Vers la fin de la troisième période, un chandail du Canadien a atterri sur la glace du Centre Bell, suivi d’une casquette.

Il y a un partisan, de toute évidence, qui en avait assez vu, et qui, sous le poids des défaites, de l’humiliation et de la honte en général, a décidé que ça commençait à bien faire. Quand la douleur est trop grande, jeter un chandail à 200 $, ça peut être thérapeutique, comme les meilleurs psychologues vous le diront.

Il n’y a plus qu’une seule question, maintenant : à quel moment les patrons du Canadien vont-ils eux aussi jeter l’éponge ?

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Nous ne sommes qu’au début du mois de décembre, mais voilà où on en est, mesdames, messieurs.

On pourrait faire remarquer qu’en ce jeudi soir tranquille au Centre Bell, le Canadien s’est somme toute bien battu, surtout le gardien Jake Allen, qui a effectué 30 arrêts, plusieurs très jolis. Mais au bout du compte, ce fut une défaite, une autre, cette fois par la marque de 4-1 face à l’Avalanche du Colorado.

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Jake Allen

C’est la 19défaite en 25 matchs cette saison.

« Je l’ai vu », a dit Nick Suzuki au sujet du maillot égaré qui s’est retrouvé sur la glace. « Ce n’est pas un bon sentiment pour les joueurs. C’est difficile aussi d’entendre des huées, mais les fans veulent voir des victoires… »

Pour ça, l’occasion était belle, puisque devant le filet de l’Avalanche se trouvait le gardien Jonas Johansson, un ex-choix de troisième tour des Sabres de Buffalo, qui est essentiellement un gardien des ligues mineures.

Le Canadien a répliqué avec un gros total de… 20 lancers.

« Nous avons beaucoup trop manqué de constance, a expliqué Ryan Poehling. Notre début de match s’est bien passé, mais après, il y a eu des hauts, des bas… Ce n’est pas ce qu’on doit faire dans un match comme celui-là. »

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Jonas Johansson, de l’Avalanche, s’étire pour immobiliser la rondelle en troisième période.

Maintenant, qu’est-ce que le Canadien peut faire ? On voit deux options, vraiment : vivre dans un monde de fantaisie et espérer encore une place en séries, ou bien se mettre tout de suite à penser à la prochaine saison.

Ça tombe bien, puisque Jeff Gorton, le nouveau VP des opérations hockey, doit rencontrer les membres des médias ce vendredi à Brossard.

Pour Dominique Ducharme, la suite des choses sera importante. Ducharme n’a pas le statut d’un vétéran derrière le banc, il n’est même pas en poste depuis un an. Évidemment qu’il veut diriger son club afin de récolter des victoires et de s’établir dans cette ligue, comme on l’a vu jeudi soir, entre autres avec Mattias Norlinder dans les gradins, et un autre jeune espoir, Cole Caufield, qui a été relégué à un rôle de soutien avec le quatrième trio.

Mais Ducharme pourrait bien se faire dire de laisser toute la place aux jeunes et de penser à leur développement… ce qui est fabuleux pour l’avenir du club, mais moins fabuleux pour la colonne des victoires et des défaites.

« Ce sera une décision de la direction, ce ne sera pas ma décision à moi, a-t-il commenté en fin de soirée. Ce n’est pas mon rôle à moi. Mais peu importe la direction que le club souhaite emprunter, je vais embarquer. »

C’est quand même incroyable : en juillet, cette équipe était en grande finale, et c’est la province en entier qui était derrière elle. L’avenir semblait reluisant.

Et puis voilà qu’en ce jeudi soir de début de décembre au Centre Bell, ce n’est pas le nom de Carey Price ou de Phillip Danault qui était scandé dans les hauteurs de l’aréna, mais bien le nom de… Patrick Roy.

Personne ne s’attendait à ça. Encore moins Dominique Ducharme.

En hausse : Alexander Romanov

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Alexander Romanov

Le jeune défenseur prend de plus en plus d’assurance et dérange l’adversaire avec son jeu physique. C’est bon signe.

En baisse : Cole Caufield

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Cole Caufield

Un petit tour sur le quatrième trio, et un rôle de spectateur bien passif sur le troisième but de l’Avalanche.

Le chiffre

2

Nombre de tirs du Canadien lors de cinq avantages numériques, en 8 min 29 s de jeu

Ils ont dit

On a des gars qui arrivent dans la formation, des gars qui doivent sortir de la formation en raison d’ennuis de santé ou à cause de la COVID-19… Notre équipe d’entraîneurs fait ce qu’elle peut afin d’essayer de trouver les bonnes combinaisons.

Nick Suzuki

On a lancé seulement 20 fois sur leur gardien… Nous n’avons pas été en mesure de lancer assez souvent.

