, consacrée au repos et à l’entraînement. Après 25 matchs en 43 jours, les joueurs sont mûrs pour une « réinitialisation » mentale et physique, a estimé Jeff Petry. Pour lui, il y a déjà du sommeil à l’agenda. Mais il y a aussi beaucoup à faire sur la glace. Le même Petry a littéralement parlé de « ménage » à faire dans le jeu du CH en zone défensive. « Tout part de là », a-t-il estimé. Ducharme a quant à lui rappelé que son équipe n’avait pas profité de deux jours d’entraînement consécutifs depuis une éternité.

PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE

Jeff Petry

Jouer pour la nulle

Un journaliste d’Edmonton a fait remarquer à Jeff Petry et à Dominique Ducharme qu’il était peu commun de voir, comme le Canadien l’a fait lundi soir, une équipe protéger aussi jalousement un score à égalité en fin de match. Rappelons en effet que de simplement survivre à la 60minute de jeu avec un score de 3-3 a donné au CH le dernier point qui lui manquait pour assurer sa place en séries. « Sans qu’on en parle, ça se sentait sur le banc, dans la manière avec laquelle on réagissait, a indiqué Ducharme. Deux ou trois minutes après qu’on eut égalisé, c’est comme si on jouait avec l’avance d’un but. On voulait gagner, mais on savait tous à quel point on avait besoin d’un point. » Cela n’a pas empêché Petry de fracasser violemment son bâton après que Connor McDavid eut donné la victoire aux Oilers en prolongation. « Tout simplement parce qu’ils avaient marqué, et pas nous », s’est défendu le défenseur.