Le variant Omicron fait dérailler bien des choses dans la vie ces derniers temps, des restaurants aux activités sociales, et le monde du hockey n’y échappe pas. Parlez-en à Jan Mysak.

L’espoir du Canadien abordait le Championnat du monde junior dans un rôle enviable : celui de capitaine de la République tchèque. Il a finalement eu le temps de jouer deux matchs avant que le tournoi soit annulé en raison d’éclosions au sein des équipes.

Mysak doit sauter dans l’avion vendredi matin pour retrouver son club junior, les Bulldogs de Hamilton. Mais leur match prévu vendredi soir est annulé, en raison de cas de COVID-19 chez les Colts de Barrie.

C’est sans oublier le Tricolore, qui a ses propres enjeux – 12 joueurs de l’équipe sont inscrits au protocole régissant la COVID-19. Comme le CH compte aussi une flopée de blessés, Mysak est techniquement à deux attaquants absents près de pouvoir jouer ! Cam Hillis (escouade de réserve) et Jean-Sébastien Dea (Laval) sont les seuls avants en santé de l’organisation, avec un contrat de la LNH, qui ne jouaient pas jeudi soir contre les Hurricanes.

Alors, commence-t-il à regarder nerveusement son téléphone dans l’espoir de recevoir le plus improbable des rappels ?

« Non, je n’y pense pas vraiment, et je ne crois pas qu’ils vont me rappeler », confie franchement Mysak, en entrevue téléphonique. « Je pense qu’ils seront corrects. »

« Mais je regarde les matchs du Canadien à la télévision avec mes amis. Je surveille de plus près les gars avec qui j’ai joué avec le Rocket l’an dernier. Au dernier match, Rafaël Harvey-Pinard a marqué son premier but, et j’étais vraiment content pour lui ! C’est un bon gars et un bon coéquipier. »

Déçu pour les autres

C’est d’Edmonton que Mysak nous parle en ce jeudi midi, en attendant son vol du lendemain.

Le choix de deuxième tour du Canadien en 2020 est réaliste : il ne s’attendait pas à rester en Alberta jusqu’à la toute fin du Championnat du monde junior. Son équipe s’est dignement inclinée 6-3 devant le Canada, non sans avoir pris une avance de 3-1 en première période. Les Tchèques ont ensuite perdu 2-1 contre l’Allemagne, match dans lequel Mysak a inscrit l’unique but de son camp.

« Je pense qu’on aurait pu atteindre les quarts de finale », estime-t-il.

L’annulation du tournoi après seulement deux matchs l’a profondément déçu, même s’il se doutait bien de ce qui s’en venait. La République tchèque était l’un des pays avec au moins un cas positif dans ses rangs ; son match de mercredi, contre la Finlande, avait d’ailleurs été annulé quelques heures avant que le tournoi le soit.

« Je me lève toujours tôt les jours de match. Je m’étais levé tôt pour notre duel contre la Finlande. À 6 h, on a reçu un message nous avertissant qu’il y avait un test positif dans l’équipe et que le match était annulé. Je me disais que c’était hors de mon contrôle, mais que j’allais me préparer pour le lendemain contre l’Autriche. Après le lunch, on a été convoqués à une rencontre d’urgence. Notre directeur général nous a annoncé que le tournoi était terminé. C’était décevant pour tout le monde. C’était complètement silencieux, personne ne parlait. »

Mysak était déçu, mais il l’était encore plus pour ses coéquipiers, car il en était à son troisième mondial junior. Il a vécu l’édition 2021 à huis clos, mais surtout, celle de 2020, chez lui, en République tchèque.

« Honnêtement, j’ai été très chanceux de vivre le tournoi à la maison, souligne l’attaquant. L’aréna était plein, il y avait 12 000 spectateurs. C’était une belle expérience. L’an passé, on a joué devant des gradins vides. Je me sens mal pour ceux qui n’ont pas eu la chance de jouer devant des foules. C’est tellement beau, c’est différent. »

Suite incertaine

Théoriquement, la saison de Mysak se poursuivra donc dans la Ligue junior de l’Ontario (OHL). Pour l’heure, le circuit maintient ses activités, mais notons que son équivalent québécois – la LHJMQ – a suspendu les siennes jusqu’à la mi-janvier.

Mysak et les Bulldogs souhaiteront faire un bout de chemin en séries. Ils occupent le cinquième rang de l’OHL (sur 20 équipes) avec une fiche de,643 (16-8-4).

Comme avec les Tchèques, Mysak fait partie du groupe de leadership des Bulldogs, à titre d’assistant au capitaine, Colton Kammerer. Le jeune homme s’exprime dans un anglais adéquat, mais il est encore parfois hésitant. Maintenant qu’il a connu une expérience de capitaine auprès de ses compatriotes, il constate la différence entre le leadership dans sa langue maternelle et celui dans sa langue seconde.

« La culture et les mentalités sont différentes au Canada, la langue aussi, bien sûr. C’est plus facile pour moi de parler à mes coéquipiers tchèques, car je sais d’où ils viennent, par où ils sont passés, je connais leur culture. Mais c’est correct, j’essaie de rester moi-même à Hamilton. C’est la meilleure façon d’être un leader. »