(Calgary) Ce que Marie-Philip Poulin attend impatiemment plus que tout au camp d’entraînement de l’équipe féminine de hockey du Canada, c’est de prendre part à des exercices et de voir les visages de ses coéquipières.

Ça fait maintenant dix mois que les joueuses de l’équipe n’ont pas été réunies sur la glace.

Les dirigeants de Hockey Canada ont obtenu les exemptions nécessaires de la part de la santé publique de l’Alberta pour tenir un camp d’entraînement de 14 jours à Calgary pendant la pandémie de la COVID-19.

Poulin, la capitaine de la formation canadienne, s’est désespérément ennuyée de la compétition et de la camaraderie.

« Ç’a une grande signification. Ça fait longtemps que l’on attend », a affirmé la joueuse d’avant de 29 ans, originaire de Beauceville.

« Le simple fait d’être ici, en groupe à Calgary, de retourner sur la glace et rétablir les liens, ce sera magnifique », a-t-elle ajouté.

Toutes les joueuses et le personnel ont reçu l’ordre de se placer en isolement pendant sept jours et se soumettre à un test de dépistage du virus avant de prendre la direction de Calgary.

Des 47 athlètes invitées, 35 sont arrivées dimanche pour amorcer leur quarantaine dans leur chambre d’hôtel et se faire tester quatre fois en cinq jours.

À moins qu’il n’y ait eu des résultats positifs, les joueuses devaient commencer à patiner par groupe de trois, mardi, avant que les groupes ne grandissent jeudi. Trois matchs intraéquipe sont au programme.

« Ces femmes veulent seulement avoir l’occasion de compétitionner un peu les unes contre les autres. C’est l’un des éléments les plus importants que nous pourrons leur offrir à ce camp », a noté l’entraîneur-chef Troy Ryan.

« Ça leur apporte une sorte de retour à la normale. Bien que ça paraisse tout à fait différent, je pense que ça leur procure un peu d’espoir. »

Quant à la douzaine de joueuses invitées qui ne sont pas à Calgary, leur absence a été décrite par les termes « incapables de se présenter ». Ça peut vouloir dire qu’elles sont blessées, qu’elles ont des engagements universitaires ou qu’elles ont été exposées à la COVID-19.

Toutefois, elles participeront à des rencontres et activités virtuelles, a mentionné la directrice des équipes nationales féminines du Canada, Gina Kingsbury.

« Nous voyons tout le monde à l’écran. C’est juste que nous ne verrons pas tout le monde sur la patinoire », a ajouté Kingsbury.

Le dernier match international de l’équipe féminine de hockey du Canada remonte au 8 février 2020, dans le cadre d’une série de cinq matchs d’exhibition contre les États-Unis.

Lors d’un bref camp d’entraînement, tenu un peu plus tard en février à Toronto, les responsables de Hockey Canada ont apporté les dernières touches à l’équipe nationale en vue du Championnat du monde. Cependant, le tournoi qui devait avoir lieu en Nouvelle-Écosse a été annulé et reprogrammé du 7 au 17 avril 2021.

Incertitude et espoir

Le calendrier international des joueuses d’Équipe Canada durant les 23 mois qui ont suivi sa troisième place au Championnat du monde de 2019 en Finlande a été limité à sept rendez-vous contre ses grandes rivales des États-Unis.

La Coupe des Quatre nations de 2019, en Suède, a été annulée à la suite d’un litige entre l’équipe hôtesse et sa propre fédération.

Le hockey professionnel féminin avait entamé une transition lorsque la pandémie a commencé à sévir.

La majorité des membres de l’équipe canadienne sont liées à l’Association des joueuses de hockey professionnel féminin (AJHPF), qui n’a toujours pas annoncé la tenue de tournoi de démonstration cet hiver.

Ainsi, une tempête parfaite de circonstances a fait en sorte que les meilleures joueuses de hockey féminin au Canada sont en manque de matchs significatifs.

Les joueuses composant le bassin de l’équipe nationale s’entraînent dans des bulles à Montréal, Toronto et Calgary, avec des directives variables et des instructeurs spécialisés à l’emploi de Hockey Canada.

À Montréal, Poulin a eu la possibilité de s’entraîner au sein de groupes de trois joueuses, par moments, et parmi des groupes plus imposants, en d’autres occasions. Chaque fois qu’elles sautaient sur la glace, les joueuses devaient porter un masque.

« Ç’a été un peu difficile, a admis Poulin. Mais à chaque fois que nous avons eu une chance de sauter sur la glace en groupe, nous en avons profité et nous nous sommes vraiment motivées. »

Au-delà du camp, l’incertitude demeure quant à la tenue du Championnat du monde.

La gestion d’Équipe Canada junior et l’organisation du Championnat du monde de hockey junior, qui s’est terminé le 5 janvier à Edmonton, a ouvert la voie à ce camp d’entraînement, et pour la possible présentation du tournoi pendant une pandémie.

« J’entends de Hockey Canada que l’engagement est là. S’il y a un pays qui peut y arriver, c’est certainement nous et nous l’avons démontré avec le Championnat mondial junior », a déclaré Kingsbury.

« C’est une question de savoir à quel moment ça pourrait se faire dans l’année. J’ai confiance que ça va arriver au printemps. Ce pourrait être quelques semaines plus tard ou un mois plus tard », a-t-elle ajouté.