Lors du premier match de la saison 2021-2022, il est plus que probable que Brendan Gallagher se retrouve à la droite d’un joueur de centre avec qui il n’a jamais, ou presque, partagé la glace. Qui sera donc l’heureux élu qui fera produire le meilleur buteur du Canadien des neuf dernières années ? Analyse.

Encore prolifique

Miné par les blessures, Brendan Gallagher n’a pas affiché son habituelle efficacité en attaque lorsque le Canadien, il y a quelques semaines à peine, a atteint la finale de la Coupe Stanley. Mais aucun indice dans sa production des dernières années ne laisse présager un ralentissement lorsqu’il est en santé. Une seule fois, au cours des six dernières saisons, il a maintenu un rythme inférieur à 29 buts par tranche de 82 matchs. Et depuis son entrée dans la LNH, en 2012-2013, ses 187 buts en font le meilleur marqueur du club. Pas étonnant, dans ces circonstances, que la direction lui ait accordé un nouveau contrat de six ans et 39 millions, entré en vigueur au cours de l’été. La question se pose néanmoins : quel joueur de centre sera en mesure de l’aider à poursuivre sur sa lancée ?

Danault fin seul

Résumer les succès de Gallagher à sa complicité avec le joueur de centre Phillip Danault serait réducteur. Il n’empêche qu’au cours des dernières années, les deux sont devenus inséparables, formant avec Tomas Tatar l’un des trios les plus efficaces dans la LNH à cinq contre cinq. La Presse a compilé le nombre de buts marqués par le Canadien à forces égales, depuis cinq ans, lorsque Gallagher était sur la glace en compagnie de l’un des principaux joueurs de centre de l’équipe (minimum 60 minutes). Non seulement Danault et lui ont-ils passé, dans l’intervalle, plus de 33 heures sur la patinoire, mais encore ils étaient présents pour 127 buts de leur équipe – marqués ou non par l’un des deux. Cela équivaut à un rendement de 3,82 buts par tranche de 60 minutes. C’est, et de loin, un sommet parmi les centres du Canadien.

Kotkaniemi : bof…

Si on lui avait confié les rênes du deuxième trio du Tricolore à l’automne, Jesperi Kotkaniemi aurait eu de fortes chances de retrouver le numéro 11 à sa droite. Cela n’arrivera pas, le jeune homme ayant levé les feutres au cours des derniers jours. Tout compte fait, ce n’est peut-être pas plus mal pour le vétéran : depuis l’arrivée de Kotkaniemi à Montréal, en 2018-2019, Gallagher et lui n’ont été sur la glace ensemble que pour 5 buts en un peu plus de 130 minutes de jeu à forces égales, soit 2,29 buts par 60 minutes. C’est l’un des totaux les plus faibles de notre palmarès.

Suzuki : oui, mais…

PHOTO DAVID BOILY, ARCHIVES LA PRESSE

Nick Suzuki

Notre compilation révèle que Brendan Gallagher et Nick Suzuki ont plutôt bien fait ensemble : 3,80 buts par 60 minutes depuis deux ans. Un important bémol s’impose toutefois : la faible taille de l’échantillon. Quatre fois, tout de même, le Canadien a trouvé le fond du filet en leur présence. Un obstacle se dresse pourtant devant une réunion de Gallagher à Suzuki. Au cours des dernières séries, Cole Caufield est devenu inséparable de Nick Suzuki. Avec Tyler Toffoli, ils ont constitué le principal moteur offensif du CH. Il tomberait donc sous le sens qu’on les réunisse de nouveau à la rentrée.

Dvorak, le choix naturel ?

Une complicité comme celle unissant Danault à Gallagher ne se crée pas du jour au lendemain. Les partisans du Tricolore peuvent toutefois croiser les doigts que le nouveau venu Christian Dvorak trouve rapidement ses aises. Il est déjà acquis que l’Américain sera appelé à remplacer Danault dans les missions à caractère défensif, notamment en désavantage numérique. Or, son bilan en Arizona laisse croire qu’il pourrait en outre tisser de beaux liens avec Gallagher sur le plan offensif. Au cours des deux dernières saisons, les trois ailiers avec lesquels il a passé le plus de temps sur la patinoire à cinq contre cinq sont Conor Garland, Phil Kessel et Taylor Hall. Au sein d’une attaque humble, il est vrai, Kessel et Garland ont terminé respectivement au deuxième et au troisième rang des buteurs du club (derrière Dvorak !), tandis que Hall a trouvé le moyen d’accumuler 27 points en 35 matchs lors de son passage éclair dans le désert.

Et Drouin ?

Pendant que le sort de Kotkaniemi était toujours en suspens, et alors que Dvorak n’était pas encore un membre du Canadien, l’idée de muter Jonathan Drouin au centre a germé. Le Québécois a même confié au journaliste Pierre Houde qu’il était prêt à relever le défi. Le personnel d’entraîneurs ne s’est pas encore prononcé sur cette possibilité, mais tous se souviennent de la pénible campagne 2017-2018, celle qu’a passée Drouin au centre, justement. Les multiples insuccès du club cette saison-là n’ont bien sûr pas reposé que sur lui. Mais l’un des éléments qui sont ressortis de l’expérience, c’est que son association avec Brendan Gallagher n’avait pas été miraculeuse. Drouin arrive bon dernier de notre palmarès quant au nombre de buts marqués par le CH lorsque le duo est sur la glace (2,12 buts/60 min). Mentionnons tout de même qu’à l’époque, on voyait en Drouin le centre numéro 1 du club, ce qui ne serait pas le cas en 2021-2022. Par ailleurs, nous avons exclu Jake Evans et Ryan Poehling de notre compilation, car ils n’ont joué que de manière marginale au centre de Gallagher par le passé. Le premier pourrait bien avoir sa chance au camp. Quant au deuxième, il ne faut jamais dire jamais. On dira donc : pas tout de suite. Ni, probablement, bientôt.