Ryan Poehling

Je me suis fracturé le nez, mais j’ai quand même été en mesure de jouer… Je regarde les performances de notre équipe, et ce n’est pas comme si on a des gars qui jouent mal.

Alexander Romanov

C’est sûr qu’on n’a pas aimé notre performance avec un avantage d’un joueur… On leur a donné un but en désavantage numérique. Il faut faire mieux que ça dans cet aspect du jeu.

Dominique Ducharme

Je ne me concentre pas tellement sur les statistiques individuelles. Je veux surtout notre succès collectif, car je sais que si l’équipe connaît du succès, les joueurs vont en connaître individuellement.

Cale Makar

Je pense que notre équipe comprend très bien ce qu’elle doit faire des deux côtés de la rondelle pour gagner. C’est le plan que nous avons présenté à nos joueurs. Nous savons que nous pouvons générer de l’attaque, il suffit de faire le travail en défense.

Jared Bednar

Dans le détail

Plus trois, moins trois…

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Mathieu Perreault et Jonas Johansson

Jeudi matin, Dominique Ducharme a dit que son bilan médical était de « plus trois, moins deux ». Il faisait référence aux retours de Mathieu Perreault, de Brett Kulak et de Chris Wideman, et à l’absence de Sami Niku et de Brendan Gallagher, qui avaient alors eu un premier test positif à la COVID-19. Son bilan est finalement neutre. D’une part, Ducharme a confirmé que les deux joueurs infectés avaient reçu un deuxième résultat positif ; ils seront donc en isolement pendant 10 jours. D’autre part, Josh Anderson s’est blessé au haut du corps dans une collision avec le robuste Kurtis MacDermid, en deuxième période. Ducharme a annoncé une absence de deux à quatre semaines pour Anderson. Le gros ailier a semblé se blesser à l’épaule gauche. Si c’est le cas, il s’agit de l’épaule à laquelle il a été opéré en mars 2020. Laurent Dauphin a été rappelé de Laval.

Attachez votre tuque !

PHOTO DAVID KIROUAC, USA TODAY SPORTS

Cale Makar

Dans l’ensemble, le Canadien a réussi à limiter les dégâts face à l’incandescent Cale Makar, marchand de vitesse s’il en est un. On a toutefois vu assez rapidement l’importance des attaquants afin de l’empêcher de prendre son envol. En première période, Michael Pezzetta et Mathieu Perreault sont entrés en collision près de la ligne bleue offensive, au moment où Makar repartait avec la rondelle. L’ouverture ainsi créée lui a donc permis de décamper et de traverser la patinoire le temps de dire « Paul Coffey ». Sa montée a pris fin quand Alexander Romanov l’a mis en échec le long de la rampe, séquence sur laquelle le Russe s’est fracturé le nez. Makar a malgré tout trouvé le moyen d’inscrire son 10but de la saison, mais après le match, le jeune homme de 23 ans a confirmé que son coéquipier Gabriel Landeskog avait fait dévier la rondelle. Il n’est donc pas impossible que la LNH modifie le sommaire. Quoi qu’il en soit, s’il maintient le rythme, Makar pourrait devenir le deuxième défenseur des années 2000 à marquer 30 buts en une saison. L’autre ? Mike Green, en 2008-2009.

La grande éclosion ?

PHOTO RYAN REMIORZ, LA PRESSE CANADIENNE

Valeri Nichushkin (13) compte lors de la deuxième période du match.

C’était en décembre 2013. Un jeune Valeri Nichushkin, 18 ans, débarquait à Dallas en tant que 10choix au dernier repêchage. C’est là qu’un certain Jaromir Jagr, son coéquipier de l’époque, a lancé que, un jour, Nichushkin serait « le meilleur au monde ». Sa prophétie ne s’est pas exactement réalisée… Le Russe a amassé 34 points à sa première saison dans la LNH, et c’est encore son sommet personnel. Il s’est aussi exilé deux ans en KHL. Mais le Nichushkin de 2021 est impressionnant. Avec un but et une passe jeudi, le voici à 11 points en 11 matchs cette saison. Il a profité du travail acharné de son coéquipier Logan O’Connor pour marquer son but, mais du reste, il semblait être de toutes les occasions de son équipe. « Il crée des tonnes de chances, mais en général, il ne marque pas souvent sur ses occasions, a rappelé l’entraîneur-chef de l’Avalanche, Jared Bednar. Son habileté à défendre, à enlever des rondelles, à empêcher l’autre équipe de tirer est à un niveau élite. Il a commencé au sein du quatrième trio, a monté au troisième et, maintenant, au deuxième trio et il est un élément important de cette unité. »