On a beaucoup fait état pendant le camp d’entraînement du Canadien de l’état des forces au centre, compte tenu des départs de Phillip Danault et Jesperi Kotkaniemi.

Nick Suzuki, malgré son jeune âge, et Christian Dvorak constituaient des valeurs sûres au sein des deux premiers trios, mais l’évolution de Jake Evans, appelé à occuper un rôle plus important, était à suivre, tout comme le parcours de Ryan Poehling, dont le poste de troisième ou quatrième centre semblait lui appartenir d’emblée à l’ouverture du camp. Dans une moindre mesure, il y avait aussi les nouvelles acquisitions québécoises, Cédric Paquette et Mathieu Perreault, embauchés pour amener un peu de profondeur.

Le temps des expériences prenait fin mercredi à 19 h 11. Il s’agit évidemment d’un seul match, mais il allait déjà fournir quelques réponses partielles, et tout pourrait changer à la suite du match de jeudi soir à Buffalo. Puisqu’il s’agit de la rencontre d’ouverture, permettez quelques réflexions.

Poehling regardait le match à la télé, évidemment, puisqu’il a traversé la rivière des Prairies mardi soir pour y rejoindre le Rocket, où on lui demandera de retrouver sa confiance au centre d’un premier trio avec Rafaël Harvey-Pinard et Jesse Ylonen.

Evans a généré deux belles chances de marquer à ses premières présences, une belle passe à David Savard dans une poussée à deux contre un, puis une passe dans l’enclave à Brendan Gallagher à son deuxième tour sur la glace, mais ça s’est vite refroidi. On n’a pas senti une très grande cohésion au sein de ce trio complété par Joel Armia (est-il à l’aise à gauche ?) et le meilleur buteur des dernières années, Gallagher, a obtenu très peu de chances de marquer dans le match.

Gallagher formait avec Danault et Tomas Tatar l’un des meilleurs trios à cinq contre cinq de la LNH depuis quelques saisons. Il s’agit d’un seul match, on le répète, et il faudra espérer plus d’étincelles à l’attaque de la part de ce troisième trio lors des prochaines rencontres, sans quoi on risque de retrouver un leader malheureux, perdu au sein d’un trio sans âme.

Evans a aussi affiché un taux d’efficacité de 25 % lors des mises en jeu, un taux nettement trop faible pour un centre, encore plus problématique pour un centre défensif. Le détail n’a évidemment pas échappé à l’entraîneur Dominique Ducharme lors de son point de presse.

Le quatrième trio n’a presque rien généré, ou si peu. Artturi Lehkonen, le héros de la série contre Vegas, semblait perdu avec Cédric Paquette et Mathieu Perreault. Ils ont obtenu deux tirs au total et aucun n’a atteint la marque des neuf minutes dans la rencontre. Ducharme, qui souhaitait pouvoir compter sur quatre trios efficaces cette saison, sans crainte de les envoyer dans toutes les situations, n’a déjà pas eu ce luxe mercredi. Adam Brooks et Alex Belzile seront appelés en renfort au besoin.

Au chapitre des bonnes nouvelles, Christian Dvorak a été aussi bon qu’annoncé, sinon meilleur. Son trio avec Jonathan Drouin, l’auteur du premier but de la saison (Hollywood n’aurait pas fait mieux), et Josh Anderson a été le meilleur de l’équipe. Dvorak amène beaucoup de stabilité et cohésion à un trio. Il a aussi été le meilleur au chapitre des mises en jeu avec un taux d’efficacité de 54 %.

PHOTO DAN HAMILTON, USA TODAY SPORTS

Jonathan Drouin (92) a inscrit l'unique but du Canadien contre les Maple Leafs, mercredi soir.

Suzuki n’a pas été parfait (il y a eu confusion entre Brett Kulak et lui en couverture défensive sur le but gagnant de Nylander), mais il a disputé un autre match typique, premier sur la rondelle, belle créativité, du chien, employé dans toutes les situations. Son trio, complété par Toffoli et Caufield, a obtenu 11 tirs. Les buts viendront éventuellement.

