(Seattle) Une victoire, c’est bien. Mais c’est loin d’être assez, surtout pour un club qu’un début de saison catastrophique a laissé tout en bas du classement de sa division.

C’est dans cet état d’esprit que le Canadien est retourné au travail, lundi, à Seattle. La performance inspirée de samedi dernier, contre les Red Wings de Detroit, a fait du bien. Le sourire est plus facile sur la glace, a avoué Brendan Gallagher. Et l’atmosphère, plus détendue. Mais le Tricolore n’a encore qu’une fiche de 1-5-0.

« On peut se réjouir de la victoire, mais c’est juste une victoire », a résumé l’attaquant après l’entraînement des siens.

« Il faut en retenir le bon et bâtir là-dessus. Et comprendre le travail qui a été nécessaire [pour gagner], car on ne veut pas retomber dans le trou. »

« On s’est mis dans cette situation, maintenant il faut se rattraper », a quant à lui averti l’entraîneur-chef Dominique Ducharme.

Pour se rattraper, les victoires devront s’empiler avec régularité. Et la pile devra être élevée. Car au cours des cinq dernières saisons complètes de la LNH (82 matchs), la dernière équipe qualifiée pour les séries éliminatoires, dans l’Association de l’Est, a eu besoin d’une moyenne de 97 points au classement. Pour atteindre ce total, le Tricolore devrait, à partir de maintenant, mettre la main sur 62,5 % des points disponibles – un rythme de croisière que seules les équipes de tête réussissent à maintenir sur une saison entière.

Pour Jake Evans, la priorité, à court terme, est « d’aller de l’avant » en souhaitant que le succès « fasse boule de neige ».

Le passé récent du club indique une tendance à se relever efficacement après une séquence malheureuse. À 14 reprises, de 2016-2017 à 2020-2021, le CH a subi de quatre à huit revers consécutifs. Neuf fois, il a répondu avec au moins trois victoires au cours des cinq matchs suivants.

Par contre, la « boule de neige » ne prend pas d’un coup. Seulement 5 des 14 séries de défaites ont été suivies par deux gains de suite.

À double tranchant

Il n’en demeure pas moins que cette première victoire de la saison, si chèrement acquise, « on en avait besoin », a admis David Savard.

Contre les Red Wings, l’avantage numérique a enfin produit un but, et quatre joueurs différents ont inscrit leur premier de la saison. Autant d’éléments qui peuvent redorer la confiance érodée d’une équipe qui ne demande pas mieux.

Voilà maintenant le Canadien sur la côte Ouest pour un périple de quatre matchs, qui s’amorcera ce mardi à Seattle contre le tout jeune Kraken.

Les joueurs sont unanimes : ce genre de voyage est le prétexte tout indiqué pour souder un groupe, à plus forte raison après une saison 2020-2021 qui les a privés de ce niveau de socialisation. En outre, ils recevront de la belle visite, mardi, alors que Shea Weber viendra saluer ses coéquipiers.

Or, ces longues séquences sur la route peuvent être une arme à double tranchant. Et Brendan Gallagher est bien placé pour le savoir.

Le journaliste Alexandre Gascon, de Radio-Canada, a demandé au vétéran s’il se souvenait de l’effet dévastateur que trois dégelées subies en Californie, en octobre 2017, avaient eu sur le reste de la saison, l’une des pires de l’histoire du club.

Sourire aux lèvres, Gallagher a rétorqué qu’il se rappelait « chaque année, chaque expérience vécue ». « Ça fait partie de l’apprentissage, a-t-il poursuivi. Les voyages peuvent être bénéfiques ou aller dans l’autre direction. On croisera de bonnes équipes et on jouera dans des arénas où il est difficile de gagner. »

Difficile de le contredire sur ce dernier point. Au cours des 10 dernières saisons qui ont vu le Canadien voyager dans l’État doré, les Montréalais ont présenté une fiche de 4-14-3. Ils n’ont pas gagné à San Jose depuis le 23 novembre 1999. Nick Suzuki avait alors l’âge vénérable de 3 mois, tandis que maman Romanov était enceinte du petit Alexander et que Cole Caufield n’était pas encore conçu.

« Ce sera dur, a encore prévenu Gallagher. Mais ce sera une bonne expérience pour le groupe. »

La rencontre entre le Canadien et le Kraken s’amorcera ce mardi, à 22 h, heure du Québec.