Une autre journée, un patient de plus à l’infirmerie du Canadien.

Après Cole Caufield, Joel Edmundson et Mattias Norlinder, c’était au tour de Cédric Paquette de rater l’entraînement de jeudi. L’attaquant est blessé à l’aine, ou « la bonne vieille blessure à la laine ! », comme a lancé à la blague Dominique Ducharme, en point de presse.

« Ça arrive à tous les camps. Ce n’est pas une blessure majeure, a assuré l’entraîneur-chef du Tricolore. Ça va prendre quelques jours. »

Rien de majeur, mais n’empêche que la liste des éclopés s’allonge à un rythme inhabituel aux abords du boulevard Leduc. L’équipe compte actuellement 10 blessés :

  • le gardien Carey Price
  • les défenseurs Shea Weber, Joel Edmundson, Mattias Norlinder et Josh Brook
  • les attaquants Paul Byron, Cole Caufield, Mike Hoffman, Cédric Paquette et Joël Teasdale

Pendant quelques secondes, à l’entraînement de jeudi, on a craint que Ben Chiarot ne s’ajoute à cette ribambelle. Le gros défenseur a chuté lourdement derrière le but pendant un exercice. Il a tout de même terminé l’entraînement, après s’être relevé lentement.

En excluant Weber, dont la suite de la carrière est compromise, il y a tout de même six blessés parmi les joueurs qui auraient pu faire partie de la formation du Tricolore lors du premier match de la saison. C’est énorme.

L’effet des séries

Les 10 blessés ne sont pas tous issus du camp, remarquez. Teasdale et Brook sont tombés au combat en fin de saison 2021, avec le Rocket, et se remettent d’opérations. Price et Byron sont passés sous le bistouri cet été, après les séries. Weber, lui, a déclaré forfait en été, bien que la nature exacte de ses blessures n’ait jamais été précisée.

À cet égard, le long parcours du Tricolore n’a pas aidé. C’est en quelque sorte la rançon de la gloire…

Il s’est écoulé 77 jours entre le dernier match de la finale (le 7 juillet) et l’ouverture du camp (le 22 septembre). En temps normal, une équipe finaliste de la Coupe Stanley voit sa saison prendre fin autour du 10 juin, et a donc trois mois complets pour se remettre. Pour les équipes qui ne se rendent pas aussi loin, ce sont donc quatre, voire cinq mois de repos pour recharger les piles.

Price, par exemple, aurait pu amorcer sa saison à temps s’il avait été opéré lors d’une année « normale ». Lors d’une saison plus habituelle (c’est-à-dire sans pandémie, et avec le Canadien éliminé tôt), Byron aurait subi son opération en mai et sa convalescence de cinq mois aurait à peine empiété sur la saison suivante.

Jeff Petry a expliqué en quoi l’été avait passé vite.

« Je me suis accordé trois semaines de repos, peut-être un peu plus, pour récupérer, a dit le défenseur aguerri. Je voulais que mon doigt guérisse avant de retourner au gym, pour éviter un recul. J’ai récupéré physiquement et mentalement. Mon entraîneur à la maison savait combien de temps je passais là-bas et a ajusté mon programme pour que ça cadre avec le calendrier. »

Cinq des dix blessés ont participé au parcours du Canadien jusqu’en finale l’an dernier. C’est donc dire que la courte saison morte n’explique pas à elle seule le nombre d’éclopés. D’ailleurs, le Lightning de Tampa Bay – l’autre équipe en finale l’été dernier – est en pleine santé. Seuls Cal Foote et Gemel Smith sont sur la touche ; ni l’un ni l’autre n’a joué en séries.

Le camp et les autres

Mike Hoffman s’est quant à lui blessé pendant son entraînement estival. Ça laisse donc Edmundson, Norlinder, Caufield et Paquette comme victimes de ce camp jusqu’ici.

Brett Kulak a rappelé que le rythme du camp était bien différent de celui que s’imposent les joueurs en été. « Les séances sont plus longues, a observé le défenseur. Les aines et les hanches deviennent tendues. J’essaie de faire un bon échauffement avant, et je vais voir nos soigneurs pour un traitement après, au besoin. […] En été, on oriente sa préparation en fonction de la durabilité, mais les bobos commencent à surgir dès le camp. »

PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE

Brett Kulak

Jeudi, par exemple, les joueurs en étaient à un troisième entraînement complet de suite. Chaque fois, ils passent une bonne heure sur la patinoire. Bref, c’est tout un contraste par rapport à la saison dernière, quand les entraînements se faisaient rares, en raison du rythme effréné des matchs.

