Alors, est-ce que c’est dramatique ? Non, pas dans l’absolu.

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En fouillant un peu, on peut certes trouver des affaires plus dramatiques que ça dans la vie. La dernière pinte de lait qui est presque vide. Une voiture qui ne veut plus démarrer. Un album de Metallica, n’importe lequel, depuis les 20 dernières années. Tout cela est dramatique, à n’en point douter.

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Mais ceci ? Cette défaite de 3-0 face à des Oilers d’Edmonton en état de grâce, qui jouent quand même bien ces jours-ci ? Ce n’est pas dramatique. En revanche, cette défaite de jeudi soir au Centre Bell, celle de la veille au même endroit contre Toronto, les deux matchs du week-end contre les Sénateurs, tout cela est à tout le moins… inquiétant, peut-être ?

Oui, c’est le mot qu’on cherchait : inquiétant.

« Mais ce n’est pas inquiétant, a répondu Brendan Gallagher en fin de soirée. Dans une saison, ce genre de passage à vide, ça va arriver. Alors on va être capables de se replacer, c’est juste question de savoir quand ça va se faire. »

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Quand ? C’est bien là le problème. Dans une telle saison écourtée, contre des rivaux de division pendant les 56 matchs que ça va durer, les passages à vide ne peuvent pas traîner trop longtemps. Le Canadien en était jeudi à un deuxième match en autant de soirs, il est vrai, et ce n’est jamais facile dans ces conditions. Mais les Montréalais étaient tout de même chez eux, devant leurs bancs vides à eux, sur leur glace à eux.

En guise de comparaison, les Oilers en étaient à un quatrième match de suite sur la route, dans leurs valises. Pour aller avec cette fatigue, un des leurs, l’attaquant Jesse Puljujarvi, n’a même pas pu être du match, devant plutôt déclarer forfait en raison du protocole de la COVID-19 de la LNH. S’il y a une équipe qui aurait pu être éteinte, avec des jambes bien lourdes, c’est bien celle avec les chandails blancs.

Mais non. À part quelques rares exceptions, ce sont les Oilers qui ont passé la soirée à dicter le rythme, à imposer de la pression à l’adversaire, à décider de ce qui allait se passer, et puis on va se le dire, ça allait un peu vite pour les joueurs du CH, dont certains qui se sont pris de vilaines culbutes en essayant de suivre.

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Mike Smith et Nick Suzuki

Au fait, quelqu’un sait si Mike Smith a eu à prendre sa douche ? On est bien content pour le grand gardien des Oilers (il fait 6’5), qui a récolté un blanchissage dans une performance de 38 arrêts. Mais soyons sérieux : de ces 38 tirs, combien étaient vraiment dangereux ? « Trop de tirs depuis les côtés, pas assez de tirs de l’enclave », a noté l’entraîneur Claude Julien, avec raison.

Ce qui nous amène à l’attaque du Canadien, une force en janvier, une faiblesse en ce moment. Lors des 10 premiers matchs de la saison, le Canadien avait pu marquer au moins cinq buts par match en six occasions. Et puis voici que lors des quatre derniers matchs, le Canadien a dû se contenter de seulement six buts.

Inquiétant, disions-nous… Dans un passé pas si lointain, ce club avait bien du mal à marquer des buts. Cette fois, avec tous les changements qui ont été faits, ça ne devait plus être un problème. Mais ça l’est, encore et toujours.

Il faudra que ça change. Sinon, ça pourrait devenir dramatique bien assez vite.

En hausse, en baisse

En hausse

Jake Allen

Sans lui, ça aurait pu être encore pire. Il a réalisé 28 arrêts, dont plusieurs difficiles.

En baisse

Jesperi Kotkaniemi

Aucun point à ses quatre derniers matchs, et plusieurs décisions discutables lors du match de jeudi soir.

Le chiffre du match

5

Cinq des six derniers buts des Oilers ont été marqués par des défenseurs.

