Lors de la première des deux défaites en surtemps contre les Sénateurs d’Ottawa, dimanche, Jesperi Kotkaniemi, 20 ans, et Alexander Romanov, 21 ans, ont commis à leur façon des impairs en prolongation.

Kotkaniemi a provoqué un revirement en zone offensive et Romanov s’est retrouvé impuissant, quelques instants plus tard, sur le but gagnant de Brady Tkachuk.

Dans un contexte où Claude Julien sentait déjà son poste en danger, mardi à Ottawa, on n’a pas revu les deux jeunes hommes une seule seconde sur la glace lors de la seconde prolongation en autant de matchs.

Ben Chiarot a eu droit à au moins deux présences et une panoplie de vétérans à l’attaque ont été envoyés sur la glace, notamment Joel Armia.

On a aussi vu Tomas Tatar reprendre sa place en supériorité numérique en fin de troisième période, avec Corey Perry, au détriment de Jesperi Kotkaniemi, tandis que Romanov n’y a presque plus droit même si le club connaissait du succès avec lui dans les deuxièmes vagues en début de saison.

Claude Julien avait la tâche délicate de développer les joyaux de l’organisation tout en remportant ses matchs. Un défi beaucoup plus complexe que celui de son homologue à Ottawa, D.J. Smith, pour qui les attentes sont nettement moins élevées.

L’entraîneur déchu du Canadien avait le réflexe (normal) de se rabattre sur ses vétérans dans les moments plus difficiles. Seule exception à la règle : Nick Suzuki.

Plus la saison avançait, plus il était permis de se demander si Kotkaniemi et Romanov, entre autres, joueraient davantage avec la crainte de commettre des erreurs que de provoquer de beaux jeux. Il est permis de se demander si la décision d’incorporer de nombreux jeunes à la formation était la sienne ou celle de la direction.

Dans un sondage artisanal réalisé mercredi sur Twitter, 47,5 % des lecteurs considèrent Jesperi Kotkaniemi comme le plus grand bénéficiaire de l’arrivée de Dominique Ducharme, suivi de Jonathan Drouin à 33,5 %, Alexander Romanov à 11,4 % et Tomas Tatar à 7,6 %. À midi jeudi, plus de 5600 internautes avaient répondu.

Quand on a demandé à Marc Bergevin mercredi si le départ de Claude Julien et l’arrivée de Dominique Ducharme étaient liées au développement des jeunes joueurs de l’organisation, sa réponse, malgré sa touche tout en diplomatie, ne laissait pas de doute. « La décision finale n'est pas basée là-dessus. Mais de plus en plus, on va amener des jeunes dans l'organisation, au sein de l'équipe. Oui, ç'a été considéré. »

À la lumière de ses premiers trios à l’entraînement matinal de jeudi, à Winnipeg, en prévision du match en soirée contre les Jets, Kotkaniemi a retrouvé Tyler Toffoli à sa gauche, et Corey Perry à sa droite. Le jeune homme ne crachera sans doute pas sur ce support offensif (surtout dans le cas de Toffoli), perdu il y a quelques matchs pour relancer Phillip Danault.

Ducharme est revenu aux trios originaux de Tatar-Danault-Gallagher et Drouin-Suzuki-Anderson, tandis que Lehkonen, Byron (au centre) et Joel Armia formaient le quatrième trio, au détriment de Jake Evans.

Absent de l'entraînement, Joel Edmundson jouera jeudi soir. Victor Mete devra donc attendre avant de réintégrer la formation.

Ducharme a dirigé Mete au Championnat mondial junior il y a quelques années. Voyons si la complicité entre les deux permettra à Mete de relancer sa carrière. Le coach avait été très élogieux à son endroit lors d’une interview réalisée en janvier 2018.

« Victor Mete a été un stabilisateur, m’avait confié Dominique Ducharme. C'est tellement un bon kid, sérieux, il n'est pas arrivé avec la grosse tête. On savait qu'il allait nous aider dans tous les aspects du jeu. Il n'a pas été comme Thomas Chabot l'année d'avant, mais il a stabilisé notre défense. Ça va devenir un top 4 dans la LNH, qui pourra jouer sur la deuxième vague en supériorité numérique et en infériorité numérique. »

Ducharme a aussi dirigé Jonathan Drouin pendant quelques saisons dans les rangs juniors à Halifax. Lors de cette même entrevue, en 2018, Dominique Ducharme, qui dirigeait les Voltigeurs de Drummondville, ne voyait Drouin ni au centre, ni à droite.

« Je ne sais pas s'il a joué beaucoup à droite. Il jouait toujours à l'aile gauche avec nous. J'aime que nos gauchers viennent se porter à droite en entrant en zone offensive. Il n'a pas le départ qu'il aurait souhaité, mais il apprend de ça. Jonathan est un jeune qui a besoin de temps pour s'adapter à un nouveau milieu. Il doit observer son environnement, s'acclimater avant de se sentir en confiance. Il a besoin de comprendre. C'est ce qui est arrivé avec nous. »

Son conseil à Claude Julien à l’époque ? « Jo a besoin d'être en possession de la rondelle pour être efficace. Dans le hockey d'aujourd'hui, est-ce idéal d'être en bas de zone [à titre de centre] pour avoir la rondelle? Tu vas la récupérer, mais tu dois la refiler tout de suite à l'ailier pour sortir. Tu ne sortiras pas avec. C'est pour cette raison que je le vois à l'aile davantage qu'au centre. »