Quand Corey Perry a charmé son auditoire à son arrivée à Montréal en déclarant son amour pour le Canadien, le club de son enfance, François Beauchemin savait que ça n’était pas du chiqué.

« Il me le disait déjà à l’époque », a confié son ancien coéquipier des Ducks cette semaine à La Presse.

« Son rêve était de terminer sa carrière à Anaheim, mais il me disait que c’était son club préféré quand il était jeune. On regardait même souvent ensemble une période ou deux des matchs du Canadien dans le vestiaire des Ducks parce que nos matchs commençaient plus tard dans l’Ouest. Quand il se passait quelque chose de spécial à Montréal, on s’en parlait. »

Beauchemin a été heureux d’apprendre la signature de contrat de Perry l’automne dernier.

« J’étais content pour lui parce que je connaissais ses sentiments pour le Canadien. À l’âge où il est rendu, je savais par où il passait. Je ne sais pas ce qui se passe dans le vestiaire, mais il doit avoir un bon mot pour emmener des jeunes sur le bon chemin. Il ne parlait pas beaucoup avec nous, mais quand il parlait, tout le monde écoutait. »

Notre homme a joué huit ans avec Perry chez les Ducks. Il a gagné la Coupe Stanley en 2007 et l’a vu marquer 50 buts et gagner le trophée Hart, remis au joueur par excellence dans la LNH, lorsqu’il s’est joint au club après quelques saisons à Toronto, dans la deuxième moitié de la saison 2010-2011.

« Ce que vous voyez de lui, Corey l’a fait toute sa carrière : aller devant le filet, déranger l’adversaire avec de bonnes mises en échec ou des doubles échecs devant le filet, faire les bonnes choses en zone neutre avec la rondelle. Son coup de patin n’a jamais été sa force, mais il est tellement intelligent avec et sans la rondelle qu’il est toujours en bonne position pour ne pas se faire battre, comme Joe Thornton à Toronto. »

Ça fait cinq ans qu’il n’avance pas, mais il est tellement intelligent et fort que tu ne le battras pas.

François Beauchemin, à propos de Corey Perry

Les Ducks avaient des clubs costauds et expérimentés à l’époque. Beauchemin salue les plus récentes acquisitions du Canadien.

« Le Canadien a été capable de s’améliorer. J’ai affronté Josh Anderson quand il jouait à Columbus. Un gros bonhomme comme ça qui patine, marque de gros buts, c’est difficile à trouver. Tyler Toffoli marque de gros buts. Edmundson et Chiarot sont gros et forts, plus la saison va avancer, plus ça va paraître. »

L’arrivée d’Eric Staal ajoute de la profondeur à l’équipe.

« C’est une belle acquisition, surtout avec Suzuki et Kotkaniemi au centre, avec Danault pour les appuyer. En ce moment, le Canadien a de très bons jeunes et quand tu as la chance d’ajouter un vétéran comme lui, c’est toujours un atout.

« Tu n’as jamais trop de vétérans en séries éliminatoires. Si tu regardes Dallas l’an dernier, c’était comme ça. C’est un noyau de très bons vétérans qui a emmené l’équipe en finale. »

LHJMQ et NCAA

Toujours installé dans son Sorel natal, Beauchemin poursuit son travail auprès du préfet de discipline de la LHJMQ, Éric Chouinard, et il est aussi chargé du développement des espoirs des Ducks. Son mandat s’est élargi depuis janvier 2020. Il ne suit plus seulement les jeunes Québécois de l’organisation, mais aussi ceux de la NCAA.

« L’universitaire américain, je n’avais pas vu ça de ma vie parce que j’ai joué quatre ans dans la LHJMQ, et je suis vraiment impressionné par le calibre de jeu. Contrairement à du junior, tu as des joueurs de 22, 23 et 24 ans. C’est un mélange de junior et de Ligue américaine. À cause de l’âge, de l’expérience et de la maturité, c’est plus fort que dans les rangs juniors. Il n’y a pas de joueurs de 15, 16 ans dans la NCAA. C’est normal que le calibre de jeu soit plus élevé. »

Grâce à l’excellent travail de l’adjoint au directeur général des Ducks et directeur du recrutement, Martin Madden fils, l’équipe ne manque pas de bons jeunes joueurs en cette phase de rajeunissement de l’organisation.

Les six premiers choix de l’équipe depuis six ans, Jamie Drysdale, Trevor Zegras, Isac Lundeström, Maxime Comtois, Max Jones et Jacob Larsson, ont déjà intégré l’équipe.

« On a un club encore plus jeune avec l’arrivée de Zegras et de Drysdale, dit Beauchemin. Notre gardien [John Gibson] est encore jeune. Notre capitaine Ryan Getzlaf est entouré de bons vétérans avec Rakell, Silfverberg, Henrique et de solides jeunes. »

Comtois, repêché au deuxième tour en 2017, épate cette année. Ce jeune colosse de 6 pi 2 po et 215 lb occupe le premier rang des compteurs du club, avec 22 points en 38 matchs, à égalité avec Rickard Rakell (22 points en 36 matchs).

Je ne suis pas étonné. Il travaille fort, il a pris beaucoup de maturité l’an dernier dans la Ligue américaine. Il va au filet et il marque de gros buts pour nous.

François Beauchemin, à propos de Maxime Comtois

Après avoir cartonné au Championnat du monde junior avec 18 points en 7 matchs, Zegras s’adapte tranquillement à la LNH. Il est parfois rayé de la formation.

« On est heureux de son développement. Il aurait pu retourner dans les rangs universitaires, mais il a choisi de monter chez les pros tout de suite. Il a joué dans la Ligue américaine, il a eu du succès et ils ont pris la décision de le rappeler. Ça n’est pas la même chose que dans la Ligue américaine, mais ça lui donne une bonne idée de ce qu’il aura à améliorer.

« C’est surtout une question de constance et garder son niveau de jeu au maximum. Parfois, se retrouver dans les gradins, c’est un mal pour un bien. C’est fâchant pour le joueur, mais ça lui fait réaliser des choses. »

Les Ducks rateront de nouveau les séries éliminatoires cette année, mais l’avenir semble prometteur.