Le nouveau directeur général de Hockey Québec, Jocelyn Thibault, a du pain sur la planche, et il le sait. Son principal objectif ? Un changement de culture et de ton au sein du hockey mineur québécois.

Jocelyn Thibault entrait officiellement en poste à titre de directeur général de Hockey Québec, lundi matin. Il succède à Paul Ménard, qui était là depuis 2016.

L’ancien gardien de but de la LNH s’est adressé aux médias pour la première fois, lundi après-midi, au Complexe Bell de Brossard.

Rapidement, il a abordé les nombreux défis auxquels il fera face dans son nouveau rôle. Il ne prétend pas avoir réponse à tout, mais sa priorité est de « changer le ton du hockey mineur, changer l’ambiance ».

« On l’a vu récemment : on perd des joueurs, des joueuses, des arbitres. Le mandat que je me donne à la fédération, c’est de ramener nos jeunes sur les patinoires, de ramener le plaisir, de repenser le développement de nos joueurs et de nos joueuses et de faire entrer le hockey dans une ère moderne. Il faut se projeter dans cinq, dix ans. Qu’est-ce que les familles veulent ? Qu’est-ce que les jeunes joueurs et joueuses veulent ? »

Je ne veux plus jamais qu’un arbitre ne vienne pas arbitrer parce qu’il s’est fait dire des bêtises ou qu’un entraîneur lâche sa fonction parce qu’il reçoit 14 000 courriels de bêtises. Il faut changer de ton, aujourd’hui, immédiatement. Il faut vraiment regarder le sport avec une autre paire de lunettes, ramener le plaisir.

Jocelyn Thibault, directeur général de Hockey Québec

Le nouveau directeur général a également insisté sur l’importance d’y aller une étape à la fois. De prendre son temps. D’analyser, de comprendre et de mesurer l’ampleur des défis. Le travail à faire en est un « de fond ».

« Je ne changerai pas ça tout seul, a-t-il prévenu. […] Je ne suis pas ici pour dire que le 4 décembre, on va y être. Ça va être un travail de fond qui va prendre quelques années. Mais si on ne se dit pas une journée : OK, c’est assez… Ça va perdurer. »

L’ancien directeur général du Phoenix de Sherbrooke, qui traîne avec lui un gros bagage d’expérience, semble motivé par cette nouvelle étape de sa carrière. Alors que ses trois filles n’habitent plus à la maison, il se sent fin prêt à s’attaquer à ce défi.

« C’est un grand honneur pour moi d’être ici, a-t-il dit. C’est une grande journée pour moi et pour ma famille, évidemment. C’est un gros engagement pour moi de participer à cette aventure-là, au déploiement et à la mise en œuvre du hockey ici au Québec. »

« Je voulais m’assurer d’arriver dans ce rôle-là dans des conditions gagnantes et de sentir l’appui du conseil d’administration dans les idées que je voulais amener, les choses que je voulais apporter », a-t-il ajouté.

Quantité contre qualité

C’est bien connu, le nombre d’inscriptions au hockey mineur au Québec diminue d’année en année. Jocelyn Thibault souhaite, avec sa nouvelle équipe, mettre en place des stratégies pour raviver l’intérêt des jeunes et des familles pour le hockey. Questionné à savoir s’il comptait donner la priorité à la quantité des joueurs ou à leur qualité, le nouveau directeur général a soutenu qu’« un n’empêche pas l’autre ».

« Je veux plus de joueurs, et je veux de meilleurs joueurs et joueuses, a-t-il indiqué. […] On veut que [le nombre d’inscriptions] augmente. Par le fait même, on aimerait placer plus de joueurs et joueuses sur les équipes nationales et professionnelles. Un ne va pas sans l’autre.

« C’est le grand paradoxe du sport : si tu mets trop d’emphase sur l’objectif, tu oublies le processus. Moi, le processus, c’est ce qui est le plus important. Si on a un bon processus, qu’on développe nos jeunes comme il faut, on aura plus de joueurs et joueuses parce que ce sera plus intéressant. S’il y en a plus qui jouent, on a plus de chances d’en amener vers les équipes nationales. »

L’homme de 46 ans souhaite répondre aux besoins actuels des familles et ramener le plaisir de jouer chez les jeunes, pour faire en sorte que ceux-ci aient envie de poursuivre leur développement dans le hockey.

« Ce que je ne veux pas, c’est un joueur qui se fait couper du pee-wee AAA à 11 ans ou à 12 ans et qui pense que sa vie est finie. C’est un sport à développement tardif. Il y a un crescendo à prévoir. »

Il a aussi indiqué vouloir mieux outiller les associations de hockey mineur de la province, qui sont en communication directe avec les parents.

En équipe

En décembre 2020, une enquête de Radio-Canada mettait en lumière un climat de travail toxique dans les bureaux de la fédération sportive, dans l’arrondissement d’Anjou, à Montréal. On y rapportait d’ailleurs le départ de nombreux employés en peu de temps. Une démarche de médiation auprès du ministère du Travail a depuis été mise en place.

Jocelyn Thibault a indiqué avoir rencontré ses nouveaux employés à son entrée en poste, lundi matin. Il a apprécié leur dynamisme et leur volonté de mettre l’épaule à la roue pour apporter des changements au sein du hockey mineur.

« Je souhaite que travailler pour Hockey Québec, ce soit un élément de fierté, a-t-il souligné. Moi, je suis fier de m’impliquer auprès de la fédération, d’avoir une influence, un impact au sein de la fédération de notre sport national. Je souhaite qu’ils retrouvent cette flamme-là.

« L’autre élément, c’est de valoriser leur expertise, a-t-il poursuivi. Je suis un peu le leader de cette organisation, mais on a un bon staff et je veux que les employés soient impliqués, valorisés et qu’ils fassent partie de la discussion. »

Ultimement, l’objectif du nouveau DG est de rassembler la communauté du hockey pour que la fédération « soit une référence dans le monde ».

« Je veux qu’on soit fier de notre hockey ici. Au-delà de tout », a-t-il conclu.