Il s’est maintenant passé 13 matchs et près d’un mois depuis que Dominique Ducharme a succédé à Claude Julien, le 24 février dernier. Sur la glace, les ajustements tardent encore à se convertir en victoires, mais la gestion de l’effectif a passablement changé. La Presse a passé huit changements sous la loupe.

Enfin de la discipline

Claude Julien a souhaité de tout son cœur une équipe plus disciplinée. C’est Dominique Ducharme qui l’a obtenue. Sous Julien, le Canadien était au deuxième rang des équipes les plus punies de la LNH. Avec Ducharme, le changement est draconien : de 11 min 10 s au cachot par match, ses hommes n’en passent plus que 6 min 41 s. Une baisse spectaculaire de 4 minutes et demie ! C’est une bonne nouvelle, car l’unité de désavantage numérique, elle, ne s’est ni améliorée ni n’a empiré. La grande majorité des minutes ainsi récupérées sont désormais jouées à cinq contre cinq, puisque l’adversaire est lui aussi moins souvent puni que sous Julien.

Plus de temps, mais moins de buts

En théorie, le Canadien devrait se réjouir de passer davantage de temps à cinq contre cinq, puisque c’est dans cette phase de jeu qu’il excelle. Avec Ducharme, l’équipe est demeurée dans le top 10 de la LNH sur le plan des buts accordés ainsi que sur ceux des tentatives de tir et des chances de marquer, obtenues comme accordées. Là où le bât blesse, c’est sur la capacité à convertir ces chances. Avec trois buts par match marqués à cinq contre cinq, les hommes de Julien étaient bons premiers du circuit. Or, avec seulement 2,1 buts, ceux de Ducharme occupent le 20e rang. Cette difficulté à marquer est en partie compensée par l’avantage numérique, le meilleur de la LNH depuis le 24 février. Mais il ne faut pas se surprendre de constater que Ducharme ait un pourcentage de victoires (38,5 %) bien en deçà de celui de son prédécesseur (50 %).

Ça roule pour Kotkaniemi

PHOTO DAVID BOILY, ARCHIVES LA PRESSE

Jesperi Kotkaniemi

On ne se confondra pas en suppositions sur la relation qu’entretenaient Jesperi Kotkaniemi et Julien. Mais le jeune homme passe du bon temps avec son nouvel entraîneur. Non seulement dispute-t-il deux minutes de plus à cinq contre cinq, mais la vague qu’il pilote en avantage numérique passe désormais presque autant de temps sur la glace que celle de Nick Suzuki. La production offensive du Finlandais a également pris du galon : après une récolte de 8 points à ses 18 premiers matchs (0,44 point par match), il en a ajouté 7 en 13 matchs (0,54). Il a aussi gagné en efficacité au cercle de mise en jeu, passant de 46,7 % à 50 % de réussite.

Des cadeaux pour Suzuki et Drouin

Non seulement Suzuki occupe une place moins prépondérante sur l’avantage numérique, mais encore il ne joue presque plus en infériorité numérique. Ducharme avait d’ailleurs exprimé, dès son arrivée, son désir de s’en remettre à des spécialistes à court d’un homme. Qu’à cela ne tienne : à cinq contre cinq, le temps de glace du jeune homme a gagné presque trois minutes ! Cela lui en donne quelque 16 dans ces circonstances, pour 19 au total, un sommet chez les attaquants. C’est toutefois son ailier gauche de prédilection, Jonathan Drouin, qui se voit attribuer la plus importante hausse dans sa charge de travail : 3 min 16 s de plus à cinq contre cinq. Le Québécois décoche également davantage de tirs par match (2,15) que sous Julien (1,33).

Le quatrième trio écope

Ce jeu des vases communicants doit forcément se faire au détriment de quelqu’un. Et c’est le quatrième trio qui écope. Jake Evans a vu son temps de glace amputé de presque deux minutes sous Ducharme, qui lui a aussi fait sauter son tour pendant deux matchs. Dans une moindre mesure, Paul Byron et Artturi Lehkonen sont eux aussi moins sollicités. Le Finlandais n’a d’ailleurs disputé que 6 des 13 matchs sous la gouverne du nouvel entraîneur. Même si, comme son prédécesseur, Ducharme vante la « profondeur » de son club, le dogme des minutes divisées en parts égales entre les trios semble déjà chose du passé.

Un rôle précisé pour Romanov

PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE

Alexander Romanov

Le défenseur Alexander Romanov a connu des débuts tonitruants avec le Canadien. Julien lui a rapidement fait confiance dans toutes les phases du jeu, avant de réduire son temps de glace. Sous Ducharme, on a circonscrit son rôle : fini les minutes en avantage numérique et en désavantage numérique. On lui a momentanément donné une chance à la gauche de Shea Weber sur le premier duo, mais il semble désormais destiné à la troisième paire, où la qualité de l’opposition est moindre. Et il ne s’en porte pas plus mal. Le potentiel de croissance est immense pour le jeune homme, qui dispute sa première saison en Amérique du Nord. Il a le loisir du temps, et Ducharme, en ne l’utilisant désormais que sur le flanc gauche, son côté naturel, ne semble pas vouloir le brusquer.

Perry à toutes les sauces

Le phénomène est contradictoire : Corey Perry joue légèrement moins sous Ducharme (il a cédé 47 secondes), mais il est beaucoup plus visible qu’avec Julien. La raison ? Il amorce la rencontre sur le quatrième trio, mais est désormais utilisé comme remplaçant dans les autres unités à mesure que le match avance. Ducharme aime bien jongler avec son effectif en cours de rencontre, et c’est souvent Perry qui se retrouve à passer d’un poste à l’autre, en plus de jouer son rôle d’écran devant le filet en avantage numérique. Le vétéran ne s’en plaindra pas, lui dont la production offensive a légèrement augmenté sous la nouvelle administration.

Moins lourd pour Weber

Il suffit de regarder un match pour le constater : Shea Weber ne connaît pas les meilleurs moments de sa carrière. Son creux de vague coïncide avec la blessure à Ben Chiarot, ce qui a augmenté la charge de travail des vétérans comme Jeff Petry, Joel Edmundson et lui. La semaine dernière, à Winnipeg, Weber a atteint la barre des 25 minutes, une première sous Ducharme. Cette pointe a toutefois été davantage l’exception que la règle depuis le départ de Julien : c’est en effet sous ce dernier que Weber a disputé huit des neuf matchs au cours desquels on l’a le plus sollicité cette saison. Sous Ducharme, il n’est plus le défenseur le plus utilisé à cinq contre cinq, alors que Petry et Edmundson l’ont dépassé. Et c’est Petry qui a pris la tête des minutes totales – aidé par les nombreuses prolongations, il est vrai. Un changement de garde s’est-il amorcé en défense ? Il est encore tôt pour le conclure. Mais on ne pourrait l’exclure non plus.