Lorsque Jake Allen a pris la route de Montréal vers son Nouveau-Brunswick natal, au mois de juillet dernier, il ne savait pas trop s’il ferait le chemin inverse deux mois plus tard ou s’il prendrait plutôt l’avion vers la côte Ouest.

Car le vétéran n’était pas dupe. À quelques jours du repêchage d’expansion, et avec l’obligation imposée à toutes les équipes de la LNH d’offrir au moins un gardien au Kraken de Seattle, il savait bien que son statut avec le Canadien était incertain.

Le directeur général Marc Bergevin et son adjoint Scott Mellanby avaient voulu se faire rassurants en lui disant qu’ils feraient tout en leur pouvoir pour le garder. Mais quand on est l’adjoint de Carey Price, on sait bien que s’il n’y a qu’un gardien à protéger, ce sera le joueur de concession dont le contrat est assorti d’une clause de non-mouvement.

« Tout était indépendant de ma volonté », a rappelé Allen aux membres des médias, mercredi matin, après l’entraînement des siens.

Or, à l’approche du repêchage, « en 72 heures, beaucoup de choses ont changé pour moi ! », a-t-il avoué.

Je n’aurais jamais pensé être protégé. Je n’avais pas vu ça venir… Personne n’avait vu ça venir, en fait.

Jake Allen

« Ça », c’est la solution totalement inattendue à laquelle a eu recours Bergevin pour protéger Allen : laisser Price renoncer à sa clause de non-mouvement et pelleter au Kraken la décision de choisir ou non un gardien qui aurait traîné avec lui un lourd contrat et un historique de blessures chargé. À l’époque, un doute planait même sur sa capacité à jouer en 2021-2022.

On a aussi appris, a posteriori, que de conclure une entente parallèle avec Ron Francis, directeur général de la nouvelle franchise, n’était pas une option pour Bergevin. Plusieurs directeurs généraux de la ligue ont révélé à quel point le prix exigé pour « ignorer » des joueurs était exorbitant. Allen n’a pas eu non plus d’échos concernant une possible transaction l’envoyant à une autre équipe.

Est donc apparue la solution d’exposer Price. « C’était un coup de dés [gamble], mais avec du recul, je pense que c’était la bonne décision », estime Allen, qui n’aurait pas voulu être à la place de Francis.

« Si j’avais été le directeur général de l’autre côté, j’aurais trouvé ça très dur de passer mon tour sur Carey Price », qui est, à ses yeux, encore l’un des meilleurs gardiens du monde.

Devant le filet à Toronto

On connaît la suite : le Kraken a effectivement passé son tour, et le duo Price-Allen est demeuré intact.

Enfin, presque, puisque Price manque toujours à l’appel au camp d’entraînement du Canadien. Et l’entraîneur-chef Dominique Ducharme a confirmé ce qui devenait l’évidence : son gardien vedette ratera le début de la saison.

Il s’agit d’une réelle régression par rapport aux pronostics suivant l’opération à un genou qu’il a subie au cours de l’été. On estimait alors que sa rééducation durerait de 10 à 12 semaines, ce qui signifiait un retour pendant le camp d’entraînement, sinon pour le premier match officiel de la saison, le 13 octobre à Toronto.

Ducharme a plutôt indiqué mercredi que Price ne devrait pas participer à un entraînement complet avant le début du calendrier. Il n’a pas non plus commencé à travailler avec Éric Raymond, nouvel entraîneur des gardiens du Canadien.

Allen a d’ailleurs indiqué qu’il s’attendait à être devant le filet à Toronto pour lancer la saison. Son état d’esprit est donc « complètement différent » de celui de l’an dernier. Il se concentre désormais à 100 % sur son propre travail, plutôt que d’être le fameux « bon coéquipier » qu’on lui demande d’être depuis son arrivée à Montréal.

« Je prends les choses au jour le jour, afin d’être de plus en plus à l’aise » et d’être fin prêt au bon moment, a-t-il résumé.

Car le retour à la réalité sera rapide, croit-il. La présence du Canadien en finale de la Coupe Stanley changera l’approche des équipes qui l’affronteront cette saison.

Allen a rappelé avoir déjà été dans cette situation, après que les Blues de St. Louis eurent remporté les grands honneurs en 2019.

« Nous avons établi un standard élevé. Nous allons être attendus de pied ferme. Ce ne sera pas facile. »

Edmundson absent de deux à trois semaines

PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

Joel Edmundson

Dominique Ducharme a indiqué mercredi que Joel Edmundson devra encore attendre de deux à trois semaines avant d’être en mesure de jouer. Il ratera donc lui aussi le début de la saison. Voilà deux semaines que le défenseur patine seul et qu’on dit de lui qu’il doit s’entraîner avec l’équipe « d’un jour à l’autre ». La blessure dont il souffre n’a toujours pas été divulguée, mais Ducharme a plus d’une fois souligné que son état tardait à s’améliorer. Devant cette stagnation, des tests additionnels ont été pratiqués et le nouveau calendrier de rééducation a été établi. Sa remise en forme, si elle respecte le plan en place, pourrait pointer vers un retour au jeu entre le 20 et le 27 octobre. Le cas échéant, il raterait de quatre à six rencontres.