Le monde du hockey change. Et il change pour le mieux. L’entraîneur de la meilleure équipe au classement de la Ligue nationale de hockey vient de perdre son poste dans la foulée du scandale sexuel survenu à Chicago en 2010.

Il y a cinq, dix ans, les autorités de la LNH auraient peut-être usé de mille prétextes pour fermer les yeux : Joel Quenneville ne travaille plus pour les Blackhawks ; les événements sont survenus il y a 11 ans ; il était au courant, mais avait-il le dernier mot ? Va-t-on punir les Panthers de la Floride dans leur montée en puissance pour le grossier manque de jugement d’une autre organisation dans l’autre décennie ?

Mais nous sommes en 2021, les tabous tombent, même dans un milieu comme le hockey, et l’être humain a repris ses droits sur le hockeyeur, entre autres grâce aux réseaux sociaux.

Quenneville, deuxième dans l’histoire de la LNH au chapitre des victoires derrière Scotty Bowman, est le deuxième après Stan Bowman à tomber dans cette affaire, à la suite d’une rencontre avec le commissaire Gary Bettman.

Et le président des Panthers, Matthew Caldwell, au lieu de s’en désoler, a songé à la victime avant de penser à son équipe.

« La conduite (des personnes impliquées) décrite dans le rapport d’enquête soumis par Jenner & Block est troublante et inexcusable et va à l’encontre de nos valeurs comme organisation. Personne ne devrait subir ce que Kyle Beach a vécu. On l’a laissé tomber. Nous saluons ici son courage et sa bravoure dans sa sortie publique. Après une rencontre avec le commissaire Bettman dans les bureaux de la LNH, Joel a remis sa démission et nous l’avons acceptée. »

Le DG des Jets de Winnipeg, Kevin Cheveldayoff, ancien adjoint de Stan Bowman à Chicago lorsque l’affaire a éclaté, a été plus chanceux. Gary Bettman a jugé que son plus bas niveau hiérarchique à ce moment devait être pris en considération.

À dix jours d’intervalle en novembre 2019, deux entraîneurs réputés, Bill Peters et Mike Babcock, ont été emportés pour des raisons qui ne touchaient pas les performances de leurs équipes respectives.

L’ancien joueur de Bill Peters, Akim Aliu, de descendance nigérienne, a accusé Peters de l’avoir couvert d’injures raciales à l’époque où il jouait sous ses ordres à Rockford, dans la Ligue américaine, en 2009-2010. Ironiquement, Kyle Beach, la victime dans le scandale à Chicago, s’est retrouvé lui aussi à Rockford, avec Aliu et Peters, avant d’être rappelé par les Blackhawks pendant ces fameuses séries. On a fait enquête et Peters a perdu son poste chez les Flames de Calgary.

Les Maple Leafs n’avaient pas une très belle fiche lorsqu’ils ont congédié Babcock. Mais on lui aurait sans doute donné une autre chance, n’eût été son style à la limite tortionnaire et ses méthodes à l’ancienne. Méthodes qui ont été dénoncées par plusieurs anciens joueurs.

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Mike Babcock

Les Leafs lui ont indiqué la porte quatre ans après qu’ils en eurent fait l’entraîneur le mieux payé de l’histoire avec un contrat de huit ans pour 50 millions.

Parlant de tabous déboulonnés, les joueurs hésitent de moins en moins à évoquer leurs problèmes de santé mentale.

Jonathan Drouin et Kyle Okposo l’ont fait dans la dernière année et ils ont tous deux retrouvé l’élan des beaux jours en ce début de saison. On a salué leur courage au lieu de les clouer au pilori comme on aurait pu le faire dans les décennies précédentes. Plusieurs admettent aussi leurs problèmes de dépendance.

Après avoir statué sur le cas de Kevin Cheveldayoff, il restera le cas de Brad Aldrich à régler. Les Blackhawks ont écrit une lettre au Temple de la Renommée vendredi matin en demandant qu’on efface à jamais le nom d’Aldrich sur la Coupe Stanley.

Marc Bergevin ne s’en plaindra pas. Le nom du DG du Canadien, exonéré de tout blâme dans cette affaire même s’il travaillait pour Chicago à l’époque, se trouve directement à la droite de celui du prédateur…

L’exploit du jour

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Frederik Andersen (31)

Frederik Andersen a blanchi les Bruins de Boston jeudi soir, et les Hurricanes de la Caroline ont remporté un sixième match consécutif. Ils sont invaincus en six matchs, ont marqué 25 buts et en ont accordé seulement huit. Andersen ne s’ennuie sans doute pas des Leafs. Il a une fiche de 6-0, une moyenne de 1,33 et un taux d’arrêts de ,956. Jesperi Kotkaniemi a deux points en six matchs.

La citation du jour

Ce n’était pas seulement la décision d’un seul homme. Ils étaient plusieurs, et je ne comprends pas qu’un seul d’entre eux ne se soit pas levé pour dénoncer l’inacceptable. C’est une agression sexuelle et ça jette de l’ombre sur notre sport. Et si ça avait été votre fils de 20 ans, comment auriez-vous agi ?

L’ancien entraîneur John Tortorella a dénoncé avec aplomb et justesse jeudi l’inaction des membres de la direction des Blackhawks dans le dossier Kyle Beach.

Le chiffre du jour : 35

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Les Coyotes de l’Arizona ont accordé 35 buts en sept matchs jusqu’ici. Ils en ont cédé cinq autres au Lightning jeudi. Seul club sans victoire avec les Blackhawks, les Coyotes ont accordé moins de cinq buts dans un match seulement deux fois. Pas facile reconstruire…

À lire

1- Jake Allen a brillé jeudi soir à San Jose et le Canadien a remporté une rare, mais apaisante, victoire. L’analyse de Simon-Olivier Lorange.

2- Phillip Danault joue désormais dans l'ombre à Los Angeles. Un reportage de Guillaume Lefrançois, sur place en Californie.

3-Autre bel hommage mérité pour Guy Lafleur, la LHJMQ a retiré le numéro 4 qu’il portait avec les Remparts. Un texte de Mikaël Lalancette.