La prolongation était commencée depuis sept minutes. Marie-Philip Poulin a faufilé la rondelle au-dessus de l’épaule gauche de la gardienne américaine. La rondelle a glissé hors du but. La capitaine a levé les bras au ciel, mais le jeu a continué. Pendant plusieurs secondes. Jusqu’au moment où la sirène s’est fait entendre en plein jeu. Le but était bon. Pour la première fois depuis 2012, le Canada mettait la main sur l’or au Championnat mondial de hockey féminin.

Les Canadiennes l’ont ainsi remporté 3-2, mardi soir.

De belles images se sont succédé dans les minutes qui ont suivi les célébrations. Mélodie Daoust a salué son fils de 3 ans à travers la baie vitrée. Poulin, héroïne du match, a distribué les médailles à ses coéquipières. L’attaquante Blayre Turnbull, blessée à une cheville pendant les célébrations, est revenue sur la patinoire sur une civière. Sourire aux lèvres, elle a levé sa médaille dans les airs.

« C’est dur de mettre en mots [ce que je ressens], pour être honnête », a laissé entendre une Poulin rayonnante en conférence de presse après le match.

« C’était un match qu’on attendait depuis deux ans. Ça fait plusieurs années qu’on veut remporter cette médaille d’or. »

C’est connu, les matchs de rivalité entre le Canada et les États-Unis sont les plus captivants. La finale de mardi soir n’a pas fait exception à la règle.

Les Canadiennes ont joué avec vélocité dès le début du match, mais la première période a été à l’avantage des Américaines. L’attaquante Alex Carpenter a profité de retours dans l’enclave, deux fois plutôt qu’une, pour donner les devants 2-0 à sa formation.

Les Canadiennes n’allaient pas laisser filer l’or aussi facilement. Elles sont revenues de l’arrière en deuxième période, quand Brianne Jenner et Jamie Lee Rattray ont marqué à un peu moins de trois minutes d’intervalle. Les sourires étaient de retour sur le banc canadien.

En prolongation, les représentantes de l’unifolié ont menacé leurs rivales sans relâche, jusqu’au moment où Poulin a accepté une passe de Jenner pour inscrire le but gagnant. Moment qui, parions-le, marquera les esprits.

PHOTO JEFF MCINTOSH, LA PRESSE CANADIENNE

Marie-Philip Poulin

« Ç’a aidé quand le buzzer a sonné, mais je savais qu’elle [la rondelle] était entrée, a dit Poulin. Je l’ai vue. Ç’a vraiment fait du bien quand le buzzer a sonné. »

« Je ne savais pas que la rondelle était entrée dans le but, alors j’étais juste sous le choc », a quant à elle expliqué Jenner, au côté de Poulin en conférence de presse. « Quel moment ! »

Le crédit à l’équipe

En bonne capitaine, Marie-Philip Poulin n’a cessé de donner le crédit à ses coéquipières, décrivant cette victoire comme un « effort d’équipe du début à la fin ».

« Tout au long du tournoi, on a eu de l’adversité, a-t-elle dit. Mais je pense qu’on est vraiment un groupe résilient. Veux, veux pas, on savait que ça n’allait pas être facile contre les États-Unis. C’était 2-0 pour elles. Mais le calme qu’il y avait dans la chambre entre la première et la deuxième… On savait quoi faire, à quoi s’attendre. On voulait juste respecter notre plan de match. C’est ce qu’on voulait, c’est ce qu’on a fait et on est très fières. »

Ce n’est pas la première fois que Poulin fait lever le pays. Elle a marqué les deux buts gagnants des matchs de médaille d’or aux Jeux olympiques de 2010 et de 2014. Quand un journaliste lui a demandé d’expliquer de quelle façon elle réussissait toujours à se surpasser dans les moments les plus importants, l’athlète de 30 ans a de nouveau lancé des fleurs à ses coéquipières, à commencer par celle qui se trouvait à côté d’elle.

« Pour être honnête, c’est une question d’environnement, a-t-elle expliqué. Jenny [Brianne Jenner], tu vas rire, mais c’est vrai. Quand tu t’entoures de bonnes personnes, ça te rend meilleure chaque jour. Oui, c’est arrivé [le but gagnant], mais tu dois avoir à tes côtés des joueuses qui vont te donner la rondelle, faire les petits jeux, et Jenny l’a fait tout au long du tournoi. J’ai été chanceuse de jouer avec elle, et nous avons réussi à capitaliser aujourd’hui. »

Sa coéquipière n’allait pas laisser sa capitaine s’en sortir aussi facilement…

« Tu ne peux pas poser une question à propos d’elle, elle déteste répondre à ça, a-t-elle lancé en riant. Mais je peux parler d’elle. »

« C’est une joueuse spéciale, évidemment, a-t-elle commencé. Quand tu as autant de talent et l’éthique de travail qu’elle possède… C’est pour ça qu’elle porte le C et qu’elle a été aussi incroyable pour nous. Elle possède tout ce dont tu as besoin d’une excellente joueuse de hockey. C’était un honneur d’avoir le rôle d’aller chercher la rondelle et de la mettre sur [son] bâton. »

Avec cette victoire, les Canadiennes terminent un parcours parfait au Championnat, elles qui n’ont pas baissé pavillon une seule fois. Cela veut aussi dire que la série de conquêtes consécutives des Américaines s’arrête à cinq.

La Québécoise Mélodie Daoust termine le tournoi en tête des pointeuses avec 6 buts et 6 passes en 6 parties. Elle a d’ailleurs été nommée joueuse la plus utile du Championnat. Quant à Marie-Philip Poulin, elle a amassé 3 buts et 5 passes en une partie de moins, elle qui a été blessée lors du match de tour préliminaire contre les Américaines.

La gardienne native de La Malbaie Ann-Renée Desbiens a très bien fait en finale, bloquant 23 des 25 lancers dirigés vers elle.

C’était la 19fois que le Canada (11 victoires) et les États-Unis (8 victoires) s’affrontaient pour la médaille d’or dans l’histoire du Championnat mondial féminin.

Plus tôt dans la journée, la Finlande a remporté la médaille de bronze grâce à une victoire de 3 à 1 contre la Suisse.