Auréolé de gloire en Russie, après avoir permis à son équipe, Omsk, de défaire le géant CSKA Moscou en finale de la Coupe Gagarine, Bob Hartley est aussi le dernier entraîneur à avoir permis aux Flames de Calgary de remporter une ronde de séries éliminatoires… en 2015.

Depuis son congédiement surprenant, en mai 2016, quatre entraîneurs se sont succédés : Glen Gulutzlan, Bill Peters, Geoff Ward et maintenant Darryl Sutter.

À moins d’un revirement de situation étonnant, les Flames rateront les séries éliminatoires pour la deuxième fois en quatre ans. Outre l’étonnante victoire des séries en 2015 avec Hartley et sa jeune équipe, la dernière ronde de séries éliminatoires remportée par les Flames remontait à… 2004. Une petite ronde en 16 ans !

Pour ceux qui auraient le réflexe de ramener le propos au Canadien, Montréal déçoit ces dernières années, mais a remporté six rondes au cours de la même période, dont deux carrés d’as. Imaginez alors la morosité des pauvres fans des Flames !

Le DG des Flames, Brad Treliving, est en poste depuis sept ans. Avec un bilan aussi décevant, on lui demande des comptes aujourd’hui.

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Le directeur général des Flames de Calgary, Brad Treliving.

S’il survit, on peut s’attendre à des changements de personnel importants à Calgary. Les vedettes offensives de l’équipe, Johnny Gaudreau, Sean Monahan et Matthew Tkachuk se sont éteintes avec l’arrivée de Sutter et de son style de jeu ultra-défensif.

Sutter, 62 ans, a été arraché à sa ferme familiale en désespoir de cause par Treliving, une embauche assortie d’un contrat de trois ans.

Sutter n’a pas fourni l’électrochoc espéré. Après avoir remporté ses trois premiers matchs, dont deux contre le CH, il a maintenu une fiche de 7-11.

Gaudreau a 14 points en 22 matchs depuis l’arrivée de Sutter, mais il va mieux récemment avec 10 points à ses huit dernières rencontres. Monahan a 10 points au cours de la même séquence. Monahan, sixième choix au total en 2013, a amassé 28 points en 46 matchs cette saison. Il en avait obtenu 82 il y a deux ans.

Ça ne va guère mieux pour Matthew Tkachuk, pourtant le meilleur attaquant des Flames l’an dernier. Comme Monahan, Tkachuk a amassé 10 points depuis l’entrée en poste de Sutter. Il a obtenu 31 points, dont 10 buts, en 48 matchs. Il en avait amassé 61 en 69 matchs l’an dernier et 77 la saison précédente.

Gaudreau et le capitaine Mark Giordano auront droit à l’autonomie complète à la fin de la saison 2021-2022. Tkachuk aura droit à l’autonomie partielle. En bref, de grandes décisions seront à prendre. Treliving est-il le meilleur homme pour le faire ?

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Johnny Gaudreau et Matthew Tkachuk

Au cours de son règne, Treliving a sacrifié deux choix de première ronde et quatre choix de deuxième ronde pour deux défenseurs, Dougie Hamilton et Travis Hamonic.

Hamilton lui a au moins permis d’obtenir quelques années plus tard Noah Hanifin et Elias Lindholm, mais il a aussi été forcé d’inclure dans la transaction un ailier alors prometteur, Micheal Ferland, et le jeune défenseur Adam Fox, qui ne semblait pas avoir la volonté de signer de contrat avec les Flames. Hamonic a constitué un désastre total.

Ces raccourcis ont privé les Flames de joueurs intéressants au repêchage, entre autres Noah Dobson, Joel Farabee et Ty Smith en 2018, Mathew Barzal, Thomas Chabot, Kyle Connor et Brock Boeser en 2015, sans compter tous les choix de deuxième ronde.

L’acquisition de Curtis Lazar pour un choix de deuxième ronde en 2017 n’a pas fonctionné non plus. Elle a permis aux Sénateurs de repêcher Alex Formenton.

Treliving a toutefois récupéré quelques choix de deuxième ronde pour Jiri Hudler, Sven Baertschi et Kris Russell. Mais avec seulement 35 choix en six repêchages entre 2014 et 2019, dont seulement dix dans les deux premières rondes, les recruteurs des Flames ont été parmi les moins bien nantis à ce chapitre dans la Ligue nationale de hockey.

On ne pourra le blâmer pour l’échange récent de Sam Bennett, quatrième choix au total en 2014. Bennett le fait mal paraitre avec 10 points en six rencontres depuis son arrivée en Floride (obtenu en retour d’un choix de deuxième ronde), mais le jeune homme n’est jamais parvenu à éclore sous cinq entraîneurs successifs à Calgary.

L’embauche de joueurs autonomes ne constitue pas la force de Treliving non plus. Dès son arrivée, il a donné 8,75 millions pour trois ans à Deryk Engelland, 9 millions pour deux ans au gardien Jonas Hiller et 9,4 millions pour trois ans à Mason Raymond. Échec dans les trois cas.

Le DG des Flames a aussi été très généreux à l’endroit de Michael Frolik (21 millions/5 ans), Karri Ramo (3,8 millions/1 an), Troy Brouwer (18 millions/4 ans) et James Neal (28,75 millions/5 ans).

L’arrivée cet automne du gardien Jakob Markstrom (36 millions/6 ans) et du défenseur Chris Tanev (18 millions/4 ans) n’a pas produit l’effet escompté cette année.

La patience des propriétaires aura-t-elle ses limites à Calgary ? Le congédiement de Hartley parait encore plus mal aujourd’hui…

À lire

1- Les fans réclament du Canadien qu’il repêche plus de Québécois, mais on leur fait ensuite la vie dure. Louis Leblanc, David Desharnais et Guillaume Latendresse ont accepté de parler du sujet, à la suite du congé forcé de Jonathan Drouin. Un texte à lire de Guillaume Lefrançois.

2-Est-ce faire preuve de faiblesse que de quitter son équipe pour gérer une situation personnelle difficile, comme celle que semble vivre Jonathan Drouin, selon ce qu’on a compris en conférence de presse ? Un texte plein de compassion d’Alexandre Pratt.

3- La facture sera salée pour nos gouvernements en prévision des prochains Grands Prix de Formule 1.