La profondeur a été le thème de l’automne dans l’entourage du Canadien.

Avec les ajouts de Josh Anderson, Tyler Toffoli, Corey Perry et Michael Frolik à l’avant, de Joel Edmundson et Alexander Romanov en défense, ce sont carrément six patineurs de calibre de la LNH qui se sont greffés à l’équipe. Contre une seule perte : Max Domi.

De Montréal, tout ça est bien beau. Le Tricolore cartonne en ce début de saison. Paul Byron et Artturi Lehkonen jouent au sein du quatrième trio, les minutes sont réparties. Avec les blessures à Joel Armia et possiblement à Byron, le CH aura une autre occasion de montrer l’utilité de cette profondeur.

Mais la profondeur fait forcément des victimes. Vendredi marquait l’ouverture du camp du Rocket de Laval, et les deux joueurs choisis pour s’adresser aux médias étaient l’attaquant Alex Belzile et le défenseur Xavier Ouellet. Deux joueurs qui, l’été dernier, participaient aux séries de la LNH.

« Les saisons sont longues, beaucoup de choses peuvent arriver. Je sais que c’est un cliché. Mais je ne suis pas un moins bon joueur de hockey que je ne l’étais l’an passé. J’ai prouvé que je pouvais jouer dans la LNH. Mais ce sont des choses que je ne contrôle pas, a répondu Belzile, en visioconférence. Avec ce que j’ai fait dans la bulle à Toronto, j’ai montré que je mérite de jouer dans la LNH. Si j’ai un rappel, je serai prêt. »

Même son de cloche du côté d’Ouellet, capitaine du Rocket la saison dernière, qui a finalement disputé les 10 matchs du CH en séries. Déçu de la tournure des évènements ?

« Un petit peu, mais j’ai été informé qu’il y aurait beaucoup de mouvement. J’y vais une journée à la fois, je garde l’esprit ouvert et je reste prêt pour quoi que ce soit », a dit Ouellet.

Pas de lutte

On aurait pu comprendre nos deux intervenants d’exprimer de la frustration. Avec un camp du Canadien très court (10 jours), l’heure n’était pas aux expériences ni aux luttes pour un poste. Les dés étaient pipés, et il aurait fallu une blessure ou des contre-performances inquiétantes pour changer quoi que ce soit à la hiérarchie.

Ainsi, dans le premier match intraéquipe du camp, Ouellet se retrouvait en duo avec Victor Mete, son partenaire des dernières séries, mais lui aussi victime des arrivées de Romanov et d’Edmundson. Belzile, lui, formait un trio avec Joël Teasdale et Kevin Lynch, deux joueurs étiquetés Ligue américaine. C’était essentiellement le septième trio dans la hiérarchie de l’organisation.

Mais ce serait mal connaître Belzile que de penser qu’il est amer. Il faut dire qu’il n’en est pas à une épreuve près, lui qui a joué 168 matchs dans l’ECHL avant de pouvoir même s’établir dans la Ligue américaine à temps plein, à 26 ans.

C’est très positif d’avoir de la profondeur et ce ne sont pas toutes les organisations qui en ont autant. Les résultats parlent d’eux-mêmes. Je dois juste être prêt et contrôler ce que je peux contrôler.

Alex Belzile, attaquant du Rocket de Laval

À Laval ou avec les réservistes ?

Au total, 32 joueurs ont été conviés au camp du Rocket, qui se déroule au Centre Bell. Du lot, cinq ont joué pour le Tricolore la saison dernière : Belzile, Ouellet, Lukas Vejdemo, Jordan Weal et le gardien Cayden Primeau. Un sixième, Laurent Dauphin, venait d’être rappelé au moment où la pandémie a forcé l’interruption de la saison 2019-2020 dans la LNH.

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, ARCHIVES LA PRESSE

L’entraîneur-chef du Rocket de Laval, Joël Bouchard

Les prochains jours seront intéressants pour les attaquants du lot, soit Belzile, Weal, Dauphin et Vejdemo. Avec les situations médicales incertaines d’Armia et de Byron, il pourrait y avoir du mouvement pour des joueurs de cette trempe, afin de pourvoir les postes vacants au sein de l’équipe de réserve. En y étant promus, ces joueurs conserveraient les mêmes conditions salariales. Mais ils s’entraîneraient avec le grand club, et seraient forcément plus près de la LNH.

Et surtout, cela donnerait un semblant de certitude à leur avenir à court terme. Le camp du Rocket est peut-être lancé, mais on ignore encore quand aura lieu le premier match. La Ligue américaine a publié vendredi son calendrier, tout en précisant que celui des quatre équipes canadiennes viendra « à une date ultérieure ».

« Je ne suis pas quelqu’un avec qui il est dur de vivre dans la vie. Je vais aller où on me dit d’aller, a tout bonnement lancé Belzile.

« Aujourd’hui, je suis avec Laval. Sur la glace, j’essaie de garder un bon conditionnement pour être prêt pour un rappel. Ceux qui me connaissent savent que je ne me complique pas la vie, je garde ça simple. Je me répète, mais on est privilégiés de jouer au hockey en ce moment. On l’apprécie. »

C’est probablement un peu de ça que l’entraîneur-chef, Joël Bouchard, parlait quand il a souligné que Belzile avait une « super attitude ».

En bref

Un calendrier dépareillé

On le disait, le calendrier du Rocket n’a pas encore été dévoilé. Selon ce qu’il a été permis d’apprendre, les autorités de la santé publique de l’Ontario n’auraient pas encore donné le feu vert à la saison, mais les discussions vont bon train. L’horaire a toutefois été dévoilé pour les 24 équipes en territoire américain, et la saison sera particulière, car le nombre de matchs variera d’une équipe à l’autre. Ainsi, San Diego jouera le plus grand nombre de matchs (44), tandis que Hartford et Bridgeport n’en disputeront que 24. Pour le Rocket, il est actuellement question d’une campagne de 36 matchs, mais rien n’est coulé dans le béton. « On vit avec une pandémie, a rappelé Bouchard. Beaucoup de choses ne sont pas normales en ce moment. On n’aurait jamais pensé vivre un couvre-feu au Québec. On vit quelque chose de différent et notre but est de nous adapter. C’est normal que les informations sortent au compte-gouttes. »

De bons mots pour Jake Evans

Alex Belzile a passé les deux dernières saisons avec Jake Evans, tant à Laval que dans la bulle à Toronto, où les deux joueurs ont été compagnons de trio. Belzile a toujours eu une affection particulière pour Evans, et s’est réjoui pour le bon début de saison du nouveau centre de quatrième trio du CH. « La différence, c’est sa confiance. À ses débuts à Laval, quand il était confiant, il était dominant, a décrit Belzile. Parfois, il avait moins confiance, et c’est normal pour des jeunes. Il a travaillé fort, il a commencé en bas de l’échelle dans la Ligue américaine et il ne s’est jamais plaint. Je lui parle encore presque tous les jours. On commence à voir le vrai Jake Evans. »