La coupe Stanley poursuit son périple au Québec. Pour sa journée avec l’imposant trophée, dimanche, Mathieu Joseph a d’abord décidé de se rendre là où tout a commencé pour lui : à Montréal-Nord. Au grand plaisir de la communauté.

Près de 200 personnes étaient réunies à l’aréna Fleury pour accueillir le champion, qui a apporté la coupe au centre de la patinoire à travers une haie d’honneur de jeunes hockeyeurs.

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

« Je suis un gars de Montréal-Nord et j’ai vécu ici pendant 12 ans, a laissé entendre Mathieu Joseph. Je ne serais pas la personne que je suis aujourd’hui si je n’avais pas vécu dans Montréal-Nord. En tant que personne de couleur, je suis ici pour montrer aux jeunes comment on peut se rendre loin avec la persévérance et une bonne éthique de travail. »

C’est la première fois en deux ans que le jeune attaquant du Lightning de Tampa Bay peut passer du temps à Montréal. Depuis son retour, il a retrouvé ses parents, son frère et sa grand-mère. Cette dernière n’était d’ailleurs pas plus impressionnée que ça par le gros trophée !

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

Mathieu Joseph, en compagnie de sa grand-mère Agnès Charles, montre fièrement sa bague de la Coupe Stanley.

« Je suis tellement habituée à la victoire, il n’y a rien qui m’étonne », s’est-elle exclamée en riant et en rappelant la devise de la famille : « Toujours plus haut ».

Une devise qui a bien du sens. Le 6 octobre 2018, Mathieu Joseph disputait son tout premier match dans la LNH. Presque trois ans plus tard, à 24 ans, son nom est déjà gravé deux fois sur la coupe Stanley.

Contrairement à l’an dernier, l’ailier droit a vu de l’action en séries éliminatoires. Il a enfilé l’uniforme pour six matchs, dont quatre en finale contre le Canadien. Une occasion rendue possible quand Alex Killorn s’est blessé en bloquant un tir dans le tout premier match de la série ultime. Ce dernier a dû se retirer pour les rencontres suivantes, ce qui a permis à Joseph d’entrer dans l’alignement.

La Presse s’est entretenue avec lui le 7 août, lors de la Classique Kevin Raphael au profit de Leucan.

« Le fait que j’ai joué en finale cette année, c’est sûr que ç’a rendu ça un peu plus spécial, a-t-il admis. Et le fait que j’ai joué contre Montréal, c’est quelque chose qui n’arrivera probablement plus jamais, en tout cas pas avec Tampa, c’est sûr [étant donné que les séries éliminatoires devraient reprendre leur formule normale la saison prochaine]. »

« Je l’ai peut-être un peu plus savourée cette année », a-t-il ajouté.

Plus de 18 000 partisans étaient présents à l’Amalie Arena de Tampa Bay, le 7 juillet, quand le Lightning a soulevé la coupe Stanley. À l’évocation de ce souvenir, le visage de Joseph s’est illuminé.

PHOTO BRUCE BENNETT, ARCHIVES USA TODAY SPORTS

Le capitaine du Lightning, Steven Stamkos, s’est offert un tour de patinoire avec la coupe Stanley.

« C’était incroyable, a-t-il lancé, sourire aux lèvres. L’atmosphère, c’était malade. Les fans ont été là les deux dernières années, même s’ils n’ont pas pu voir leur équipe gagner. On a un peu fait ça pour eux. »

Quelque part dans la foule, un autre Joseph célébrait lui aussi : Pierre-Olivier, frère de Mathieu et espoir des Penguins de Pittsburgh, s’était déplacé pour l’occasion.

« C’était merveilleux ! », a lancé le plus jeune frère, aussi présent à la Classique KR.

