On croyait, naïvement peut-être, que le Canadien allait faire partie des équipes désavantagées par cette nouvelle saison dans un nouveau format. Mais après presque deux semaines de jeu, il n’y a aucun désavantage, de toute évidence !

La cohésion de groupe, ou l’incontournable « chimie », comme on aime le dire dans le milieu, allait s’avérer un problème, pensait-on. Avec autant de nouveaux visages sur les chandails, ça allait prendre du temps, peut-être des semaines. La formation du Canadien, samedi soir à Vancouver, comprenait cinq nouveaux patineurs, des membres du club qui n’étaient pas là lors de la saison précédente.

Malgré cela, et suite à cette autre victoire face aux Canucks, le Canadien connaît son meilleur début de saison depuis 2016-17, avec une fiche de 4-0-2, et 10 points sur une possibilité de 12, tous des points obtenus sur des patinoires ennemies.

Les nouveaux, de toute évidence, se sentent très bien dans leur nouvel uniforme.

« J’ai préparé notre équipe pour un court camp, a expliqué Claude Julien samedi soir. Je n’étais pas inquiet. Je l’ai dit, je pensais qu’on avait une bonne équipe. Mais je ne vais pas commencer à dire à quel point je suis satisfait. On a eu 10 points sur 12, je suis content, mais on a des choses à améliorer. »

Probablement que l’entraîneur voit toujours ce qu’il y a à améliorer, en effet, mais pendant ce temps, les chiffres nous disent que le Canadien fonctionne à un rythme inespéré. Personne d’autre ne marque autant de buts (moyenne de 4,8 buts par match), et surtout, c’est tout le monde qui contribue.

Car la formation montréalaise mise sur sept joueurs qui ont récolté au moins un point par match, dont Tyler Toffoli, le meilleur marqueur de l’équipe avec une récolte de huit points, sacré lundi première étoile de la semaine dans la LNH. L’attaquant pourrait éclipser sa meilleure récolte à vie, lui qui avait réussi 58 points dans un calendrier normal de 82 matchs avec les Kings de Los Angeles en 2015-16.

Josh Anderson, auteur d’un seul but la saison dernière, a déjà trois buts à sa fiche. Joel Edmundson, après une première soirée difficile à Toronto, s’est bien replacé et affiche un différentiel de +8, le deuxième parmi les défenseurs du club. Alexander Romanov, à peine arrivé, a trois matchs de plus de 20 minutes de jeu depuis le début de la saison.

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Alexander Romanov

« Notre approche au camp, avec de la vidéo avant les entraînements, c’était de montrer ce qu’on voulait, d’être limpides sur quelles allaient être nos attentes, a ajouté Claude Julien samedi soir. On voulait s’assurer que tout le monde soit confortable, ce qui fait une bonne différence. Tous les jours, c’était quelque chose de nouveau. On voulait que les joueurs soient à leur aise. En parlant aux nouveaux, je sentais qu’ils étaient à l’aise. »

On peut ajouter Corey Perry à cette liste, qui a marqué à son premier match samedi soir, et on peut aussi ajouter le gardien réserviste Jake Allen, qui a non seulement remporté ses deux départs de la saison, mais qui se charge aussi de rappeler à un peu tout le monde que cette fois, la direction du club peut songer à accorder des pauses à Carey Price sans problème. Parce qu’enfin, il y a un second qui peut prendre le relais sans que ce soit une catastrophe.

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Jake Allen

C’est sans doute pour tout ça qu’au final, le directeur général Marc Bergevin a jugé qu’il était peut-être plus sage de passer son tour dans le dossier Pierre-Luc Dubois, avant même les considérations financières. En premier parce que les Blue Jackets de Columbus étaient très gourmands (le nom de Nick Suzuki est revenu souvent), et ensuite parce que, c’est bien connu, on ne touche pas à une formule gagnante, même si la présente saison est encore bien jeune.

Si le Canadien maintient ce rythme en attaque, il va conclure la présente saison avec un total de 269 buts. En guise de comparaison, rappelons que le club avait marqué 212 buts en 71 matchs la saison dernière…

« C’est ce qu’on avait espéré avec les acquisitions de tous les nouveaux joueurs, a ajouté Claude Julien samedi soir. En jouant aux deux jours, c’était important d’avoir plus d’équilibre et de profondeur. On a perdu un bon joueur en Armia (jeudi), et puis Perry arrive dans la formation et marque un gros but. »

Il est peut-être temps de ressortir nos vieilles blagues de défilé, et aussi nos références à 1993. Qui sait, ça pourrait bien servir.

Harvey-Pinard garde le moral

Les joueurs du Rocket de Laval ont repris l’entraînement sans trop savoir de quoi demain sera fait, et encore moins la semaine prochaine, mais Rafaël Harvey-Pinard garde le moral.

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Rafaël Harvey-Pinard

« J’espérais juste qu’on puisse avoir une saison, a expliqué le jeune attaquant en conférence vidéo lundi matin. Peu importe contre qui on va jouer des matchs ou peu importe le nombre de matchs, j’ai hâte que ça commence. »

Le problème, c’est que dans la Ligue américaine, il n’y a rien de certain. Lors d’une autre conférence vidéo lundi, Spencer Carberry, l’entraîneur des Bears de Hershey, a fait savoir qu’il ne s’attendait pas à ce qu’un champion de la Coupe Calder soit couronné cette saison.

Il y aurait donc une saison… mais pas de séries éliminatoires par la suite. Évidemment que les choses peuvent changer, par contre, et en attendant, la saison doit s’amorcer le 5 février. Une saison qui s’annonce déjà fort différente, on l’aura compris.

« C’est tout le monde qui doit se réinventer, a ajouté Harvey-Pinard. Je m’entraînais dans mon salon à Blainville avant de revenir ici avec l’équipe ! C’est différent et c’est un défi, mais c’est un beau défi. Ce sera un calendrier différent qui va aussi permettre de créer de grosses rivalités, ça va apporter de l’intensité, je pense. »

Et quel sera le défi principal des joueurs du Rocket, au juste ? Dans la LNH, le retour au jeu a tout de même donné lieu à du jeu dont la qualité était étonnante en partant…

« Pour tous les joueurs, je pense que c’est l’exécution qui est le plus gros défi, mais c’est aussi quelque chose qui revient vite… je pense qu’on va être prêts. »