(New York) Lors de notre passage à l’Université Northeastern, samedi, Jordan Harris nous expliquait pourquoi plusieurs joueurs universitaires – dont lui – étudient en administration des affaires.

« Il y a des joueurs qui aimeraient faire autre chose, étudier en sciences, par exemple. Mais les heures d’accès aux laboratoires entreraient trop souvent en conflit avec le hockey », racontait l’espoir du Canadien.

Visiblement, Devon Levi n’a pas reçu la note. Le Montréalais, gardien titulaire à Northeastern, étudie en sciences informatiques, un choix qui méduse encore son entraîneur des gardiens, Mike Condon. « C’est probablement le programme le plus difficile à Northeastern ! », lance Condon, un diplômé de Yale en sciences politiques.

« C’est quand même difficile. Ça demande beaucoup, beaucoup de temps, reconnaît Levi, dans une entrevue en français à La Presse. Je passe beaucoup de temps à l’aréna, donc je dois travailler fort à la maison. »

Levi est déjà confronté à un défi de taille sur la patinoire parce qu’il mesure « seulement » 6 pi, ce qui est considéré comme trop petit pour percer dans la LNH, selon certaines organisations. Pourquoi donc s’ajouter un défi sur les bancs d’école ?

« Je ne voulais pas m’inscrire à un programme simplement parce que c’était le plus facile. Je voulais faire quelque chose que j’aimais, même si c’est difficile, répond Levi. C’est pourquoi j’ai choisi les sciences informatiques. Mon père a beaucoup de connaissances sur le sujet. Il est en train de créer une entreprise qui utilise des concepts de sciences informatiques, d’intelligence artificielle et de génie logiciel. C’est pourquoi j’ai suivi sa trace. »

Son choix fait toutefois en sorte que Condon le surveille de près.

« Je me vois un peu en lui, parce que parfois, il en fait trop, ajoute Condon. Je veux être là pour lui faire comprendre quand travailler et quand récupérer. Il étudie dans un programme très difficile. C’est aussi un jeune de 19 ans dans une des plus belles villes au monde. Il doit avoir une bonne vie sociale. Je veux donc m’assurer qu’il ait un bel équilibre de vie. »

Un bon départ

La saison est encore jeune, mais Levi n’a pas raté sa rentrée dans les rangs universitaires. Il montre une fiche de 8-4-0. Son efficacité de ,943 lui vaut le quatrième rang des gardiens du réseau universitaire américain et il est septième pour la moyenne de buts accordés (1,58). Des statistiques impressionnantes pour un jeune homme de 19 ans.

Théoriquement, il est considéré comme un joueur de deuxième année, puisqu’il faisait partie des Huskies la saison dernière. Sauf que les circonstances lui ont fait rater la courte saison 2020-2021. Cette campagne s’était amorcée le 12 décembre. Levi était alors avec Équipe Canada junior en vue du Championnat du monde des moins de 20 ans. Et lors de ce tournoi, il s’est fracturé une côte, si bien qu’il a eu besoin d’une période de convalescence à son retour.

L’espoir des Sabres de Buffalo rattrape le temps perdu jusqu’ici. Il a disputé les 12 matchs de son équipe, et les deux autres gardiens de l’équipe n’ont toujours pas joué !

C’est vraiment bien de pouvoir jouer autant. L’an passé, j’ai peut-être joué huit matchs en tout, en comptant le camp d’entraînement et le Championnat du monde.

Devon Levi

Il sera maintenant intéressant de voir où son séjour universitaire le mènera. La vie lui a fait un cadeau en juillet dernier quand les Panthers de la Floride, qui comptent sur le très prometteur Spencer Knight, l’ont échangé aux Sabres dans la transaction de Sam Reinhart. Les Sabres ne comptent pas nécessairement de gardien d’avenir à l’heure actuelle. Ils fondaient beaucoup d’espoirs en Ukko-Pekka Luukkonen, mais à 22 ans, ce choix de deuxième tour en 2017 n’est toujours pas dominant dans la Ligue américaine.

Levi ne sait toujours pas combien de saisons il souhaite jouer à l’université. Mais Condon est prêt à travailler avec lui.

« Je pense qu’il a le potentiel pour atteindre la LNH. Je ne peux simplement pas prédire quand ça arrivera, note Condon. De toute façon, quand on travaille avec un jeune, on ne devrait jamais se demander s’il a une chance de jouer dans la LNH. On devrait plutôt se demander si ce jeune vaut la peine qu’on investisse du temps et des ressources pour son développement À mes yeux, il n’y a aucun doute qu’il remplit tous les critères. C’est un bon jeune, et j’adore travailler avec lui. »