Gary Bettman avait noté ne pas avoir eu le temps de reprendre son souffle au terme de la finale de la Coupe Stanley dans la bulle de la LNH à Edmonton en septembre 2020.

Bettman et son équipe ont dû développer les plans pour organiser la présentation d’une campagne la plus normale possible malgré la pandémie de COVID-19 et ses contraintes, dont les restrictions frontalières.

À ce chapitre, Bettman peut dire mission accomplie, alors que la saison 2021 s’est déroulée sans embuche majeure.

Mais le défi n’est pas terminé. La pandémie continue de faire des ravages aux quatre coins du continent et une nouvelle vague frappant la LNH a forcé les joueurs à annuler leur participation aux Jeux olympiques de Pékin en février 2022.

Obligé de gérer les activités de la ligue en temps de pandémie, Bettman a également dû limiter les dégâts entourant l’un des plus importants scandales de l’histoire de la LNH — l’affaire Brad Aldrich, chez les Blackhawks de Chicago.

Voici une rétrospective de l’année 2021 à travers la LNH.

Une ligue transformée

Afin de pouvoir présenter une saison, la LNH a dû se réinventer en 2021. En vertu des restrictions frontalières et afin de limiter les déplacements à travers le continent, la LNH a modifié ses quatre sections. Les sept équipes canadiennes ont notamment composé la nouvelle section Nord.

Si l’idée enchantait d’abord les amateurs, le fait que les équipes se sont affrontées neuf ou 10 fois lors d’une campagne de 56 matchs a vite fait place à la monotonie.

Malgré quelques éclosions de COVID-19 qui ont forcé la saison à se conclure un peu plus d’une semaine plus tard que prévu, la LNH a réussi sa mission de présenter avec succès une saison, puis des séries éliminatoires.

En fin de compte, le Lightning de Tampa Bay a défendu avec succès son titre de la Coupe Stanley acquis en 2020.

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Le Lightning de Tampa Bay a remporté la Coupe Stanley pour une deuxième année de suite.

Une nouvelle vague envahissante

La saison morte a été courte, après que le Lightning eut soulevé le précieux trophée, le 7 juillet.

Cependant, la LNH a pu retourner à ses vieilles sections, à une exception près. Les Coyotes de l’Arizona ont été déplacés dans la section Centrale pour faire une place au Kraken de Seattle, 32e équipe de la LNH, dans la section Pacifique.

Avec tous les joueurs du circuit adéquatement vaccinés sauf un, Tyler Bertuzzi des Red Wings de Detroit, la LNH espérait éviter de voir le calendrier être perturbé en 2021-22. Ça n’a pas été le cas.

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Tyler Bertuzzi (59) est le seul joueur de la LNH qui n’est pas adéquatement vacciné.

Des éclosions en novembre ont forcé la ligue à repousser trois matchs des Sénateurs d’Ottawa et deux des Islanders de New York. La situation a ensuite dégénéré rapidement en décembre, notamment quand le variant Omicron a commencé à se répandre au sein d’équipes.

Les Flames de Calgary se sont notamment retrouvés avec 19 joueurs à l’écart en raison du protocole lié à la COVID-19 et des équipes ont dû jouer avec des formations de moins de 18 joueurs. Le nombre de matchs remis a atteint la vingtaine le 17 décembre, avant de passer à 50, moins d’une semaine plus tard.

La pause de Noël a finalement commencé le 22 décembre, deux jours plus tôt que prévu. Tous les matchs impliquant une équipe canadienne et une équipe américaine ont notamment été remis.

En raison de tous ces matchs reportés, la LNH et l’Association des joueurs de la LNH n’ont pas eu d’autres choix que de se retirer des Jeux olympiques de Pékin, prévu du 4 au 20 février 2022. Il s’agissait de la seule façon possible de reprendre les rencontres remises sans repousser la fin de la campagne jusqu’en mai.

Les joueurs étaient déjà de moins en moins intéressés à se rendre à Pékin. Il y avait d’abord les risques d’attraper la COVID-19 lors des déplacements ou pendant le tournoi. Mais ce qui faisait particulièrement réfléchir les joueurs était la quarantaine pouvant aller de trois à cinq semaines si un joueur était infecté pendant son séjour en Chine.

Il reste à voir si la LNH a livré son dernier combat à la COVID-19 ou non alors que le niveau d’incertitude demeure élevé en prévision de la reprise des activités après Noël.

Des pas vers l’avant et vers l’arrière

Après s’être fait éclabousser par un scandale lié au racisme en 2019, puis avoir tardé à emboîter le pas des autres ligues nord-américaines avec le mouvement « Black Lives Matter » en 2020, la LNH a accueilli en 2021 son premier espoir ouvertement homosexuel, l’attaquant Luke Prokop, qui appartient aux Predators de Nashville.

Les Maple Leafs de Toronto ont promu l’ancienne étoile canadienne de hockey féminin Hayley Wickenheiser directrice senior du développement des joueurs et son ancienne coéquipière Danielle Goyette a été nommée directrice du développement des joueurs.

Le Kraken de Seattle a pour sa part fait ses débuts avec plusieurs femmes à des postes clés — notamment Cammi Granato comme recruteuse professionnelle et Alexandra Mandrycky en tant que directrice de la recherche et de la stratégie hockey.

Cependant, ces aspects positifs se sont retrouvés en arrière-plan en raison du scandale lié à des actions survenues en 2010 et impliquant l’ancien entraîneur vidéo des Blackhawks de Chicago Brad Aldrich et l’espoir Kyle Beach.

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Kyle Beach a été le premier choix des Blackhawks lors du repêchage de 2008.

En mai 2021, deux anciens joueurs des Blackhawks ont accusé Aldrich d’agressions sexuelles lors de la saison 2009-10. Un des deux joueurs, qui s’est révélé être Beach, a éventuellement intenté une poursuite contre les Blackhawks pour ne pas avoir fait le suivi nécessaire à la suite des incidents.

Une enquête indépendante a révélé que les membres de la direction des Blackhawks s’étaient réunis en mai 2010 pour discuter de la situation. Ils avaient décidé d’aborder le sujet après les séries, mais les Blackhawks ont éventuellement remporté la coupe Stanley et n’ont jamais reparlé de la situation.

À la suite du scandale, le directeur général et président des opérations hockey des Blackhawks, Stan Bowman, a démissionné le 26 octobre, tout comme le vice-président des opérations hockey Al MacIsaac. La LNH a imposé une amende de deux millions US aux Blackhawks. L’entraîneur-chef Joel Quenneville, qui était maintenant à la barre des Panthers de la Floride, a aussi démissionné après une rencontre après Gary Bettman.

Le propriétaire des Blackhawks, Rocky Wirtz, a fait biffer le nom d’Aldrich de la Coupe Stanley.

Le dossier s’est clos le 15 décembre avec une entente hors cour entre Beach et les Blackhawks. Les séquelles pourraient faire mal à l’image de la LNH pendant encore un bon moment, même si elle continue de faire de la diversité et de l’inclusion l’un de ses chevaux de bataille.