Déjà que Nick Suzuki a le sourire facile lorsqu’il est sur la glace… À l’entraînement, ce mardi matin, il avait 63 millions de raisons d’être de belle humeur.

Le Canadien a accordé à son jeune joueur de centre une prolongation de huit ans qui lui rapportera en moyenne 7,875 millions de dollars par année. Ce nouveau pacte entrera en vigueur la saison prochaine et sera valide jusqu’en 2029-2030.

« On s’attend à ce qu’il nous paie le souper ! », s’est esclaffé son compagnon de trio Tyler Toffoli en point de presse.

Plus sérieusement, l’ailier a vanté un coéquipier « incroyable », « tellement intelligent », qui « continue de s’améliorer chaque année ».

Même si, à 22 ans, Suzuki n’amorce que sa troisième saison dans la LNH, il est déjà le grand leader de l’attaque du Canadien. Le départ de Phillip Danault, l’été dernier, l’a propulsé au poste de premier centre du club. Et on a récemment cousu un « A » sur son chandail, signe de l’importance qu’il occupe dans le vestiaire.

En 2020-2021, les 41 points qu’il a récoltés en 56 matchs équivalaient à une récolte de 60 points sur un calendrier complet de 82 rencontres. Et il a été, par une marge considérable, le meilleur marqueur du Canadien en séries éliminatoires au cours des deux dernières années (23 points en 32 matchs).

Sur le plan offensif, Toffoli voit « certainement » son coéquipier gonfler encore davantage ses statistiques. Et même s’il n’aime pas « mettre des chiffres » sur les objectifs qu’il établit pour ses joueurs, l’entraîneur-chef Dominique Ducharme a estimé qu’au cours des prochaines années, Suzuki allait « continuer de grandir comme joueur de hockey, mais aussi comme meneur ».

« Ce qu’il apporte ne paraît pas toujours sur la feuille de pointage ; même quand il ne connaît pas sa meilleure soirée, il réussit à avoir un impact positif sur l’équipe, de différentes façons, a salué Ducharme. Il lit très bien le jeu, avec et sans la rondelle. »

Il est tellement mature pour son âge. C’est un leader. On le sent toujours en contrôle. On lui fait confiance, on se fie à lui.

Brendan Gallagher

Dès les rangs juniors, « on a vu sa capacité à se lever » dans les moments importants, a poursuivi Brendan Gallagher. « Et l’an passé, quand notre équipe peinait, il est celui qui s’est levé pour nous et qui nous a transportés en séries éliminatoires. Les partisans seront chanceux de continuer à le voir aller pour huit autres années. Et nous sommes chanceux, nous aussi, de le garder près de nous. »

Reconnaissant

À son tour au micro, le nouveau multimillionnaire a avoué ne « pas encore réaliser » ce que tout cet argent représentait pour lui. Il s’est néanmoins dit « reconnaissant » de ce qui lui arrive, mais surtout de la confiance que la direction du Canadien lui démontre du même coup.

Suzuki amorce ces jours-ci la dernière année de son premier contrat professionnel. Dès le lendemain de l’élimination du Tricolore en finale de la Coupe Stanley, l’été dernier, le directeur général Marc Bergevin avait manifesté son souhait de lui accorder une entente à long terme. Bergevin a ouvert formellement les discussions il y a environ un mois, avec l’objectif, partagé avec le camp Suzuki, d’en arriver à une entente avant le premier match de la campagne 2021-2022. C’est maintenant chose faite.

« J’adore la ville, j’adore faire partie du Canadien, et je suis emballé à l’idée de rester ici pour les neuf prochaines années, a dit Suzuki. Ça signifie énormément pour ma famille et pour moi. Je ne pourrais pas être plus heureux. »

Il s’est dit honoré que l’organisation, « que ce soit Geoff Molson, Marc Bergevin ou le personnel d’entraîneurs », croie à ce point en lui.

Je veux leur prouver qu’ils ont raison, que je peux jouer un rôle important dans cette équipe et l’aider à gagner encore longtemps.

Nick Suzuki

Son contrat s’installe immédiatement parmi les plus onéreux de l’histoire de la franchise. L’Ontarien devient l’attaquant le mieux payé depuis la fondation du club, mais également le signataire du troisième contrat parmi les plus lucratifs, après ceux de Carey Price (8 ans, 84 millions) et de P. K. Subban (8 ans, 72 millions).

De l’avis de ceux qui le côtoient, il n’y a pas de meilleur candidat pour réagir à la pression inhérente à son nouveau statut.

« Il aime la game et il veut jouer, c’est tout. Il sera correct », a prédit Toffoli.

« Comme joueur, mais aussi comme personne, c’est quelqu’un de très concentré sur ce qu’il fait, qui met beaucoup d’efforts à améliorer des détails de son jeu », a enchaîné Ducharme. Selon lui, ce nouveau contrat ne changera pas le garçon « sérieux, terre à terre » qu’il dirige sur une base quotidienne.

« Je sais ce que je peux apporter dans toutes les situations, que ce soit offensivement et défensivement, a dit Suzuki. Ma confiance vient de mon jeu sur la glace. Je veux rester humble et continuer à travailler fort. »

Soulagement

Par ailleurs, autant Toffoli que Gallagher ont été catégoriques sur les bénéfices d’obtenir une prolongation de contrat longtemps avant l’échéance du contrat précédent.

Toffoli, encore : « Peu importe ce que tout le monde dit, quand tu es à la recherche d’un contrat, ça te trotte dans la tête. Pour lui, ce sera un soulagement. Il peut maintenant jouer et ne plus penser à ça. »

Bergevin a par ailleurs rompu avec ses habitudes de ne pas conclure de nouvelles ententes avec des joueurs établis en cours de saison. Depuis 2014, en excluant les joueurs recrues ou des ligues mineures, Suzuki rejoint la courte liste constituée de Jake Evans (la semaine dernière), Charlie Lindgren et Nicolas Deslauriers (2018), Al Montoya (2017), Tomas Plekanec (2015) et Brendan Gallagher (2014). Toutes les autres prolongations contractuelles ont été consenties pendant la saison morte.

L’entente pourrait être avantageuse sur deux plans pour le Tricolore. Sa longue durée garantit une stabilité au centre de la formation pour le reste de la décennie, mais elle inclut en outre quatre années au cours desquelles Suzuki aurait pu se prévaloir de son autonomie complète et signer un contrat avec l’équipe de son choix.

Aussi, et surtout, son salaire annuel pourrait très bien faire paraître Bergevin. En effet, Suzuki occupera, à compter de la saison prochaine, le 19rang des centres les mieux payés du circuit. Or, 11 des 18 joueurs devant lui ont déjà 29 ans et plus.

Les ententes d’Evans et de Suzuki surviennent quelques semaines à peine après que le Tricolore eut perdu les services de Jesperi Kotkaniemi aux mains des Hurricanes de la Caroline. Joueur autonome avec compensation, le Finlandais a accepté une offre hostile de 6,1 millions, que le Canadien n’a pas égalée.

Sachant que Christian Dvorak écoule actuellement la troisième saison d’un contrat qui en compte six, l’équipe profitera théoriquement d’une paix contractuelle de trois ans avec ses joueurs de centre à compter de 2022-2023.