Le Canadien se réveille ce matin au 28e rang du classement général, mais plongerait au 31e et avant-dernier rang si l’on tenait compte du taux de victoire, puisqu’il a disputé plus de matchs que les Sénateurs d’Ottawa et le Kraken de Seattle.

Contrairement au souhait d’une majorité de fans, l’équipe a tenu un entraînement régulier vendredi avant-midi et Geoff Molson n’a pas convoqué les médias pour annoncer de grands changements.

Mais permettons-nous, à des fins de discussions, et peut-être aussi d’évasion, en cette période trouble, d’imaginer un scénario où le propriétaire de l’équipe annoncerait, justement, une période de grands changements.

Les reconstructions sont longues et loin d’être garanties. Plusieurs organisations tournent encore en rond cinq, dix ans après avoir entamé un virage jeunesse. Et le CH n’aurait sans doute jamais le courage de le faire. Mais amusons-nous quand même un peu…

Le Canadien cette saison

  • 31e pour le taux de victoires
  • 31e pour buts marqués en moyenne par match
  • 30e pour buts accordés en moyenne par match
  • 28e en supériorité numérique.
  • 29e en infériorité numérique.

Première étape ? Trouver un nouveau directeur général, qui n’aurait aucun sentiment d’attachement envers le noyau actuel et ne craindrait pas de prendre des décisions difficiles, et trouver un remplaçant qui s’amènerait avec une nouvelle garde rapprochée, pour les mêmes raisons que celle énumérée ci-haut.

Les hommes de hockey sont difficiles à trouver en pleine saison, en nommer un par intérim s’il le faut.

Le repêchage

Premier point encourageant dans un contexte de reconstruction : si la tendance se maintient, le Canadien bénéficiera d’un très haut choix au repêchage, entre le premier et le quatrième rang.

Si le repêchage avait lieu aujourd’hui, le CH aurait 12 % de chances de repêcher premier, 26 % de chances de repêcher parmi les deux premiers et 58 % des chances de repêcher dans le top trois. Malheureusement, par contre, il n’y a pas de Crosby, McDavid, Matthews ou MacKinnon dans la prochaine cuvée, même si les centres Shane Wright et Conor Geekie, les attaquants Juraj Slafkovsky et Ivan Miroshnichenko, et le défenseur David Jiricek en font quand même saliver plusieurs.

Le choix de première ronde obtenu en compensation pour Jesperi Kotkaniemi a été cédé aux Coyotes de l’Arizona, mais il se situera au moins en fin de première ronde (à moins que le CH n’effectue une remontée spectaculaire au classement et ne repêche après le dixième rang, auquel cas, les Coyotes recevraient le meilleur des deux choix).

Le Canadien détient un seul choix en deuxième ronde, mais trois au tour suivant, dont celui des Ducks dans un échange de choix de troisième ronde de 2021 à 2022, et celui des Hurricanes pour Kotkaniemi, qui s’ajoute au choix de première.

Accumuler les choix

Deuxième étape, accumuler d’autres choix ou des espoirs. Il faut dans un premier temps regarder à plus long terme et viser un créneau de succès favorable. Quand on reconstruit, il faut viser entre trois et cinq ans. Où en seront les joueurs actuels de l’équipe dans trois ans ?

À part Nick Suzuki, Cole Caufield, Kaiden Guhle, peut-être Alexander Romanov, personne ne devrait être à l’abri d’une révision de statut.

Le cas du défenseur Ben Chiarot, 30 ans, est facile à régler puisqu’il deviendra joueur autonome sans compensation à la fin de la saison. Selon plusieurs spécialistes de renom, le CH pourrait obtenir un choix de première ronde pour ce joueur de location.

Carey Price a 34 ans. Il en aura 37, 38 lorsque le Canadien, s’il optait pour une reconstruction, redeviendrait compétitif.

Seattle n’en a pas voulu à 10,5 millions par année pour encore cinq ans. Mais qui sait si un club de tête ne serait pas prêt à céder des actifs intéressants en retour à condition que Montréal soit prêt à absorber une part importante de son salaire ?

Mais il faut d’abord attendre son retour au jeu et voir si sa tête, et ses genoux, tiennent encore le coup. Après le départ de Price, s’en tenir à un duo composé de Jake Allen et le gardien d’avenir Cayden Primeau.

Qui cibler en attaque ?

Brendan Gallagher aura 30 ans en mai. Il constitue un formidable leader, mais il est déjà usé. Suzuki sera sans doute le prochain capitaine. Mais à 6,5 millions par saison pour les six prochaines années, il ne faudra pas s’attendre à obtenir la lune en retour, et même quelque chose en retour, à moins d’absorber une partie du salaire ici aussi.

Jonathan Drouin aura 27 ans au cours de l’hiver. Il sera joueur autonome sans compensation à la fin de la saison 2022-2023. Il disputera donc la dernière année de son contrat à un salaire annuel de 5,5 millions l’an prochain. Explorer des pistes d’échange avant qu’il ne soit trop tard est de mise.

Tyler Toffoli, 29 ans, pourrait rapporter davantage. Il a marqué à un rythme de 44 buts l’an dernier et son contrat n’est pas trop encombrant à 4,2 millions pour deux autres saisons après celle-ci.

Josh Anderson est un peu plus jeune à 27 ans et il amène une dimension intéressante à l’équipe.

Christian Dvorak ? Les Coyotes ne l’ont pas échangé dans un contexte de reconstruction pour rien même s’il a seulement 25 ans. Mais le CH peut-il récupérer au moins un choix de première ronde ? Avec 7 points, dont 2 buts, en 19 matchs, et une fiche de -16, sa valeur a déjà été plus élevée…

En défense, Jeff Petry est à quelques semaines de ses 34 ans. Il peut aider une équipe dans un contexte où il n’est pas le numéro un, mais quel club peut se donner le luxe d’acquérir un deuxième ou troisième défenseur à plus de six millions par saison ?

Pour le reste, accorder un temps d’utilisation maximal aux jeunes aspirants à un poste régulier, Caufield, Ylonen, Poehling, Norlinder, Romanov et compagnie et aussi, surtout, leur pardonner leurs erreurs.

Voici donc le portrait. Il ne s’agit donc pas d’échanger les trois quarts de l’équipe, vous l’aurez deviné, mais de cibler un noyau dur restreint autour duquel bâtir, et n’exclure aucun scénario avec les autres, de façon à accumuler des choix et/ou des espoirs, ou encore faire de la place au sein de la masse salariale pour obtenir des choix et/ou des espoirs des mains de clubs coincés par le plafond.

Vous pouvez vous réveiller maintenant. Et replonger dans la triste réalité actuelle. Il n’y aura pas de reconstruction à Montréal.

Un retour des Nordiques à Québec ?

Pour obtenir un club professionnel, il faut des propriétaires solides, et une forte volonté gouvernementale. Le premier ministre du Québec, François Legault, a révélé jeudi à RDS avoir parlé à Gary Bettman et projette des rencontres avec le commissaire de la LNH. Quelle nouvelle intéressante.

La suite promet d’être ardue, mais qui ne tente rien n’a rien…

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