Mais le Canadien reste tout de même plus incommodé que ses rivaux directs. Les Sénateurs, adversaires du CH vendredi et samedi, n’ont que deux blessés : Clark Bishop et Jacob Bernard-Docker, tous les deux touchés à une cheville. Les Leafs, que les Montréalais ont affrontés deux fois jusqu’ici, ont quatre patients à l’infirmerie : Auston Matthews, Pierre Engvall, Alex Steeves et Semyon Der-Arguchintsev. Ces deux derniers sont réévalués sur une base quotidienne.

« De la malchance ? Un mauvais timing ? s’est demandé Petry. Il n’y a pas une cause en particulier que je puisse identifier. »

En bref

Un autre match pour Guhle ?

Dominique Ducharme a indiqué que le groupe qui affrontera les Sénateurs à Ottawa, ce vendredi, sera sensiblement le même que celui qui a défait les Maple Leafs de Toronto lundi. « Ce sera le groupe de Drouin et Dvorak », a laissé tomber l’entraîneur-chef. Ce groupe était le premier à s’entraîner, jeudi, et les combinaisons étaient celles ci-dessous. Par ailleurs, Ducharme n’a pas exclu que certains joueurs disputent les deux matchs en 24 heures contre les Sénateurs.

Drouin-Dvorak-Anderson
Harvey-Pinard-Evans-Armia
Martel-Dea-Ylönen
Pezzetta-Mysak-Fortin

Guhle-Savard
Niku-Chiarot
Schueneman-Wideman
Amorosa-Goloubef

Des joueurs retranchés cette fin de semaine

Ces deux matchs contre les Sénateurs seront une dernière occasion pour plusieurs de se faire valoir. En effet, Ducharme a confirmé qu’à compter de lundi, il ne resterait plus qu’un seul groupe à l’entraînement. À l’heure actuelle, il y a deux groupes principaux, en plus d’un troisième, plus réduit, qui est composé de blessés et de joueurs destinés à la Ligue américaine ou l’ECHL. « On aura congé dimanche, ce sera bon pour tout le monde physiquement, et on va revenir avec un seul groupe lundi », a indiqué l’entraîneur-chef.

Ouellet et Belpedio au ballottage

Deux joueurs n’auront toutefois même pas la chance de jouer cette fin de semaine. Il s’agit des défenseurs Xavier Ouellet et Louie Belpedio, qui ont été soumis au ballottage jeudi. Les 31 autres équipes ont jusqu’à vendredi midi pour les réclamer, à défaut de quoi ils seront soumis au Rocket de Laval. Ouellet a participé au match de samedi, à Toronto, où il a connu une soirée difficile, qui s’est soldée par un différentiel de - 2. Belpedio n’a pas encore disputé de rencontre préparatoire. Les deux ont signé des contrats à deux volets. Ouellet fait partie de l’organisation du Canadien depuis trois ans. Il a disputé 37 matchs à Montréal en saison, et 10 autres en séries. Il a aussi participé à 105 rencontres avec le Rocket de Laval, dont il est le capitaine depuis trois saisons.

L’énergie de Romanov

Dominique Ducharme parlait mercredi de la nécessité, pour Alexander Romanov, de mieux « canaliser son énergie ». Le défenseur a canalisé toute son énergie sur la patinoire, jeudi ! L’équipe a notamment organisé un intense exercice de confrontations à un contre un, où deux joueurs luttaient devant le filet, l’un pour récupérer la rondelle, l’autre pour l’en empêcher. Romanov s’est particulièrement gâté contre Brendan Gallagher, qu’il a rudoyé pendant de longues secondes, lui assénant même un dernier coup de bâton le long de la rampe, en finissant la séquence. « Dès qu’on l’a vu dans la bulle [à l’été 2020], juste à l’entraînement, on a vu qu’il ne prenait littéralement pas une seconde de repos. Il travaille fort, il est le premier à arriver sur la patinoire et le dernier à en débarquer », a rappelé Petry, son partenaire au camp en l’absence d’Edmundson.