On comprend encore mieux aujourd’hui à quel point le développement d’un jeune joueur de premier plan dépend d’une foule de choses.

Il y a le talent, évidemment, la force de caractère du jeune homme, le système de développement de l’organisation, les blessures, le timing, etc.

Et, dans les cas les plus extrêmes, une agression sexuelle par le responsable de la vidéo de l’équipe, à 20 ans…

Kyle Beach a fait une courageuse et poignante sortie publique mercredi. Il a révélé être «John Doe», l’athlète derrière la poursuite contre les Blackhawks de Chicago.

Beach a été repêché au 11e rang de la première ronde en 2008. C’était une cuvée riche. Elle comportait Steven Stamkos, Drew Doughty, Alex Pietrangelo, Zach Bogosian, Josh Bailey.

On considérait le jeune homme comme un ailier de puissance, à 6 pieds 3 pouces et 200 livres. Beach avait marqué 27 buts et obtenu 60 points, avec 222 minutes de punitions à Everett, dans la Ligue junior de l’Ouest.

Les Blackhawks avaient repêché un centre, Jonathan Toews, au quatrième rang en 2006 et Patrick Kane, un ailier de petite taille hautement dynamique, au premier rang en 2007. Beach allait les compléter à merveille.

« Le meilleur, pur attaquant de puissance de cette cuvée, qui peut se comparer à Claude Lemieux et Owen Nolan, écrivait un analyste à l’aube du repêchage. Il peut tout faire, marquer, frapper et se battre au besoin. »

Beach a rejoint les IceHogs de Rockford, club-école des Hawks dans la Ligue américaine, à la fin de son stage junior en avril 2010. Il venait de marquer 52 buts et d’amasser 86 points en 68 matchs à Spokane.

Rockford a été balayé en quatre matchs dès la première ronde éliminatoire malgré trois buts du jeune homme de 20 ans (les IceHogs en ont marqué cinq, incluant les trois de Beach).

Beach et certains des meilleurs espoirs de l’organisation ont eu l’honneur d’être rappelés par les Hawks pour s’entraîner avec les réservistes pendant les séries de la Coupe Stanley.

À son arrivée, le responsable de la vidéo de l’équipe, a vite commencé son chantage et menacé d’user de son influence auprès de l’entraîneur Joel Quenneville pour nuire à ses chances de percer la formation s’il ne se soumettait pas à ses désirs sexuels.

Après cette agression, la clémence de l’organisation à l’égard de Brad Aldrich a constitué un deuxième coup de poignard pour lui.

Le président John McDonough, le directeur général Stan Bowman, son adjoint Kevin Cheveldayoff, le VP Senior Jay Blunk et l’entraîneur Joel Quenneville venaient en effet d’être informés des agressions, mais ils ont choisi d’étouffer l’affaire pour ne pas créer de «distractions» pour l’équipe.

« De réaliser qu’il continuait son travail pendant les semaines qui ont suivi comme si rien ne s’était passé m’ont fait mal, m’ont fait sentir comme si je n’étais pas important », a confié Beach, la voix brisée par l’émotion, sur les ondes de TSN mercredi soir.

Non seulement traitait-on un jeune être humain avec mépris, on jetait un haut choix au repêchage aux ordures parce qu’on se consacrait à la conquête de la Coupe Stanley.

Beach a eu le cœur brisé à nouveau quand on a permis à Aldrich de célébrer avec l’équipe, de ramener la Coupe dans sa ville le temps d’une journée et même de faire une visite avec le précieux trophée dans une école secondaire…

On a donné une bague de la Coupe Stanley à Beach, comme à Aldrich, mais on devine le cadeau empoisonné: une bague pour rappeler la période la plus sombre de sa vie…

Beach a passé les trois saisons suivantes dans la Ligue américaine, avec une production inférieure aux attentes. Une grave blessure l’a privé de presque toute une saison en 2011-2012. En 2014, il quittait l’Amérique afin de poursuivre sa carrière en Europe. Il n’avait toujours pas joué le moindre match dans la LNH.

Il est le seul parmi les 15 premiers choix de 2008 à ne pas avoir atteint la Ligue nationale, ne serait-ce qu’une minute.

« Beach ne possédait pas le talent et avait une mauvaise attitude quand il a commencé », écrivait un chroniqueur de Chicago en rétrospective il y a un an, sans évidemment connaitre le terrible secret qui pesait sur les épaules du jeune homme. « Il n’avait aucune chance de percer avec sa faible éthique de travail et Stan Bowman n’était pas intéressé par lui. Bowman ne l’avait pas repêché, il n’avait pas l’attachement que pouvait avoir son prédécesseur Dale Tallon envers celui qu’on considère comme le pire flop de l’histoire de l’équipe. En plus de lui avoir offert la chance de percer, on lui a donné une bague de la Coupe Stanley, même s’il n’a jamais joué. »

Kyle Beach, repêché avant Tyler Myers, Erik Karlsson, Jordan Eberle, John Carlson, Tyler Ennis et Roman Josi, aurait-il percé n’eut été de cet épisode traumatisant ?

On ne le saura jamais, mais ça n’a sans doute pas aidé…

L’exploit du jour

Les Maple Leafs ont peiné contre les pauvres Blackhawks, mais ils ont finalement remporté une rare victoire, grâce à un but de William Nylander en prolongation. Nylander a déjoué le gardien Kevin Lankinen entre les jambières en échappée, à la suite d’une passe avisée d’Auston Matthews. Le défenseur Seth Jones est à l’origine de ce revirement avec un tir frappé complètement raté qui a provoqué la contre-attaque.

La citation du jour

Quand (Sergei) Bobrovsky joue de cette façon, il faut répliquer coup pour coup, mais ça le rend encore meilleur...

L’entraîneur-chef des Bruins de Boston, Bruce Cassidy

PHOTO JIM RASSOL, ASSOCIATED PRESS

Sergei Bobrovsky

Les Bruins ont été vaincus 4-1 mercredi par les invincibles Panthers de la Floride, avec toujours derrière le banc l’entraîneur Joel Quenneville malgré la controverse qui le frappe. Bobrovsky, lui retrouve l’élan des beaux jours. Il a une fiche de 5-0, une moyenne de 1,79 et un taux d’arrêts de ,946.

Le chiffre du jour : 8

PHOTO RICHARD W. RODRIGUEZ, ASSOCIATED PRESS

Drew Doughty

Les Kings de Los Angeles viennent de recevoir une bien mauvaise nouvelle. Leur meilleur défenseur Drew Doughty ratera finalement huit semaines d’activités en raison d’une blessure au genou. « Il devrait recommencer à patiner dans six semaines, puis reprendre les entraînements réguliers », a commenté le directeur général Rob Blake mercredi. Les Kings ont remporté leur premier match 6-2, au cours duquel Doughty a obtenu quatre points, puis perdu les cinq suivants.

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