Si les Sabres n’en étaient pas à leur troisième phase de reconstruction en neuf ans, s’ils n’avaient pas changé d’entraîneur six fois depuis 2013, de directeur général trois fois, peut-être les fans de l’équipe aborderaient-ils la situation actuelle avec enthousiasme.

Oublions le passé quelques instants. En défense, le défenseur gaucher de 6 pi 3 po et premier choix en 2018 Rasmus Dahlin est déjà, à 21 ans, en avance sur le plan du développement sur son compatriote Victor Hedman au même âge.

Les Sabres viennent d’en repêcher un autre dans le même moule cet été au premier rang : Owen Power, 6 pi 6 po, 16 points en 26 matchs à sa première saison à l’Université du Michigan, invité à 18 ans à participer au Championnat mondial au printemps.

Henri Jokiharju, défenseur droitier repêché en première ronde par les Blackhawks de Chicago en 2017 (obtenu il y a deux ans pour un autre choix de première ronde, Alexander Nylander), aura la chance à 22 ans de jouer au sein d’une première paire avec Dahlin.

Mattias Samuelsson, 6 pi 4 po, 225 lb, 21 ans seulement, un défenseur à caractère plus défensif, a obtenu une audition à Buffalo en fin de saison. Colin Miller, Robert Hagg et Will Butcher viennent colmater des brèches.

Le choix de fin de première ronde en 2019, le défenseur Ryan Johnson (ce choix a été obtenu dans l’échange de Ryan O’Reilly aux Blues), a choisi de parfaire son développement une saison de plus dans la NCAA, comme Owen Power d’ailleurs.

Au centre, Casey Mittelstadt montre enfin, à 22 ans, des signes d’épanouissement. Après un Championnat mondial junior fort prometteur en 2018, où il a reçu le titre de joueur par excellence après avoir amassé 11 points en 7 matchs, Mittelstadt s’est cassé les dents à ses débuts dans la LNH.

Après avoir amassé 44 points à ses 174 premiers matchs dans la Ligue nationale, il a terminé la saison en force avec 17 points à ses 22 dernières rencontres. Comme quoi il faut être patient avec les jeunes. Mittelstadt, comme Jokiharju, a signé cette semaine un contrat pont de trois ans, moyennant 2,5 millions par saison.

L’autre jeune centre, Dylan Cozens, 20 ans, 7choix en 2019, a connu une saison timide l’an dernier avec 13 points en 41 matchs. Mais contre les meilleurs juniors de son âge, au Championnat mondial, il a amassé 16 points en 8 matchs pour le Canada.

Devant le filet, les Sabres et leur nouvel entraîneur Don Granato – le frère de Tony, coach de Cole Caufield à Wisconsin – entendent s’en remettre à un autre jeune, le Finlandais de 22 ans Ukko-Pekka Luukkonen. C’est un choix de fin de deuxième ronde en 2017. Le DG Kevyn Adams vient aussi d’acquérir la sensation du plus récent Championnat mondial junior avec le Canada, Devon Levi, dans une transaction avec les Panthers de la Floride.

À cette base solide et prometteuse s’ajouteront des espoirs et des choix quand on aura échangé Jack Eichel, dont le statut est toujours en suspens. On peut s’attendre à obtenir au moins deux jeunes joueurs de premier plan en retour et au moins un choix de première ronde.

L’ailier Jack Quinn, 8choix en 2020, tentera d’obtenir un poste à Buffalo à 19 ans – bientôt 20 – après avoir goûté à la Ligue américaine l’hiver dernier.

Déjà, Kevyn Adams a obtenu un choix de première ronde en 2021 en retour du défenseur Rasmus Ristolainen. Ils ont repêché au 14rang avec ce choix l’ailier Isak Rosen, 7 buts en autant de rencontres au Championnat mondial des moins de 18 ans. Ils ont obtenu un second choix de deuxième ronde dans la transaction de Taylor Hall avec les Bruins et détiennent déjà un second choix de première ronde dans l’échange de Sam Reinhart pour Devon Levi.

Deux autres saisons dans la cave du classement avec cette bande de jeunes premiers pourraient permettre aux Sabres de rêver à Shane Wright (14 points en 5 matchs au Championnat mondial des moins de 18 ans) en prévision du repêchage de 2022, et à Connor Bedard, 16 ans, 14 points en 7 matchs à ce même Championnat des moins de 18 ans, en prévision de 2023.

Mais quand une équipe a été exclue des séries éliminatoires 10 ans de suite et a remporté sa dernière ronde des séries en 2007 (alors que Daniel Brière et Chris Drury, désormais DG des Rangers, Jason Pominville et Martin Biron jouaient encore), elle doit comprendre ses fans d’être amers et s’attendre à ce que le monde du hockey soit sceptique…