« Chaque jour, je lui faisais signe. Pas pour parler de hockey ; juste de la vie. »

La saison dernière, lorsque Jonathan Drouin a pris un pas de recul, loin du quotidien du Canadien, Josh Anderson s’est assuré que son coéquipier ne se sente pas oublié. Qu’il sente plutôt « qu’il faisait toujours partie de l’équipe ».

Le numéro 17 s’est ouvert comme rarement, vendredi, au cours du point de presse quotidien du camp d’entraînement.

Interrogé sur ses impressions sur le retour Drouin, qui complète avec lui un trio piloté par Christian Dvorak, Anderson a spontanément souligné à quel point il était « fier » de celui qu’il considère aujourd’hui comme un ami proche.

« La santé mentale est un sujet à prendre au sérieux, a-t-il lancé. Peu de gens savent ce qu’on vit chaque jour. Ils disent : “Ces gars gagnent beaucoup d’argent, ils devraient pouvoir composer [avec la pression].” Je suis fier de lui, car il a pris soin de sa santé. C’était la bonne chose à faire. »

Drouin a quitté l’entourage de l’équipe à la fin du mois d’avril et n’a plus joué de la saison ou des séries éliminatoires. Il a révélé au cours des derniers jours qu’il souffrait depuis des années d’anxiété et de troubles du sommeil.

Avec à la clé des séquences sans marquer qui ne semblaient jamais finir – il a inscrit seulement 2 buts en 44 matchs –, la situation est devenue insoutenable.

Sans comparer sa situation à celle de Drouin, Josh Anderson a confié avoir lui-même vécu des moments pénibles en 2019-2020, saison précédant son changement d’équipe. Après avoir inscrit 27 buts l’année d’avant, il n’en avait inscrit qu’un seul en 26 matchs à Columbus dans une campagne écourtée par les blessures.

« Je ne mentirai pas, ç’a été difficile, a-t-il dit. Tu sens beaucoup de pression, les gens se demandent ce qui se passe, si tu n’as pas des problèmes hors de la glace. C’est pourquoi je suis aussi fier que Drou ait pris acte de sa situation et marqué une pause. »

À ceux qui doutaient du retour en force du Québécois, Anderson assure qu’il est plus concentré et en forme que jamais.

« Quand je suis rentré à Montréal, il y a trois semaines, je cherchais un endroit où rester, et Jonathan m’a hébergé chez lui, avec sa copine. J’ai été soufflé par son enthousiasme. Il allait s’entraîner le matin, j’y allais avec lui. Ensuite, on patinait en après-midi. Puis, au retour, un entraîneur passait à la maison. Je lui demandais : “Tu ne te reposes jamais ?” C’était sans arrêt. C’était bien de le voir de retour comme ça. »

Et de conclure : « Je ne connais personne qui aime davantage le hockey que lui. »

Leader

Josh Anderson, qui amorce la deuxième année d’un contrat qui le lie au Canadien jusqu’en 2027, se voit quant à lui remplir un rôle plus marqué cette saison au sein de l’équipe.

Son importance sur la patinoire se passe de présentation. La vitesse et l’acharnement de ce colosse de 6 pi 3 po et 227 livres donnent du mal aux défenseurs qui doivent le contrer lorsqu’il fonce à tombeau ouvert en direction du filet. Et ses 17 buts en 52 matchs de l’hiver 2021 équivalaient à un rythme de 27 filets sur une saison complète de 82 rencontres.

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La vitesse et l’acharnement de Josh Anderson (à droite) donnent du mal aux défenseurs qui doivent le contrer.

L’an dernier, toutefois, le CH avait dans son vestiaire des leaders de la trempe de Shea Weber, de Corey Perry et d’Eric Staal, qui ont tout vu et tout vécu. Aucun des trois ne sera à Montréal en 2021-2022.

Sans avoir la prétention de remplacer ces piliers, Anderson affirme néanmoins qu’à 27 ans, il sent que c’était son tour de donner du sien dans ce département. Il juge d’ailleurs que bien des joueurs, jeunes ou vieux, qui ont vécu l’aventure jusqu’en finale la saison dernière sont prêts à s’imposer [step up], « qu’ils aient ou non une lettre sur leur chandail ».

Quant à lui, il souhaite d’abord donner l’exemple sur la glace. Une qualité que lui reconnaît d’ailleurs l’entraîneur-chef Dominique Ducharme. « La façon dont il joue amène ça », a-t-il dit.

« Comme personne, c’est un coéquipier idéal, a poursuivi Ducharme. Il a l’équipe à cœur, ce n’est pas un gars qui a un gros ego. Il est engagé dans ce qu’on fait. »

Constance

Un joueur qui a suivi l’évolution complète de ce gros ailier, c’est David Savard. Le défenseur était déjà bien établi à Columbus lorsque le jeune Josh Anderson a fait ses premiers pas dans la LNH.

