Qui est le Canadien ? Un club en réinitialisation ? Un club qui espère aspirer au championnat ? Un club de jeunes ? Un club de vieux ? Rapide ? Lent ? Robuste ? Le club d’un gardien (blessé) ? Un club défensif ? Un club explosif ou complètement dénué de talent ?

Difficile de trouver une identité au Canadien ces temps-ci. C’était plus simple l’année précédente. On poursuivait la réinitialisation entamée en 2018 en confiant les postes de centre à Nick Suzuki, Jesperi Kotkaniemi et Jake Evans, on allait intégrer Alexander Romanov en défense, éventuellement Cole Caufield après son séjour dans la NCAA. Le noyau offensif restait jeune.

Suzuki, Kotkaniemi ont effectivement obtenu de belles responsabilités, on a intégré Evans et Romanov à la formation, jusqu’à ce qu’Evans en soit écarté avec l’arrivée de Staal.

Marc Bergevin a choisi d’accélérer le processus cet automne avec l’arrivée de Josh Anderson, Tyler Toffoli, Joel Edmundson, Corey Perry et Jake Allen. Des acquisitions de taille. Ils ont tous connu du succès et permis au Canadien d’espérer une saison intéressante. Ont suivi Eric Staal, Jon Merrill et Erik Gustavsson.

Ces nombreux changements peuvent aussi avoir des effets pervers. Neuf joueurs en uniforme pour le CH samedi contre les Flames ne l’étaient pas lors des séries éliminatoires l’été dernier. C’est presque la moitié du club.

Le DG du Canadien a voulu colmater les brèches en raison d’une période creuse au plan du recrutement et du développement entre 2008 et 2015. Les choses semblent s’être améliorées depuis 2017, mais la nouvelle génération constituée des Kotkaniemi, Suzuki, Romanov, Primeau, Caufield, Poehling, Harris, Guhle, Ylonen et compagnie n’est pas encore arrivée à maturité.

Ainsi peut-on parfois avoir l’impression que le Canadien est un club rapiécé. On a transplanté au sein d’une même formation une multitude de joueurs provenant d’univers différents. Cet état de choses peut-il expliquer le manque de cohésion collective trop souvent présent récemment ? Voici aussi sans doute pourquoi l’identité du Canadien est si difficile à cerner.

La formule peut néanmoins fonctionner à l’occasion. Les Golden Knights de Vegas en font la preuve. Le Canadien l’avait fait en atteignant le carré d’as en 2010 lors du printemps Halak avec les Gionta, Gomez, Cammalleri, Hamrlik, Spacek et compagnie. Mais ce sont des cas plus rares.

Malgré ses huit défaites à ses 11 derniers matchs, le Canadien n’est pas encore dans une position précaire. Une victoire lundi soir à Calgary lui redonnerait une priorité de six points sur les Flames, avec un match de plus à disputer. Les Canucks sont à huit points, avec cinq matchs en main, mais ils devront être presque parfaits pour rattraper le Canadien.

Il reste dix matchs au CH pour trouver son élan. Si par malheur l’équipe s’écroulait et ratait les séries, la direction, Marc Bergevin en tête, aura des comptes à rendre.

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Le directeur général du Canadien, Marc Bergevin.

Bergevin a joué le tout pour le tout cet hiver. Il a congédié son entraîneur-chef, un entraîneur associé, l’entraîneur des gardiens et il a répété sa volonté de gagner ce printemps.

La promotion de Dominique Ducharme n’a pas eu l’effet escompté. Le Canadien a une fiche de 11-12-5 sous sa gouverne. L’équipe avait une fiche de 9-5-4 avec Claude Julien.

Une bonne fin de saison et une performance encourageante en séries feraient aussi oublier cette vilaine gestion des effectifs et du plafond salarial à la date limite des échanges.

Le Canadien ne peut même pas se permettre de jouer à 12 attaquants en l’absence de blessés parce qu’on a dilapidé trois des quatre rappels non-urgents à la date limite des transactions. On n’a pu insérer Cole Caufield dans la formation jusqu’ici en raison des contraintes du plafond.

En 12 matchs à Montréal, Eric Staal a deux points au compteur (deux buts) et une fiche de -8. Son manque de vitesse et de vigueur handicape l’équipe. L’acquérir est une chose. Continuer à l’utiliser dans des situations importantes en est une autre.

Il y a des blessés : Carey Price, Brendan Gallagher, et maintenant Paul Byron et Tomas Tatar. Mais qui n’en a pas ? Les Panthers de la Floride ont perdu leur défenseur numéro un Aaron Ekblad et ils ont continué de gagner.

Une bonne fin de saison ferait oublier ces problèmes. Une mauvaise fin de saison pourrait provoquer un été très mouvementé au sein de l’organisation.

À lire

1- L’ancien attaquant du Canadien Andrew Shaw vient d’annoncer sa retraite. Marc Bergevin l’avait obtenu des Blackhawks en juin 2016 moyennant deux choix de deuxième ronde (Alex DeBrincat, Chad Krys). Le DG du Canadien l’a renvoyé à Chicago trois ans plus tard contre un choix de deuxième ronde en 2020 (Jan Mysak) et un choix de troisième ronde en 2021. Les détails de Simon-Olivier Lorange.

2- Entretien intéressant de Frédérick Duchesneau avec l’entraîneur des gardiens du CF Montréal, Rémy Vercoutre.

3- Le Canadien en arrache sans Brendan Gallagher, nous rappelle Richard Labbé, chiffres à l’appui.