Pour plusieurs, le créneau favorable de succès du Canadien est très étroit en raison de l’âge de Carey Price et de Shea Weber.

Le CH doit gagner cette année ou la prochaine parce que les meilleurs jeunes éléments de l’équipe n’auront pas encore atteint leur apogée lorsque Price et Weber ne seront plus en mesure de tirer le club.

Price aura 34 ans cet été et Weber 36 ans. Nick Suzuki et Alexander Romanov ont 21 ans, Jesperi Kotkaniemi 20 ans, et les Cole Caufield, Jordan Harris et Kaiden Guhle n’ont pas encore disputé un seul match dans la LNH.

Marc Bergevin a-t-il vraiment tiré sur la gâchette rapidement ces dernières semaines pour ces raisons de créneau favorable ?

Le portrait de la situation est peut-être moins inquiétant qu’en apparence.

Commençons avec Price, qui semble avoir retrouvé sa superbe depuis quelques matchs. Il est évidemment essentiel aux succès du Canadien. Mais il n’a pas 39 ans non plus. Il est toujours au début de la trentaine.

À 36 ans, Marc-André Fleury connaît sans doute ses meilleurs moments en carrière. Tuukka Rask est encore essentiel à Boston à 33 ans. Mike Smith connaît un splendide début de saison à Edmonton et il a 38 ans. Jonathan Quick, 35 ans, et Pekka Rinne, 38 ans, ne sont plus aussi efficaces, mais ils tiennent encore le fort.

Il reste encore au moins trois ou quatre grosses années à Carey Price. D’ici là, Cayden Primeau, l’un des plus beaux fleurons de l’organisation, aura le temps de se développer à son rythme. Primeau aura 22 ans cet été. Il n’aura pas à assumer le rôle de numéro un avant l’âge de 25 ou 26 ans. On n’aura pas à précipiter son arrivée comme on l’a fait dans le cas de Price.

PHOTO BERNARD BRAULT, LA PRESSE

Cayden Primeau

Shea Weber est un élément encore essentiel en défense. Mais l’éclosion de Jeff Petry change la donne. Petry, 33 ans, est le deuxième pointeur de la LNH chez les défenseurs derrière Victor Hedman avec 23 points en 24 matchs. Il a une fiche de +15. On évoque son nom parmi les candidats au trophée Norris.

Le Canadien ne dépend pas de Weber comme les Kings de Los Angeles dépendent de Drew Doughty ou les Capitals de Washington de John Carlson.

D’ailleurs les meilleurs défenseurs jouent entre 25 et 27 minutes par match. Brent Burns en joue 27 à San Jose, Doughty 26:31, Darnell Nurse, Victor Hedman, Thomas Chabot et Alex Pietrangelo sont utilisés presque 26 minutes en moyenne.

Weber est encore le défenseur le plus utilisé chez le Canadien à 22:59, mais Jeff Petry et Ben Chiarot ne sont pas loin derrière, dans les 22 minutes également.

Il s’agit pour Weber de sa moyenne d’utilisation la plus basse depuis ses premières années en carrière à Nashville. Il jouait en moyenne plus de 25 minutes par rencontre à ses deux premières saisons à Montréal.

Le capitaine du Canadien a atteint la marque des 25 minutes cinq fois seulement en 24 matchs cette saison, dont une seule fois depuis février. Il a joué sept fois moins de 22 minutes, et deux fois moins de 20 minutes.

Le capitaine du Canadien pourrait être considéré comme le numéro deux à droite sans choquer personne.

Dominique Ducharme aura le choix d’ici les prochaines années d’augmenter les responsabilités d’Alexander Romanov à droite, ou encore de donner à Weber un joueur comme Romanov, comme Boston l’a fait dans le cas de Zdeno Chara en fin de carrière avec Charlie McAvoy.

PHOTO BERNARD BRAULT, LA PRESSE

Alexander Romanov

Pour assurer une transition saine en défense, il faudra néanmoins voir au moins deux jeunes parmi Jordan Harris, Kaiden Guhle, Mattias Norlinder, Jordan Struble, Josh Brook ou Cale Fleury être en mesure d’assumer un rôle important.

L’attaque ne constitue pas un souci à court et moyen terme. Les deux premiers centres, Kotkaniemi et Suzuki, ont encore 10 à 12 belles années devant eux. Par contre, il faut s’assurer de retenir Phillip Danault, pour garder la colonne vertébrale de l’équipe solide. Ça n’est pas impossible dans le contexte salarial actuel. Les ailiers sont jeunes pour la plupart. Brendan Gallagher et Tyler Toffoli ont 28 ans, Josh Anderson 26 ans et Jonathan Drouin 25 ans.

Tomas Tatar ne sera probablement pas retenu au terme de la saison. Voilà où la relève, Caufield, Jesse Ylonen, Luke Tuch, peut-être, sera importante, pour combler ce trou.

Nul ne sait si le Canadien sera en mesure de participer aux séries et gagner quelques rondes cette année. La direction de l’équipe le souhaite, pour assurer sa sécurité d’emploi.

Mais il y aura aussi une vie après Carey Price et Shea Weber. À condition aussi d’avoir la sagesse de ne pas sacrifier de hauts choix et des espoirs de premier plan pour accentuer ses chances de gagner. Avec un plafond salarial, la régénération d’un club passe par la jeunesse…

À lire

1- Marie-Eve Dicaire a vécu un voyage mouvementé à Flint, au Michigan, pour son combat d’unification de championnats du monde. Elle se raconte à Frédérick Duchesneau.

2- Yves Boisvert revient sur les évènements qui secouent Natation artistique Canada.

3- Miguel Bujold prévoit un mouvement de personnel chez certains quarts-arrières de la NFL.