Il y a du travail à faire dans l’ensemble en supériorité numérique, surtout au plan de l’exécution. Jeff Petry, entre autres a été brouillon. On efface et on recommence contre les Sabres.

La défense, dans l’ensemble, et Jake Allen, surtout, ont été stables. Alexander Romanov, après une première portion de match à courir après sa queue, a rassuré. David Savard a été nettement meilleur que lors des rencontres préparatoires, comme c’est souvent le cas avec les vétérans.

« Ovie » désormais cinquième…

On ne parlait que de Tom Wilson. Les nouveaux Rangers, plus costauds, plus teigneux, lui préparaient une petite fête. Alexander Ovechkin représentait un cas douteux en raison d’une blessure subie vers la fin du camp. Ovechkin était fin prêt pour le match finalement et il s’est chargé de placer toute l’attention sur le hockey et non les taloches. À 36 ans, sans le centre Nicklas Backstrom, toujours incapable de patiner, Ovechkin a ouvert sa saison avec deux buts et deux aides. Il a ainsi rejoint, puis dépassé Marcel Dionne au chapitre des buts pour grimper au cinquième rang des meilleurs buteurs de l’histoire avec 732 buts. Il est désormais à neuf buts de Brett Hull, quatrième, et à 34 de Jagr, troisième. On parlera des Rangers, rossés 5-1, une autre fois…

Hendrix se fait un prénom

Sans ses commotions cérébrales, Hendrix Lapierre n’aurait pas été repêché au 22e rang en 2020, mais dans le top 10. Il avait survolé le Championnat mondial des moins de 18 ans il y a deux ans au centre d’un trio avec le premier choix des Jets de Winnipeg, Cole Perfetti. Lapierre avait amassé 11 points en cinq matchs, Perfetti 12. Les commotions ont ensuite freiné son élan. Il a amassé 19 points en 21 matchs à Chicoutimi à son année d’éligibilité au repêchage. Il semblait néanmoins remis de ses maux à la fin de la saison et j’espérais voir le CH prendre ce joli risque avec lui au 16e rang. On lui a préféré le défenseur Kaiden Guhle, un choix salué par une majorité d’experts, et dont le talent s’est confirmé au camp d’entraînement. Les Capitals et leur recruteur en chef Ross Mahoney, l’un des meilleurs de sa profession, a pris la chance de le repêcher. Non seulement Lapierre a-t-il entamé la saison à Washington, à 19 ans, mais il a marqué un premier but dans la LNH mercredi… au grand plaisir de son « grand frère » T.J. Oshie !

La jeunesse se signale à Anaheim !

Très peu de joueurs de 18 ans ont eu le privilège d’entamer la saison dans la LNH. Les deux premiers choix en 2021, Owen Powers et Matt Beniers, ont d’ailleurs choisi de disputer une saison supplémentaire dans la NCAA. Le troisième, Mason MacTavish, a réussi à mériter un poste avec des Ducks d’Anaheim en reconstruction. Il a marqué lui aussi à son premier match mercredi soir. Et les jeunes Ducks ont surpris les Jets de Winnipeg 4-1. Le premier centre à Anaheim, Trevor Zegras, a 20 ans. Isac Lundestrom, qui jouait au centre de MacTavish et a obtenu deux aides, a 21 ans. Benoit-Olivier Groulx, au centre du quatrième trio, a 21 ans, une année de moins que Maxime Comtois. Le directeur du recrutement des Ducks, Martin Madden fils, a dû apprécier le match…

À lire

1- Quel extraordinaire entretien du collègue Guillaume Lefrançois avec Kyle Okposo, bien placé pour comprendre les états d'âmes de Jonathan Drouin l'hiver dernier.

2- Richard Labbé est inquiet pour la défense du CH à la suite du premier match.

3- Alphonso Davies a probablement marqué le plus gros (et beau) but de l'histoire du soccer canadien et le Canada s'approche d'une participation à la Coupe du monde. Jean-François Téotonio a les détails.