Les langues commencent à se délier à New York.

Et « l’affaire Tom Wilson » ne doit plus être considérée comme au cœur du congédiement du président John Davidson et du directeur général Jeff Gorton, mais l’un des facteurs aggravants… pour des raisons qu’on ne soupçonnait pas au départ.

Quand l’ancienne gloire Mark Messier a déploré cette semaine le manque de bagarreurs de ruelle dans la formation, il faisait écho au patron James Dolan.

Non seulement le propriétaire voulait-il couper net le processus de reconstruction à New York, mais le manque de robustesse des Rangers le faisait suer. L’assaut subi par les deux vedettes offensives Artemi Panarin et Pavel Buchnevich l’ont probablement fait exploser.

« J’ai vu au sein de l’équipe une faiblesse qui ne se corrigeait pas », a déclaré le propriétaire des Rangers dans une interview avec l’éternel chroniqueur du New York Post, Larry Brooks.

« Il nous manquait un ingrédient important afin de rivaliser pour la Coupe Stanley. Les autres propriétaires et directeurs généraux ne cessaient de me répéter depuis un an à quel point nous possédions de nombreux joueurs de talent, mais le seul talent ne suffit pas. Il nous manque des pièces. Il nous faut changer la dynamique en général et la culture de l’organisation, et Chris Drury est l’homme pour le faire. »

James Dolan dit avoir congédié Davidson et Gorton avant la fin de la saison afin de permettre à son nouveau directeur général, Chris Drury, de s’adresser aux joueurs lors des réunions de fin de saison. « Ces rencontres seront cruciales pour la suite. L’incident Wilson constitue seulement une coïncidence malheureuse. »

Dolan, 65 ans, à la tête non seulement des Rangers, mais du Madison Square Garden et des Knicks de New York, dans la NBA, n’est pas le plus patient des gestionnaires.

Notre homme, dont la fortune est évaluée à 2,5 milliards, a généralement forcé ses directeurs généraux à prendre des raccourcis. Les Rangers ont longtemps été reconnus comme une organisation qui voulait « acheter » des championnats. Wade Redden, Scott Gomez, Bobby Holik, Chris Drury lui-même, Darius Kasparaitis et plusieurs autres ont hérité de monstrueux contrats, sans être en mesure de propulser les Rangers vers les sommets du classement.

Les Rangers ont aussi passé quatre ans, entre 2013 et 2016, sans bénéficier de choix de première ronde. On devine plutôt aisément à quel point le processus de reconstruction entamé par Jeff Gorton en 2018 devait faire souffrir le boss…

Attendons-nous à des changements importants ces prochaines semaines, et mois, à New York. De jeunes joueurs de talent seront sans doute sacrifiés afin d’obtenir des joueurs plus robustes. Ce type de transactions peut se révéler catastrophique.

Le Canadien de 1995-1996 avait voulu procéder ainsi à l’époque. On a échangé Pierre Turgeon pour obtenir Shayne Corson et Murray Barron. Plus récemment, Marc Bergevin a cédé deux choix de deuxième ronde pour acquérir Andrew Shaw.

Les Nordiques de Québec avaient amassé une quantité de jeunes joueurs de talent avant de déménager au Colorado. Échanger Mats Sundin pour obtenir le robuste Wendel Clark a été catastrophique, même si l’organisation a remporté la Coupe Stanley une fois au Colorado.

Chris Drury devra être très prudent. Les autres clubs connaissent déjà les intentions des Rangers. Drury devra faire une évaluation minutieuse du talent de ses jeunes hommes, dans un contexte où la progression des espoirs demeure très variable. Il pourrait s’exposer à des gaffes majeures. Aux équipes adverses de flairer les aubaines.

L’entraîneur en chef, David Quinn, dont l’équipe a encore perdu jeudi soir, 4-0 aux mains des Bruins de Boston, vit probablement ses dernières heures avec les Rangers malgré son lien avec Drury. C’est du moins l’avis des médias new-yorkais.

Mark Messier a déjà offert ses services par l’entremise des journalistes et il affirme que son inexpérience dans le domaine ne constitue pas un obstacle.

« Absolument pas, à 1000 %. Le hockey, c’est ce que j’ai fait toute ma vie. Tu es une personne de hockey ou pas. Personne n’est parfait, mais il faut s’entourer de gens pour combler ses faiblesses. »

L’ancien capitaine des Rangers et des Oilers dit avoir été approché par Glen Sather pour le poste en 2013. Sather avait finalement opté pour Alain Vigneault.

Le jeune Alexis Lafrenière doit bien se demander aujourd’hui dans quelle galère il se trouve…

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