« Avant que vous ne le demandiez, Norlinder est sur la première vague… »

Ce tweet, publié en première période par le Rocket de Laval mercredi soir, n’est pas anodin.

À son premier passage dans la Ligue américaine, il y a quelques semaines, Mattias Norlinder, l’un des rares espoirs résolument offensifs du Canadien en défense, avait à peine été utilisé en pareilles circonstances.

On lui avait préféré deux vétérans devenus des joueurs de carrière dans la Ligue américaine, le capitaine Xavier Ouellet, 28 ans, et Louis Belpedio, 25 ans.

Mais les blessures, entres autres à Ouellet et Belpedio, et le rappel de Cory Schueneman à Montréal, ont un peu forcé le Rocket à lui donner un rôle prédominant.

Il fallait voir l’état d’exaltation du jeune homme de 21 ans en fin de deuxième période après avoir marqué son premier but dans la Ligue américaine d’un tir de la pointe… en supériorité numérique.

Il présentait déjà un jeu adéquat. Mais on a senti sa confiance grandir par la suite, non seulement par un jeu défensif solide, mais par un peu plus d’audace à l’attaque.

Et avec une mince avance d’un but à protéger, ce choix de troisième ronde du CH en 2019 a passé la dernière minute et 14 secondes sur la glace. Le Rocket l’a emporté 3-2 et Norlinder a obtenu la troisième étoile du match.

Jean-François Houle explique

L’entraîneur Jean-François Houle a rappelé jeudi matin avant le départ du Rocket pour Rochester. Il s’est défendu de ne pas avoir placé Norlinder dans des conditions gagnantes la première fois.

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L'entraîneur-chef du Rocket de Laval, Jean-François Houle.

« Les gens jugent rapidement, a-t-il confié au bout du fil. Norlinder revenait de blessure et on voulait d’abord voir ce qu’il pouvait faire dans la Ligue américaine. Quand tu places un joueur sur la première vague en supériorité numérique alors qu’il ne joue pas bien, ça envoie un mauvais message à ton équipe. Comme entraîneur, tu dois gérer ça aussi. Même lui disait qu’il ne jouait pas bien. »

Les circonstances étaient plus favorables cette fois. « Il y a de nombreux blessés et on n’a pas vraiment de défenseurs qui peuvent patrouiller la ligne bleue (en supériorité numérique) comme Norlinder est capable, mentionne le coach. C’était une décision facile de le mettre là et il a très bien fait. »

Jean-François Houle a vu sa confiance grandir au fil du match. « C’est le jour et la nuit avec ses trois premiers matchs. Il est beaucoup plus confiant. Il récupère la rondelle plus rapidement. Ses passes sont plus raides. Il a pris de bonnes décisions avec la rondelle. Tu vois le potentiel. C’est un espoir très haut pour l’organisation. »

Des propos atténués

Quelques heures plus tôt, après l’entraînement matinal, Mattias Norlinder a été cuisiné sur ses déclarations à un média suédois sur le fait qu’il attendait depuis un moment de rentrer dans son pays natal.

En vertu d’une entente avec la Suède, Norlinder devait en principe retourner au Frolunda HC, en première division (SEL), advenant son retrait de la formation du Canadien.

Or, cette obligation ne tient plus à compter du 1er décembre, d’où le renvoi du jeune homme dans la Ligue américaine cette semaine. Norlinder a juré mercredi matin, sans blâmer le journaliste, qu’il l'avait mal interprété et que son impatience était surtout liée au flou entourant son statut en début de saison.

« Je croyais que la clause de mon contrat prévoyait la LNH ou un retour en Suède, mais je réalise que je pourrais être ici également, a-t-il dit mercredi. On va voir ce qui arrivera. C’est bien d’être ici, mais je serais bien chez moi aussi. On verra bien. »

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Mattias Norlinder

Le jeune homme a joué avec enthousiasme mercredi soir à la Place Bell. Une excellente nouvelle en soi.

Si Norlinder tient à faire carrière dans la LNH, il doit rester en Amérique du Nord pour apprivoiser les patinoires à surfaces plus restreintes et le temps de réaction réduit en possession de la rondelle. Retrouver sa zone de confort en Suède pourrait retarder son développement, ou le saboter à jamais.

« D’après mes conversations avec lui, il veut s’améliorer, il veut jouer dans la Ligue nationale à temps plein un jour, c’est un bon kid, dit Jean-François Houle. Il va jouer ses trois matchs et après il prendra sa décision. J’ai été très ouvert : pour son développement, un défenseur de son calibre devrait jouer sur une petite glace en Amérique du Nord. L’organisation et son agent prendront une décision. C’est sûr et certain que je souhaite l’avoir à Laval, il peut nous aider et jouer de grosses minutes. Ça peut beaucoup aider son développement s’il reste ici. »

L’entraîneur du Rocket dit ne pas avoir reçu de nouvelles directives de la part de vice-président aux opérations hockey du CH, Jeff Gorton. « On s’est assis dans mon bureau 35, 40 minutes. On a parlé des joueurs dans l’organisation, mais de rien d’autre. Il était en mode écoute. Il évalue tout le monde, les joueurs, les coachs, on n’a pas parlé vraiment des jeunes et de développement. »

Parmi les nombreux espoirs du CH en défense, peu possèdent des instincts offensifs aussi développés. Alexander Romanov et Kaiden Guhle sont reconnus pour leur efficacité défensive, leur mobilité et leur robustesse. Jordan Harris, s’il s’entend avec l’équipe, est bon dans toutes les facettes du jeu, sans exceller offensivement. Jayden Struble et Gianni Fairbrother sont d’abord reconnus pour leur robustesse. On verra bien ce qu’il adviendra du premier choix de 2021, le droitier Logan Mailloux.

Jeff Gorton, a parlé de l’importance du développement au sein de l’organisation. En voilà un bel exemple…

Blasphème à Boston

PHOTO CHARLES KRUPA, ASSOCIATED PRESS

Patrice Bergeron

L’ancien dur à cuire et entraîneur des Bruins de Boston devenu analyste, Mike Milbury, a été le premier à oser. Il a suggéré aux Bruins d’échanger le capitaine Patrice Bergeron avant qu’il ne soit trop tard et procéder à une phase de rajeunissement.

L’idée n’est pas saugrenue puisque Bergeron aura 37 ans à la fin de la saison et que le noyau des Bruins ne rajeunit pas, mais une majorité de fans souhaitent voir le Québécois terminer sa carrière dans l’uniforme bostonnais.

À l’époque, les Flames de Calgary avaient trop attendu avant d’échanger leur capitaine Jarome Iginla. Le prix obtenu en retour de ses services, alors qu’il allait avoir 36 ans, avait baissé considérablement et la réinitialisation qui a suivi en a souffert.

Mais huit ans ont passé depuis cet échange et le contexte n’est plus le même. Les équipes sont davantage coincées par le plafond et la durabilité de certains joueurs se prolonge de nos jours.

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