C’était en troisième période jeudi. Impossible de dire si c’était audible à la télévision, mais dans les hauteurs du Centre Bell, ce l’était. Des partisans ont crié, deux fois plutôt qu’une, des « Patrick Roy ! Patrick Roy ! » pendant que le Tricolore subissait sa 19défaite en 25 matchs cette saison.

Il y avait de saprés beaux clins d’œil à l’histoire ici. Parce qu’en ce 2 décembre, cela faisait exactement 26 ans, jour pour jour, que Roy avait disputé son dernier match dans l’uniforme du Canadien.

Et on ignore si c’était voulu par l’infâme créateur du calendrier de la LNH, mais c’est l’ancienne équipe de Roy, celle à laquelle il a été cédé et pour laquelle il a été entraîneur, qui rendait visite au Tricolore. Toute est dans toute, aurait sans doute écrit Flaubert s’il était encore parmi nous.

Avant le match, Erik Johnson a été questionné sur les évocations de plus en plus nombreuses du nom de Roy à Montréal. Le défenseur de l’Avalanche était là pendant les trois saisons de l’ancien numéro 33 derrière le banc du Colorado.

Je l’ai adoré. Ça serait bien pour la ligue s’il revenait, peu importe dans quel rôle. J’ai vraiment aimé jouer pour lui, comme coach et comme personne.

Erik Johnson, à propos de Patrick Roy

Entraîneur-chef, DG ou adjoint

Avec sa fameuse déclaration de cette semaine – « Qu’est-ce qu’ils ont à perdre à m’essayer ? » –, Roy n’a pas exactement calmé le jeu. Sa candidature est déjà très clivante chez les partisans, et une telle déclaration en a rajouté. Depuis, Mario Tremblay et Guy Carbonneau, notamment, ont donné leur appui à Roy sur différentes tribunes.

PHOTO YAN DOUBLET, LE SOLEIL

Patrick Roy derrière le banc des Remparts de Québec, jeudi soir

Son agent, le Montréalais Neil Glasberg, rappelle toutefois que son client ne vise pas que Montréal dans sa tentative de revenir dans la Ligue nationale. « On est prêts à parler avec n’importe quelle équipe », rappelle-t-il, au bout du fil. Plus tard, il ajoutera que « Patrick est capable d’être directeur général, adjoint au directeur général ou entraîneur-chef ». Bref, on ouvre toutes les portes.

La démarche de Roy, et son côté public, n’ont toutefois rien de nouveau. En avril dernier, Glasberg avait carrément annoncé sur Twitter qu’il représentait désormais l’ancien gardien en vue d’un « retour dans la LNH comme entraîneur ou membre de la direction ».

Ce qui est nouveau, c’est évidemment le côté explosif du moment, maintenant que le Tricolore est à la recherche d’un DG pour épauler le nouveau vice-président aux opérations hockey, Jeff Gorton.

Une chose est évidente : Glasberg s’est dit déçu du fait que des clients qu’il représente n’ont pas été considérés pour le poste finalement offert à Gorton, sachant que la question linguistique n’était pas un critère d’embauche.

« J’avais Jim Rutherford pour ce poste, John Ferguson aussi, rappelle Glasberg. Rutherford a gagné trois Coupes Stanley et il est au Temple de la renommée. »

Glasberg a tout de même l’intention de traiter avec Gorton, car il dit « attendre des nouvelles » du nouveau VP au sujet de la candidature de Roy et de l’échéancier qu’il se donne pour réaliser son embauche.

Outre Roy, Daniel Brière, Mathieu Darche et Martin Madden fils sont notamment des noms qui sont souvent évoqués pour le poste de DG.

Brodeur : encore quelques années

Parlant du prochain directeur général, ceux qui gardaient l’espoir de voir Martin Brodeur débarquer à Montréal devront en faire leur deuil.

PHOTO OLIVIER JEAN, ARCHIVES LA PRESSE

Martin Brodeur, en avril 2015, lors de son intronisation au Temple de la renommée de la LHJMQ

Brodeur est aujourd’hui conseiller aux opérations hockey chez les Devils du New Jersey. Le légendaire gardien est un des Québécois qui possèdent un bagage intéressant en gestion. Il a aussi été directeur général adjoint à St. Louis et travaille dans l’administration depuis sa retraite, en 2015. Mais il ne se dit pas prêt pour un poste de DG.

C’est un gros engagement. Avant, je ne savais pas ce que c’était. Ensuite, j’ai été adjoint à St. Louis, j’ai vu ce que c’était.

Martin Brodeur, en entrevue avec La Presse, jeudi

Brodeur vit d’ailleurs toujours à St. Louis, mais passe plusieurs jours par mois au New Jersey. Son poste actuel lui permet un tel aménagement, mais il craint qu’un poste de DG ne l’empêche de vivre à plein sa vie familiale. « Je ne dis pas que je ne me ressaierai pas dans trois ou quatre ans, quand mon gars sera plus vieux. Mais avec mon gars qui a 12 ans, ce n’est pas quelque chose qui m’intéresse. »

Voilà qui a le mérite d’être clair.