Dans le détail

Pas de protocole pour Byron

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Paul Byron

Il n’y a pas que la COVID-19 qui a suscité des interrogations jeudi. Paul Byron a quitté brièvement le match en deuxième période, lorsqu’il a été atteint à la tête par une rondelle tirée avec puissance par son coéquipier Joel Edmundson. Même s’il a semblé en douleur extrême, même s’il a eu du mal à se relever sur le coup, Byron n’a pas passé le protocole des commotions cérébrales. Quoi qu’il en soit, il n’a pas paru ralenti à son retour. On l’a notamment vu voler sur la patinoire en troisième période, sur une belle séquence en zone neutre. Byron tenait visiblement à assurer sa place dans la formation, 24 heures après avoir été laissé de côté. « Je ne joue pas à la hauteur de mes standards », a admis le petit ailier, après le match.

McDavid sur l’autoroute

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Connor McDavid

Connor McDavid a peut-être terminé le match avec une seule passe, mais si le Tricolore le laisse de nouveau patiner de la sorte lors des prochains duels face aux Oilers, il risque d’en subir davantage de conséquences. À de nombreuses reprises, McDavid a en effet réussi ce qu’il fait le mieux, soit prendre son élan dans son territoire et traverser la zone neutre à la vitesse d’une Williams-Renault en 1993. À cela s’ajoutent les quelques séquences lors desquelles il a manœuvré comme bon lui semblait en territoire offensif. Le numéro 97 a tout de même terminé sa soirée avec sept tirs au but. Avec une telle récolte, la loi des probabilités finira par jouer en sa faveur.

Test réussi pour Toffoli

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Tyler Toffoli (73) et Kailer Yamamoto (56)

Malgré une performance collective sans éclat du CH, quelques joueurs ont néanmoins réussi à se démarquer. C’est le cas de Tyler Toffoli, qui a semblé revigoré par sa nouvelle affectation, à la gauche de Phillip Danault et Brendan Gallagher. On a cru revoir par moments le Toffoli du début de saison. D’ailleurs seulement trois revirements provoqués ont été inscrits à la fiche du Canadien ; les trois ont été l’œuvre de Toffoli ! Une expérience à suivre… Dans l’intervalle, Tomas Tatar, qui a été relégué au sein du troisième trio, devra se poser des questions. Pour une quatrième fois dans les cinq derniers matchs, il a joué moins de 15 minutes. Un autre pour qui la dernière année de contrat ne se passe peut-être pas à son goût…

Ils ont dit

Les choses ne viennent pas aussi facilement dernièrement. Les équipes s’améliorent, mais on a un peu perdu notre synchronisme. La transition est moins bonne. Il y a aussi de la frustration dans notre jeu.

Claude Julien

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Claude Julien (derrière à gauche)

 Ils ont marqué un but chanceux, un autre en avantage numérique. Si t’enlèves ces deux buts-là, c’est un match d’un but. C’est une équipe qui patine bien, qui a mieux patiné que nous ce soir. Mais ce n’était pas notre pire match de la saison.

Ben Chiarot

Il faut être meilleurs devant le filet… trouver une façon de marquer des buts. La différence entre marquer et ne pas marquer dans cette ligue est si mince. Il faut simplifier notre jeu. C’est aussi simple que ça.

Brendan Gallagher

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Brendan Gallagher

C’était étrange, mais on était prêts pour ça. Ça peut arriver, on le sait tous. On a fait notre préparation habituelle pour une journée de match.

Jujhar Khaira

Mike Smith « L’équipe a fait du bon travail pour nous indiquer où on doit s’asseoir au dîner et dans l’autobus. L’équipe insiste sur les protocoles.

Mike Smith

On a juste mieux joué. Les deux premières fois qu’on les a affrontés, c’était tôt dans la saison, on essayait encore d’assembler notre équipe. Ce soir, on a davantage joué comme on en est capables.

L’entraîneur-chef des Oilers, Dave Tippett