André Tourigny avait demandé à la blague au premier vice-président des équipes nationales de Hockey Canada, Scott Salmond, pendant le plus récent Championnat du monde de hockey junior, pourquoi le Canada ne comptait pas sur un entraîneur à temps plein comme la plupart des autres fédérations.

Il ne pensait pas se retrouver, un peu plus de deux mois plus tard, avec une offre pour un tel poste devant lui.

Hockey Canada a annoncé, mercredi, avoir accordé un contrat d’un an à Tourigny. Le natif de Nicolet devient le premier entraîneur à temps plein du programme masculin de Hockey Canada depuis Marc Habscheid, en 2005.

« Je dois me pincer pour me convaincre que c’est vrai, s’est exclamé Tourigny en visioconférence. Ce qui me rend fier et très émotif, c’est que ce sont des gens qui me connaissent qui me font confiance. J’ai eu la chance de travailler avec eux et ils ont créé un poste pour moi. Ça veut tout dire. »

Tourigny fera partie du personnel d’entraîneurs lors de quatre compétitions internationales importantes.

Il sera entraîneur adjoint au Championnat du monde ce printemps à Riga, en Lettonie, et aux Jeux olympiques de Pékin, en 2022. Il sera entraîneur-chef d’Équipe Canada junior pour la deuxième année de suite, l’hiver prochain à Edmonton et à Red Deer, en plus de diriger la formation canadienne au Championnat du monde de 2022 à Helsinki et Tampere, en Finlande.

Tourigny demeurera avec l’organisation des 67’s d’Ottawa, dans la Ligue de l’Ontario, et reprendra ses fonctions à temps plein une fois son mandat avec Hockey Canada terminé. Les 67’s ont d’ailleurs accordé une prolongation de contrat de six saisons à Tourigny, mercredi.

L’entraîneur adjoint Mario Duhamel a également signé une prolongation de contrat avec les 67’s et il héritera des responsabilités de Tourigny derrière le banc de l’équipe pendant son absence.

Je vais continuer d’utiliser le même bureau à Ottawa quand je ne serai pas à l’extérieur. Je vais demeurer dans l’entourage des 67’s.

André Tourigny

« Dans le contexte normal, un entraîneur va dire que son emploi de jour est avec son équipe junior et son emploi de soir est avec Hockey Canada. Dans mon cas, ce sera l’inverse. Mon emploi à temps plein sera avec Hockey Canada et mon emploi de soir sera avec les 67’s. Je vais m’assurer que la culture ne change pas. Je vais appuyer Mario et le personnel quand ils auront besoin de moi. J’agirai comme un conseiller. »

Et si certains peuvent croire que le nouveau mandat de Tourigny avec Hockey Canada pourrait lui servir de tremplin vers le hockey professionnel, le principal intéressé ne se tracasse pas avec ça.

« Je suis très bien avec les 67’s, a-t-il dit. Je travaille avec et pour des gens exceptionnels. C’est une place où je suis bien et où je veux être. L’engagement démontré par mes patrons, lors d’une année marquée par une pandémie, ça veut dire beaucoup de choses. Pour le reste, les occasions, on verra. Je suis content de pouvoir m’associer à long terme avec les 67’s. »

Le bon moment

La réponse de Salmond à la question de Tourigny pendant le Mondial junior avait été qu’il avait déjà songé à embaucher un entraîneur à temps plein.

La discussion entre les deux hommes s’était arrêtée là.

« C’était quelque chose à quoi nous avions pensé à l’interne au fil des ans, quand nous échangions des idées qui pourraient avoir un impact sur le programme, a admis Salmond. D’autres fédérations ont des entraîneurs à temps plein et ont du succès. »

Nous avons identifié un enjeu avec les Jeux olympiques. Avec la pandémie, le calendrier condensé, la saison morte écourtée, nous avions besoin d’une personne pour aider dans la préparation pour les Jeux de Pékin.

Scott Salmond, premier vice-président des équipes nationales de Hockey Canada

Le court laps de temps entre la fin de la saison de la LNH et le début du Championnat du monde ce printemps représente un enjeu similaire.

Demander à Tourigny de s’occuper de ces responsabilités en lui offrant le poste était une évidence pour Salmond.

« Ses valeurs, son attention aux détails et les habitudes qu’il développe représentent le hockey canadien, a-t-il dit. Les tournois sont courts et la communication est importante. Il ne peut pas y avoir de zones grises. Ça décrit bien André. Il excelle pour faire partager sa vision de l’équipe et faire embarquer les joueurs dans l’aventure. »

Pour Tourigny, le moment était aussi bon pour se lancer dans une telle aventure.

La Ligue de l’Ontario est paralysée depuis plus d’un an par la pandémie de COVID-19 et il n’y a toujours pas de plan de relance concret à l’horizon.

Oui, il passera fort probablement moins de temps derrière le banc l’hiver prochain avec Hockey Canada que s’il était resté avec les 67’s, mais son hiver sera bien rempli.

« Je vais faire un travail de préparation avec les systèmes et la culture des valeurs de l’équipe. Je vais m’assurer que le calendrier est optimal, a expliqué Tourigny. Un entraîneur s’occupe des matchs et des entraînements, oui. Mais il y a beaucoup de travail qui est fait dans les coulisses et dont je vais être responsable.

« Est-ce que je vais faire ça pendant 10 ans ? C’est une autre discussion. Mais d’avoir la chance d’être entraîneur lors de quatre évènements extraordinaires et d’apprendre auprès de gens du milieu, c’est une occasion sensationnelle pour moi. »

« Terminer le travail »

Tourigny aura notamment l’occasion de « terminer le travail », après avoir guidé le Canada vers l’argent au Mondial junior. Il avait aidé l’équipe à gagner l’or l’année précédente, en tant qu’entraîneur adjoint.

Il avait aussi été adjoint au sein d’Équipe Canada junior en 2010 et 2011, quand la formation a remporté chaque fois l’argent.

Tourigny est entraîneur-chef et vice-président des opérations hockey des 67’s depuis 2017. Il avait précédemment dirigé les Huskies de Rouyn-Noranda de 2002 à 2013 et les Mooseheads de Halifax en 2016-2017, dans la Ligue de hockey junior majeur du Québec.

De plus, Tourigny a été entraîneur adjoint dans la LNH chez l’Avalanche du Colorado de 2013 à 2015, et avec les Sénateurs d’Ottawa en 2015-2016.