(Ottawa) En Dominique Ducharme, le Canadien obtient le meilleur entraîneur qu’il était possible d’avoir dans l’immédiat.

En tous les cas, c’est l’opinion du gardien Zachary Fucale, qui a joué pour Ducharme dans les rangs du hockey junior québécois, avec les Mooseheads de Halifax.

« C’est le meilleur entraîneur-chef que j’ai eu de toute ma vie, a commenté le gardien de l’organisation des Capitals de Washington, en entrevue. Ce n’est rien contre les autres entraîneurs que j’ai connus, mais Dom est celui qui a eu le plus gros impact, la plus grande influence, celui qui m’a le plus appris. »

En quatre saisons à Halifax sous Ducharme, Fucale a côtoyé un entraîneur qui est aussi un enseignant passionné de son sport.

« Tout est dans sa perspective et dans sa manière d’expliquer les choses, a-t-il ajouté. Il sait utiliser les bons mots pour motiver un joueur à un moment précis de sa carrière. Il enseigne comment le hockey fonctionne de A à Z, pas juste l’aspect technique. C’est lui qui m’a transmis les plus importantes leçons lors de ma carrière, et ce sont des choses que j’utilise encore aujourd’hui. »

Comme par hasard, Ducharme dirigera son premier match à la barre du Canadien et dans la Ligue nationale ce jeudi soir à Winnipeg, et il se trouve que deux des membres des Jets, Nikolaj Ehlers et Pierre-Luc Dubois, ont déjà joué sous ses ordres, le premier dans les rangs juniors à Halifax, le second avec Équipe Canada junior.

« Tu veux que ton entraîneur te parle, mais tu veux aussi qu’il te crie après quand tu ne joues pas comme tu le devrais, a fait savoir Ehlers mercredi matin. Il est un peu des deux styles. Il vient de Montréal, c’est spécial pour lui, et je suis très content pour lui. C’est un bon gars…

« Il était très bon avec les joueurs à Halifax, pas seulement pour coacher une équipe de hockey sur la glace, mais hors glace aussi. Tu pouvais toujours aller lui parler. Pour moi, qui venais de l’Europe, j’étais loin de ma famille, je ne savais pas vraiment à quoi m’attendre. Mais il a facilité tout ça. Je parlais tout le temps à Dom, de hockey et de choses hors glace. Je me souviens qu’il était bon pour galvaniser les gars pour tous les matchs et pour les gros matchs. Il avait des attentes pour ses joueurs. »

Avec lui, tu savais exactement quoi faire. Je pense qu’ils seront très motivés aussi, et je le serai ; je ne veux pas perdre contre lui !

Nikolaj Ehlers, des Jets de Winnipeg

Dubois n’a connu Ducharme comme entraîneur que brièvement, lors du Mondial junior de 2016, mais il en garde tout de même un excellent souvenir.

« C’est un bon coach de système, a noté l’attaquant québécois. J’ai vraiment aimé travailler avec lui. On n’a pas travaillé longtemps ensemble, parce que c’était seulement le temps d’un tournoi, mais c’est une bonne personne, ce qui est important pour bâtir une relation. En tant que joueur de 18 ans, c’est beaucoup de pression, les Mondiaux de hockey junior. De l’avoir, ça m’a aidé à mieux me sentir, d’être plus en confiance. »

Il reste à voir si Ducharme, après avoir connu le succès dans les rangs juniors, pourra transposer ce succès derrière le banc du Canadien, et chez les professionnels.

« Ce n’est pas facile de faire ça, a admis Dubois. Pour un coach, c’est important que le message soit clair et précis, et que sa porte soit toujours ouverte. »

De son côté, Steve Hartley, entraîneur-chef des Voltigeurs de Drummondville, estime que Ducharme saura rapidement faire sa place chez les pros. Hartley a été adjoint de Ducharme pendant trois saisons avec les Mooseheads et deux autres saisons à Drummondville. Il connaît sans doute mieux que quiconque le nouveau pilote du Canadien.

« Il a grimpé les marches une à une pour arriver dans la LNH et là, il est prêt, estime-t-il. Pour lui, ça s’inscrit dans la suite logique des choses. Avec lui, les joueurs vont savoir de quoi il en retourne ; il n’y a pas de zone grise, son message va être très précis. Il est bon avec les joueurs, avec leur progression, et je m’attends aussi à ce qu’il obtienne du succès avec le Canadien. »

Communication

La communication est un élément qui revient systématiquement dans les témoignages des anciens protégés de Ducharme.

« Il est important pour un joueur de se sentir à l’aise avec ses coéquipiers, mais aussi avec ses entraîneurs. Même si c’est eux qui mettent en place le plan que nous devons exécuter, c’est rassurant de savoir que la communication est ouverte dans les deux sens », estime Dawson Mercer.

Cet espoir des Devils du New Jersey joue actuellement avec les Saguenéens de Chicoutimi, mais il a amorcé sa carrière dans la LHJMQ à Drummondville, sous les ordres de Ducharme.

En voilà un autre qui n’a « que du positif » à dire sur le Québécois. « Tout le monde achetait son système, le respectait. On sentait que ses décisions étaient les bonnes et on lui faisait confiance. »

Le défenseur Nicolas Beaudin, des Blackhawks de Chicago, a fait tout son stage junior à Drummondville. Il se souvient de Ducharme comme d’un « gars très exigeant, mais qui sait donner du lousse si tu réponds bien », mais aussi d’un entraîneur franc, ouvert, prêt à changer ses plans lorsque la situation l’exige.

« Il communique très bien avec ses joueurs, on savait toujours ce qu’il attendait de nous, explique le jeune homme au bout du fil. Certains entraîneurs vont s’entêter à rester dans leur propre système, mais lui n’a pas peur de s’ajuster en plein milieu d’un match si ça permet d’avoir plus de succès. »

« À mon année de repêchage [2017-2018], Dom a complètement changé ma saison, raconte encore Beaudin. Je me souviens, on était à Chicoutimi et on a eu une longue conversation au cours de laquelle il m’a expliqué pourquoi je ne pourrais jamais me rendre à la LNH si j’étais juste un défenseur offensif. » Le printemps suivant, les Blackhawks ont fait de lui un choix de premier tour, 27e au total.

Quant à Mercer, qui n’a joué qu’une saison à Drummondville avant que Ducharme n’obtienne un poste chez le Canadien, il continue tout de même de recevoir des messages textes de son ancien mentor à des moments charnières de sa jeune carrière – au repêchage ou au Mondial junior, par exemple. « C’est à mon tour de le féliciter ! » conclut-il.

Avec Guillaume Lefrançois, La Presse