Qu’ont en commun Peter Abbandonato, Joël Teasdale, Rafaël Harvey-Pinard, Alexandre Fortin, Jean-Christophe Beaudin et Jean-Sébastien Dea ?

Ils ont tous un contrat avec le Canadien de Montréal ou le Rocket de Laval, oui, mais encore ?

Réponse : chacun de ces attaquants a porté les couleurs des Huskies de Rouyn-Noranda pendant son parcours junior.

C’est donc dire que dans un match où tous ces joueurs seraient en uniforme avec le Rocket cette saison, ce qui n’est pas exclu comme possibilité, l’équivalent de deux trios complets seraient composés d’anciens Huskies.

« Honnêtement, c’est un honneur pour notre organisation », lance le directeur général des Huskies, Marc-André Bourdon, joint au téléphone par La Presse.

« Surtout dans le cas du Canadien. Quelle que soit l’équipe, c’est le fun de voir les gars avoir la chance de jouer professionnel après [leur passage avec nous]. Ça fait partie de ce qu’on essaie d’accomplir à Rouyn. On investit dans la personne aussi beaucoup, mais le résultat ultime pour un athlète, c’est de jouer professionnel. »

PHOTO MARTIN TREMBLAY, ARCHIVES LA PRESSE

Rafaël Harvey-Pinard

Les dernières années ont été fastes pour les amateurs de hockey de Rouyn-Noranda. Ils ont pu assister à deux conquêtes de la Coupe du Président (2016 et 2019) ainsi qu’à une conquête de la Coupe Memorial (2019). Cinq des six joueurs nommés plus haut ont fait partie d’au moins une de ces deux équipes.

« Je n’aime pas dire qu’on a quelque chose de plus que les autres, parce qu’il y a plus qu’une recette gagnante. Il y a beaucoup de bonnes organisations dans la LHJMQ, mais nous, on a notre recette et on y croit », fait valoir Bourdon.

Tourigny, Bouchard, Pouliot

Alors, quels en sont les ingrédients ? Tout commence avec le recrutement, évidemment.

« On regarde l’individu, la personne autant que le joueur, explique Marc-André Bourdon. C’est sûr qu’on recherche des gars qui ont notre ADN, une bonne éthique de travail, qui sont capables d’être un facteur positif dans un environnement d’équipe.

« Des joueurs comme Rafaël [Harvey-Pinard], Félix Bibeau, Samuel Harvey, Peter [Abbandonato]… il y en a plein. Je ne les nommerai pas tous, mais ce sont tous des gars qui, quand ils sont arrivés avec les Huskies, avaient déjà une bonne base de ce côté-là. Quand ils se sont joints à l’équipe, ça s’est raffiné, ils ont embarqué dans le plan. C’étaient des gars qui avaient déjà ça à cœur. »

Abbandonato, qui a passé l’entièreté de sa carrière junior avec la meute, se souvient très bien de l’ambiance qui régnait dans le vestiaire année après année.

Il n’y a pas de cliques, comme on dit, de groupes de quatre ou cinq. C’est une équipe, on est 25 gars sur la même longueur d’onde. On pousse dans la même direction. On est une famille.

Peter Abbandonato, à propos des Huskies

Plusieurs ex-entraîneurs des Huskies ont participé à créer cet « ADN », cette image de l’équipe acharnée, qui caractérise les Huskies de Rouyn-Noranda depuis des années.

Le nouveau pilote des Coyotes de l’Arizona, André Tourigny, y a passé 10 ans comme entraîneur-chef et directeur général de 2003 à 2013. Mario Duhamel, qui vient de le rejoindre en Arizona, l’a assisté pendant quelques années.

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André Tourigny, entraîneur-chef des Coyotes de l’Arizona

Gilles Bouchard, qui est aujourd’hui entraîneur adjoint du Crunch de Syracuse, a pris la relève de Tourigny en 2013 pour quatre saisons. Mario Pouliot lui a succédé de 2018 à 2021.

Tous ces noms, Marc-André Bourdon les énumère lorsqu’on lui demande d’où vient cette culture qui mise sur le respect, le travail, le caractère et le « hockey IQ ». Et il y en a plusieurs autres, précise-t-il.

Tous les gens qui ont travaillé pour les Huskies dans ces années-là ont ouvert le chemin pour les succès qu’on a eus dans les dernières années et on espère que ça va continuer dans les prochaines années.

Marc-André Bourdon, directeur général des Huskies

« Mais ce n’est pas arrivé du jour au lendemain, continue M. Bourdon. Ça a pris beaucoup d’essais-erreurs, des gens avec des plans, mais des plans solides et qui croyaient à ce qu’ils apportaient à la table. Comme André [Tourigny] au début, quand l’organisation était nouvelle. Il avait tout à prouver. »

La « place idéale »

Peter Abbandonato a été un choix de deuxième tour des Huskies en 2014. Sa première réaction au moment du repêchage : « C’est où, ça ? »

« Je n’avais jamais entendu parler de Rouyn-Noranda, raconte le Lavallois. […] Mais après avoir passé quatre ans là, je peux dire que c’est la place idéale pour jouer junior. C’est une petite ville, la ville est hockey. »

« Ce sont les quatre plus belles années de ma carrière, ajoute-t-il. Je n’ai que des bons mots pour Rouyn ! »

Abbandonato affiche une récolte de 267 points en 264 matchs dans l’uniforme blanc, rouge et noir. C’est après la saison de rêve des Huskies en 2018-2019, alors qu’il venait de conclure son stage junior, qu’il a obtenu son premier contrat professionnel avec le Crunch de Syracuse.

Gilles [Bouchard] et Mario [Pouliot] ont vraiment poussé sur le fait de jouer une game un peu plus robuste, intense. C’est sûr que de ce côté-là, la culture des Huskies m’a vraiment aidé pour définir le joueur que je suis aujourd’hui.

Peter Abbandonato

Jean-Sébastien Dea, lui, a joué avec les Huskies de 2011 à 2014. Cet été, il a signé un contrat d’un an à deux volets avec le Canadien. Quand on lui parle des Huskies, il ne se fait pas prier pour distribuer des éloges.

« Jacques Blais, le propriétaire, et les entraîneurs qu’on a eus au fil des années nous ont tout le temps appris la culture d’être un joueur des Huskies, de travailler avec hargne, de travailler fort », se souvient-il.

« Au final, tu tombes en amour avec l’organisation et tu as envie de te battre pour ce logo-là. »