Ça n’arrive pas toujours, mais il y a des moments où les conférences de presse de fin de soirée nous permettent d’apprendre des choses et de mieux comprendre ce qui est en train de se passer.

On a eu droit à l’un de ces moments, vendredi soir à Buffalo.

Après que Ben Chiarot eut passé en vitesse devant les médias avec un air désinvolte, Josh Anderson s’est assis dans la même chaise. L’attaquant n’était pas de super bonne humeur – le club venait de perdre 4-1 face aux Sabres –, et il a laissé échapper ces quelques mots qui ont parfaitement résumé la situation du Canadien en 2021-2022.

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Josh Anderson

« Les joueurs, on a tenu déjà plusieurs réunions cette saison, a-t-il expliqué. La saison passée, tous les gars connaissaient leur rôle. Tout le monde travaillait fort. On dirait que cette saison, souvent, c’est un seul trio par match qui fonctionne, peut-être deux. On n’a pas cette constance. C’est arrivé seulement quelques fois cette saison qu’on a eu les quatre trios qui se sont mis à fonctionner en même temps. »

Intéressant, n’est-ce pas ?

D’abord, il y a un commentaire sur le travail, qui n’est peut-être pas l’apanage de tous. Il y a, en effet, certains joueurs qui nous donnent l’impression de s’en foutre un peu certains soirs. Ce n’est jamais bon signe pour un coach, ça. Sauf que dans le futur immédiat, ce n’est pas le travail de Dominique Ducharme qui sera remis en question.

Pour trouver où ça cloche, et pourquoi la présente saison est presque déjà aux poubelles, il faut plutôt monter un peu plus haut dans l’échelle de la direction, et regarder en direction du directeur général Marc Bergevin. Car plusieurs de ses décisions peuvent servir à expliquer la présente situation, et les très modestes 6 victoires en 23 rencontres.

Ainsi, Anderson a abordé à Buffalo la question des rôles, et à notre humble avis, c’est à ce chapitre que la présente mouture du Canadien est affaiblie par rapport à la précédente.

Lors des séries de 2021, les quatre joueurs les plus importants du club ont été un gardien (Carey Price), un défenseur (Shea Weber) et deux attaquants (Phillip Danault et Corey Perry). Trois des quatre ne sont plus ici, et le dernier, Price, se fait toujours attendre pour des raisons de santé.

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Les absences de Carey Price et Corey Perry font mal au Tricolore.

Ces quatre départs ont entraîné une dégringolade dans la formation du Canadien.

Devant le filet, Jake Allen s’est retrouvé à devoir assumer un rôle de premier gardien, ce qu’il n’est plus capable de faire. En date de dimanche, son pourcentage d’arrêts (,902) lui conférait le 26rang à ce chapitre dans la LNH. Puisqu’il a fallu trouver un réserviste à Allen et puisque le repêchage n’a pas permis de préparer une relève à Price, le Canadien a dû se tourner vers le ballottage pour obtenir un autre gardien, Samuel Montembeault.

En défense, Weber n’a pas été remplacé, et son départ fait en sorte que Jeff Petry, soudainement aux prises avec de nouvelles responsabilités, est en voie de connaître sa pire saison, et de loin, depuis qu’il est membre du Canadien. Depuis toujours un défenseur au flair offensif, il n’a que 2 points cette saison, alors qu’il a obtenu un minimum de 40 points à chacune de ses quatre dernières saisons, incluant 42 points en 55 matchs la saison dernière. David Savard fait lui aussi partie de ceux qui doivent camper un rôle plus important, avec des résultats très mitigés.

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Sans Shea Weber dans l’alignement, Jeff Petry peine à assumer son rôle de premier défenseur.

En attaque, Corey Perry n’aura fait que passer, mais son leadership, sa hargne et son intensité manquent grandement au club. En ce qui concerne Phillip Danault, son départ sur le marché des joueurs autonomes risque de marquer à jamais le règne du directeur général Marc Bergevin. Que l’apport de Danault avec le Canadien ait été aussi bêtement sous-estimé demeure une énigme qui pourrait plomber l’équipe pendant encore quelques années. Et ce n’est pas Christian Dvorak qui va faire oublier le joueur québécois. Vraiment pas.

En juillet, à peine quelques semaines après la grande finale, Marc Bergevin avait offert cette mise en garde : « Avec l’attente des résultats de Carey [concernant sa blessure à un genou], avec la perte de Shea et l’avenir de notre ligne de centre, il y a beaucoup de points d’interrogation en ce moment. »

Bergevin avait prévu des jours pluvieux. Mais il n’avait certes pas prévu une telle tempête.