Tous les gardiens rêvent de jouer le plus souvent possible, mais Jake Allen rêve peut-être de jouer un peu moins.

Allen n’aurait pu prévoir ce qui allait lui arriver, au moment où le Canadien l’a obtenu des Blues de St. Louis, en septembre 2020. Après tout, il s’amenait ici pour être le réserviste de Carey Price, point final. Avec un peu de chance, il allait peut-être disputer quelque chose comme 20 matchs par saison.

Comme les choses ont changé, n’est-ce pas ?

Price n’a pas mis les jambières une seule fois cette saison, et personne ne connaît la date de son retour. Pendant ce temps, c’est à Allen que revient tout le travail.

Enfin, presque tout ; il a disputé 12 des 14 matchs de son club cette saison. C’est un total de 696 minutes et 48 secondes passées devant le filet, et parmi les gardiens de la LNH, personne d’autre que lui n’a été plus souvent employé. Après lui, le plus occupé, Robin Lehner, des Golden Knights de Vegas, a passé 639 minutes et 41 secondes devant son filet.

Si ça continue, et à ce rythme, Allen prendrait donc part à environ 70 matchs cette saison. Dans le camp montréalais, le dernier homme masqué à avoir été si occupé est Price, qui s’était chargé d’une saison de 72 rencontres en 2010-2011.

Mais le Price de 2010-2011 avait 23 ans, tandis que le Allen du moment présent a 31 ans. Pourra-t-il tenir le coup comme ça encore bien longtemps ?

« Il faut savoir être à l’écoute de son corps, il faut savoir reconnaître les bons moments pour s’accorder un peu plus de repos, a-t-il répondu mercredi midi à Brossard. Je dois essayer de rester au sommet de ma forme le plus possible. C’est la situation dans laquelle je me trouve jusqu’à ce qu’on puisse retrouver Carey, et qu’on puisse revenir à une rotation normale. Mais c’est une belle occasion pour moi. »

Le gardien n’avait plus l’habitude d’une telle charge de travail. Dans son cas, il faut remonter à sa saison 2016-2017 chez les Blues pour lui retrouver un rythme aussi élevé, alors qu’il avait pris part à 61 rencontres. Ce Jake Allen là avait connu de très bons moments, avec un taux d’efficacité de ,915, mais celui-ci connaît parfois des soirées difficiles, comme celle de mardi soir.

« Au jour le jour »

Le problème, c’est qu’en attendant le retour de Price, l’entraîneur-chef Dominique Ducharme ne possède pas le luxe des choix multiples derrière Allen. On devine que s’il était prêt, le jeune Cayden Primeau, en qui la direction du club fonde de très grands espoirs, aurait amorcé la saison au Centre Bell, mais de toute évidence, Primeau n’est pas encore mûr pour la grande scène.

Pour pallier tout ça, le Canadien a obtenu Samuel Montembeault des Panthers de la Floride au ballottage en octobre, mais de toute évidence, le gardien québécois n’a pas su gagner la confiance de ses nouveaux patrons.

« On connaît l’expérience de Jake par rapport à l’expérience de Samuel, a répondu Ducharme. C’est certain que Samuel a moins d’expérience, et aussi, on est dans une situation où à chaque match, on a besoin d’une victoire. Il faut gérer ça au jour le jour. »

Avec tout ça, on peut bien se demander si le retour de Price sera plus important pour le Canadien que pour la formation canadienne en vue des prochains Jeux olympiques d’hiver. Quand Price sera enfin prêt, les chances du Canadien en vue d’une place en séries seront-elles encore vivantes ? Si la réponse à cette question est non, alors les matchs de Price devant le filet montréalais lui serviront en gros de camp d’entraînement en vue des Jeux.

En attendant, le Canadien se prépare à accueillir les Flames de Calgary, jeudi soir au Centre Bell.

« Il faut faire les choses simplement », a répété Allen mercredi. Mais ça, ça ne semble pas si simple que ça.

Les thérapeutes ont du boulot

Dominique Ducharme a eu besoin de marquer une petite pause et de réfléchir quand on lui a demandé de préciser la situation des joueurs blessés dans son club. C’est que cette liste s’allonge chaque jour. Ainsi, Cédric Paquette sera absent du jeu pour une dizaine de jours, Joel Edmundson « progresse » et Christian Dvorak devrait jouer jeudi. Dans le cas de Jonathan Drouin, atteint d’une rondelle à la tête le 2 novembre, il est toujours à l’écart du jeu. « On ne s’attend pas à ce qu’il soit en uniforme jeudi soir », a ajouté l’entraîneur-chef, qui a précisé que l’attaquant québécois était aux prises avec des maux de tête.

Norlinder est attendu

Mattias Norlinder, cédé récemment au Rocket de Laval à des fins de conditionnement, devrait être de retour au centre d’entraînement de Brossard jeudi matin. Le jeune défenseur de seulement 21 ans ne devrait pas affronter les Flames jeudi soir, mais Dominique Ducharme n’a certes pas fermé la porte à la possibilité qu’il puisse disputer son premier match avec le Canadien lors de la rencontre suivante, celle de samedi soir à Detroit. « On verra lequel de ces moments sera le plus opportun, a répondu l’entraîneur. Pour lui, les chances sont meilleures en vue de samedi. »