« Chaque matin, je me lève et j’ai hâte d’aller travailler. »

Elle a passé 16 ans au sein de l’équipe nationale. Remporté quatre médailles d’or olympiques et six en Championnats du monde. Décroché la Coupe Clarkson à quatre reprises avec les Stars et les Canadiennes de Montréal. Marqué le monde du hockey.

Caroline Ouellette a vécu le rêve sur la patinoire pendant de nombreuses années. Aujourd’hui, trois ans après sa retraite, elle l’expérimente dans son « emploi de rêve ».

À 42 ans, la Montréalaise occupe le poste d’entraîneuse-chef associée avec les Stingers de l’Université Concordia. La meilleure marqueuse de l’histoire de la Ligue canadienne de hockey féminin (LCHF) – dissoute en 2019 – a acquis au fil des années et de ses succès une précieuse expérience qu’elle se plaît maintenant à faire partager au quotidien.

« Pouvoir travailler avec pratiquement le meilleur niveau après l’équipe canadienne, sachant qu’on n’a pas de ligue professionnelle présentement, c’est vraiment un beau privilège, évoque-t-elle. […] Pour moi, c’est vraiment plus une passion que j’ai la chance d’enseigner, de transmettre. »

Avec les Stingers, Ouellette est l’associée de Julie Chu, sa conjointe. Elles sont mamans de deux petites filles en bas âge, Liv et Tessa. C’est donc dire qu’elles passent le plus clair de leur temps ensemble.

PHOTO BRIANNA THICKE, FOURNIE PAR L’UNIVERSITÉ CONCORDIA

Julie Chu

Alors, c’est comment, travailler avec Julie en plus de partager son quotidien à la maison ? lui a-t-on demandé le 3 novembre, à l’occasion du 30e Gala d’intronisation du Temple de la renommée du Panthéon des sports du Québec, lors duquel elle faisait partie des cinq sportifs immortalisés.

Elle rit avant de répondre : « Ce n’est pas différent de jouer ensemble. On s’entend super bien. On se chicane à l’occasion. Mais c’est de respecter qu’on va avoir des opinions différentes. Au final, on oublie et on avance pour le bien de l’équipe. »

La mission d’une vie

En septembre, le Lightning de Tampa Bay a invité Chu à prendre part à son camp d’entraînement comme entraîneuse. La native de Bridgeport, aux États-Unis, a été impliquée dans les rencontres d’équipe. Elle a pu observer et apporter sa propre expérience.

« C’est vraiment un bel honneur pour elle, indique Ouellette à ce sujet. Julien BriseBois [le directeur général du Lightning] est d’ailleurs un ancien de l’Université Concordia. Il soutient notre équipe de hockey avec des bourses pour nos étudiantes-athlètes depuis quelques années. D’avoir offert cette occasion-là à Julie… Elle avait super hâte d’aller apprendre des meilleurs entraîneurs, d’une organisation qui a eu autant de succès.

« Elle a beaucoup appris, elle s’est sentie écoutée, respectée, challengée, poursuit-elle. Ç’a été une belle expérience professionnelle. »

Ouellette recevra-t-elle un jour une proposition similaire du Canadien de Montréal ?

On ne sait jamais. C’est sûr que le Canadien de Montréal, c’est l’équipe de mon enfance. C’est l’équipe que je suis toujours passionnément.

Caroline Ouellette

Mais, en réalité, le projet qu’elle caresse est tout autre.

« Ce que j’aimerais au plus haut point, c’est d’avoir une équipe féminine professionnelle qui s’appelle les Canadiennes de Montréal, et de pouvoir travailler avec les meilleures athlètes féminines de mon sport parce qu’il y a tellement de gens qui m’ont tellement apporté, tellement donné. J’aimerais faire la même chose pour la prochaine génération. »

C’est un peu la « mission d’une vie », dit-elle.

« On sait qu’il y a tellement d’hommes qui peuvent y aspirer, y rêver, dans tellement de ligues différentes, tandis que nous, on n’en a pas une qui est viable », déplore-t-elle.

Cette année, Ouellette relance la Célébration hockey féminin, un évènement pour les jeunes hockeyeuses de 5 à 12 ans. Au menu : un tournoi et des séances de photos et d’autographes avec des olympiennes comme Marie-Philip Poulin, Kim St-Pierre et Mélodie Daoust. L’évènement aura lieu du 16 au 19 décembre.

« Il y a beaucoup de jeunes filles au Québec qui n’ont pas joué au hockey pendant plus d’un an, donc de pouvoir les rattacher au sport, leur permettre de rêver, c’est hyper important », fait-elle valoir.