La Ligue américaine a confirmé jeudi ce qui tombait sous le sens : la Coupe Calder ne sera pas attribuée pour la deuxième année de suite.

Personne n’est vraiment tombé en bas de sa chaise, à commencer par Joël Bouchard.

« C’était ça, le plan. On savait qu’il y avait de bonnes chances de ne pas avoir de séries, a reconnu l’entraîneur-chef du Rocket de Laval, en visioconférence, vendredi matin. Avec la conjoncture des voyages, on savait que ce n’était pas viable. Avec une demi-saison, on est quand même allés chercher beaucoup de matchs malgré la pandémie. »

Ça tombait sous le sens, principalement en raison de la fermeture de la frontière entre le Canada et les États-Unis. L’enjeu n’est d’ailleurs toujours pas réglé pour la LNH, a rappelé plus tôt cette semaine le commissaire, Gary Bettman.

Le communiqué de la Ligue américaine annonçant l’annulation de la Coupe Calder précise que chaque division a pu déterminer une façon de conclure la saison. Les cinq équipes de la division Canadienne ont convenu de ne pas organiser de tournoi éliminatoire, et de simplement s’en tenir au classement. Trois autres divisions ont fait le même choix, tandis que les sept clubs de la division Pacifique tiendront un tournoi.

Bouchard a rappelé que trois des cinq équipes de la division Canadienne verront vraisemblablement leur grand club en séries de la LNH : Toronto (Maple Leafs), Manitoba (Jets), et l’un ou l’autre de Laval (Canadien) ou Stockton (Flames).

« Chaque réalité est différente, d’une province à une autre, d’un État à un autre, a rappelé l’entraîneur. Pour nous, la réalité canadienne étant ce qu’elle est, l’effort mis pendant la saison, la logistique que ça peut amener… Nos équipes seront en séries dans la LNH, plusieurs de ces joueurs seront appelés à jouer. Nos équipes doivent donner des joueurs aux équipes de la Ligue nationale et la priorité, ça reste la Ligue nationale. »

Quels objectifs ?

Avec tout ça, la saison tire donc à sa fin dans la Ligue américaine. Le Rocket a encore sept matchs au calendrier, disputés du 4 au 17 mai.

Le trophée Frank S. Mathers – pour le champion de la division Canadienne – est pratiquement en poche. Il sera remis à l’équipe ayant le meilleur pourcentage de points au classement, et le Rocket (22-5-2, ,793) a largué le Moose du Manitoba (15-11-3, ,569).

Individuellement, les joueurs qui sont avec le Rocket sont presque assurés d’y rester, maintenant que le Canadien a utilisé les quatre rappels auxquels il avait droit après la date limite des transactions. Il y a toujours les rappels d’urgence (Cole Caufield, Michael Frolik et Jake Evans sont à Montréal en vertu de ces rappels), mais dès qu’un des blessés recouvrera la santé, un de ces joueurs sera cédé soit à Laval, soit à l’équipe de réserve.

Tout ça pour dire que les sources de motivation habituelles ne sont plus des facteurs.

« Cette saison, même s’il n’y a pas de fans, pas de séries, ça reste qu’on a tous quelque chose à gagner à bien paraître et à gagner des matchs, a rappelé le vétéran Alex Belzile. Même s’il n’y a plus de rappels, dans le hockey, ça change tellement vite. Demain matin, il peut y avoir du mouvement de personnel. Il faut toujours rester prêts. »

Bouchard, lui, a puisé dans sa créativité. Pas plus qu’à l’habitude, remarquez, car comme il le souligne, « normalement, une saison, c’est 76, 82 matchs. Tu dois toujours être créatif ! Tu dois garder une structure, mais c’est important de trouver des éléments de surprise ».

L’entraîneur a donné un exemple survenu il y a un mois, quand le Rocket a disputé quatre matchs de suite à Winnipeg.

« Il y a des moments où j’ai challengé les gars comme si on était en séries. J’ai recréé l’environnement des séries », a-t-il expliqué.

Le 25 mars, le Rocket menait 3-1 en troisième période, avant de voir le Moose marquer avec 32 secondes à jouer pour faire 3-2, puis créer l’égalité à 19 : 59 de la troisième période. Les Manitobains l’ont emporté en tirs de barrage.

« J’ai dit aux gars : “Si on était en séries et qu’on perd le lendemain, on revient à 0-2 dans la série, c’est un must-win…” Et on a gagné le match 1-0 le lendemain.

« Un matin en séries et un matin de saison, ce n’est pas pareil. On a créé ça quelques fois pendant nos voyages. Et à la fin, les gars le faisaient eux-mêmes. Ce n’était même plus moi. »

Bouchard a expliqué que l’équipe avait prêté attention aux détails, « comme dans les séries ».

« Ce n’est pas pareil, mais dans la vie, tu prends les occasions que tu as, et on l’a fait. »