L’an dernier, alors que pour la première fois ils ne jouaient plus ensemble, les deux se sont affrontés en finale de la Coupe Stanley, que Savard a remportée avec le Lightning de Tampa Bay.

« Son positionnement est bien meilleur qu’à ses premières années, a fait remarquer le Québécois. Comme bien des jeunes, il pensait qu’il devait absolument marquer beaucoup de buts, mais plus les années passaient, plus on voyait qu’il comprenait mieux la game. Il est devenu un joueur complet qui peut avoir un impact important. C’est très difficile de l’affronter. »

Anderson, par contre, souhaite afficher plus de constance au cours de la saison qui commence. De fait, malgré ses succès de l’an dernier, il a tout de même connu de longs passages à vide. À ses 20 derniers matchs de la saison, il n’a cumulé que 4 points. Et en séries, il a été blanchi 12 matchs consécutifs.

« Je dois jouer de la bonne manière toute l’année, garder le bon état d’esprit », reconnaît-il.

À ce sujet, Dominique Ducharme l’invite à « rester lui-même » et, à défaut de marquer chaque soir, à avoir un « impact positif ».

« S’il commence à se poser des questions sur son nombre de points et qu’il change sa façon de jouer, je ne pense pas que ça va lui apporter beaucoup de positif, note l’entraîneur. Sa manière de marquer des buts, c’est avec sa vitesse, en récupérant des rondelles libres et en fonçant au filet. S’il garde le contrôle sur ses forces, il sera récompensé, et peut-être que sa production sera plus constante. »

En bref

Encore un nouveau défenseur

Le Canadien a consenti un contrat d’un an au défenseur Sami Niku. L’entente à deux volets rapportera 750 000 $ au Finlandais s’il évolue dans la LNH et 425 000 $ s’il est cédé au Rocket de Laval, dans la Ligue américaine. La somme élevée du volet des ligues mineures laisse présager qu’on le destine à un poste à Laval. Le profil de Niku est intrigant. Défenseur menu (6 pi 1 po et 176 livres), ce choix de 7e tour en 2015 a momentanément constitué un espoir bien positionné dans l’organigramme des Jets. Toutes sortes de mésaventures – notamment des blessures – l’ont toutefois relégué au bout du banc. Il avait montré des signes encourageants à son arrivée en Amérique du Nord, avec 54 points en 76 matchs à sa première saison chez le Moose du Manitoba, dans la Ligue américaine, mais il n’a jamais réussi à s’établir comme un défenseur de la LNH à temps complet. Les Jets ont d’ailleurs convenu avec lui de résilier son contrat plus tôt cette semaine, alors qu’il devait disputer une autre saison au Manitoba.

Suzuki et Poehling contre les Leafs

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Nick Suzuki à l'entraînement

Le Canadien disputera samedi soir son premier match présaison contre les Maple Leafs à Toronto. Nick Suzuki pilotera le premier trio en compagnie de ses ailiers habituels, Tyler Toffoli et Cole Caufield, tandis que Ryan Poehling sera entouré d’Artturi Lehkonen et de Laurent Dauphin sur la deuxième unité. Les nouveaux venus Mathieu Perreault et Cédric Paquette compléteront quant à eux un trio tout québécois avec Alex Belzile. En défense, Alexander Romanov sera réuni à Jeff Petry. Élément intéressant : Arber Xhekaj, défenseur sans contrat invité au camp des recrues puis au camp d’entraînement principal, sera lui aussi de la partie. Le costaud personnage – 6 pi 4 po et 219 livres à 20 ans – a bien paru vendredi dans les simulations à cinq contre cinq, envoyant notamment des rondelles au filet avec assurance. Le défenseur Cody Goloubef, seul autre invité du groupe d’entraînement de Xhekaj, sera pour l’instant laissé de côté.

Le calme de Guhle

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Kaiden Guhle

Le défenseur Kaiden Guhle ne jouera pas samedi à Toronto, mais devrait logiquement être du match suivant contre les Sénateurs d’Ottawa lundi, à Montréal. Il patine depuis jeudi à la gauche du vétéran David Savard, qui s’est dit impressionné par le « calme » de son jeune partenaire. « Je me souviens à quel point j’étais nerveux à son âge, mais lui est très calme. C’est le fun de voir ça », a indiqué le Québécois. Ce dernier a ajouté qu’il voulait soutenir Guhle du mieux qu’il peut, notamment en communiquant avec lui après chaque exercice. À l’évidence, l’élève est attentif. C’est à tout le moins ce qu’a laissé entendre Dominique Ducharme, qui a souligné à quel point Guhle était alerte et sensible aux détails. « J’aime ce qu’il fait », a-t-il conclu à son sujet.