« Je n’aurais manqué ça pour rien au monde, a-t-il ajouté. Ça n’a pas pris deux secondes que j’ai dit à mes parents que j’y allais, peu importe le voyagement à faire. Je ne pouvais pas être plus content de voir mon frère soulever la coupe et avoir un gros sourire au visage. »

Une vieille superstition veut que toucher la coupe Stanley sans l’avoir gagnée porte malheur aux joueurs de hockey. Pierre-Olivier Joseph a préféré ne pas prendre de risque, lui dont la carrière ne fait que commencer.

« Je suis resté très loin de la coupe ! s’est-il écrié le plus sérieusement du monde. Mon frère, tout le monde le savait, ne me touchez même pas ! »

« Ce serait le fun, une troisième »

Avec le départ sous d’autres cieux de joueurs comme Yanni Gourde, Blake Coleman et Barclay Goodrow, entre autres, Mathieu Joseph peut espérer obtenir une place à temps plein sur le troisième trio du Lightning la saison prochaine. Lorsqu’on le questionne à ce sujet, toutefois, l’ailier droit affirme qu’il n’a pas beaucoup pensé au hockey au cours des dernières semaines. Peut-on vraiment lui en vouloir ?

« J’ai recommencé à m’entraîner, donc j’ai un été très chargé de six à sept semaines, a-t-il laissé savoir. Je n’ai pas encore vraiment regardé ça de ce côté-là, je ne me mets pas de pression avec ça. Je vais arriver au camp, essayer d’être prêt, d’être en meilleure forme possible avec le peu de temps qu’on a eu pendant l’été et je vais jouer peu importe où le coach va me mettre. »

Dans les jours qui ont suivi la victoire du Lightning, plusieurs membres de l’organisation, dont le directeur général Julien BriseBois et le directeur des opérations hockey Mathieu Darche, ont été clairs quant aux objectifs de la prochaine saison : remporter une troisième Coupe Stanley d’affilée.

« C’est sûr qu’on a perdu des effectifs qui étaient de gros morceaux dans notre équipe, a pour sa part soutenu Joseph. Je pense qu’on a encore un bon noyau, d’excellents joueurs qui pourraient faire le travail. »

« Quand tu arrives en séries, on ne sait jamais ce qui peut arriver, a-t-il poursuivi. On l’a vu avec le Canadien, on l’a vu avec d’autres équipes. […] On va commencer par avoir une bonne saison. L’objectif premier, c’est de se rendre en séries, et après, on va voir ce qui arrive. Mais c’est sûr que ce serait le fun, une troisième. »

« Le fun », oui, probablement, mais surtout un exploit…

Avec Alice Girard-Bossé, La Presse

Une relation précieuse

On dit que la famille est ce qu’il y a de plus précieux. Cette affirmation a certainement tout plein de sens pour les Joseph. Dans les jours qui ont suivi la victoire du Lightning contre le Canadien, Pierre-Olivier Joseph a publié sur Instagram une photo de lui et son frère au centre de la patinoire de l’Amalie Arena, le gros trophée à leurs pieds.

PHOTO TIRÉE DU COMPTE INSTAGRAM DE PIERRE-OLIVIER JOSEPH

Pierre-Olivier Joseph et Mathieu Joseph

« Tellement fier de lui », a-t-il écrit, ce à quoi son frère a répondu : « Je suis chanceux d’avoir mon frère comme meilleur ami. Je t’aime. »

Même s’ils habitent désormais à plus de 1500 km l’un de l’autre, les deux frangins restent tissés serré. Par FaceTime ou par textos, ils se contactent pratiquement tous les jours.

« On regarde nos matchs. Peut-être pas tous, mais certains, a fait savoir Mathieu. On s’aide là-dedans. On s’aide sur quelques petits trucs ici et là. »

« On pense souvent à l’un et l’autre et on veut vraiment le meilleur pour chacun, a pour sa part évoqué Pierre-Olivier. On est vraiment proches. Que ce soit pour le hockey ou la vie en général, on va toujours être là l’un pour l’autre. »

Si les deux frères percent l’alignement de leur club respectif au prochain camp d’entraînement, ils s’affronteront lors de la soirée d’ouverture de la saison, le 12 octobre.