Les masques faciaux étaient aussi répandus que les rondelles à travers la LNH cette saison. Mais des documents montrent que les responsables de la santé publique canadienne voulaient que la ligue prenne des mesures supplémentaires pour empêcher la propagation de la COVID-19.

La ligue a introduit un certain nombre de protocoles dans le but de reprendre ses activités, y compris les tests quotidiens des joueurs et du personnel, des règles concernant la distanciation physique et les masques, et la limitation des contacts que les coéquipiers pourraient avoir loin de la patinoire.

Pourtant, des documents obtenus par la Presse Canadienne en vertu de la Loi sur l’accès à l’information montrent que les responsables de la santé ont « fortement » recommandé à la ligue d’adopter des mesures supplémentaires avant de donner le feu vert.

Après avoir reçu une ébauche des protocoles de retour au jeu de la LNH, les responsables de la santé de l’Alberta, de la Colombie-Britannique, du Manitoba, de l’Ontario, du Québec et de l’Agence de la santé publique du Canada ont envoyé une lettre conjointe à Gary Bettman, le 23 décembre 2020, exhortant d’ajouter soit des tests réguliers pour les contacts étroits des joueurs et du personnel à ses protocoles, soit d’utiliser un « modèle de bulle » similaire à celui que la ligue a adopté à Toronto et à Edmonton pour compléter la saison 2019-2020.

« Si une répétition du modèle de bulle n’est pas réalisable pour la LNH, nous recommanderions que le début de la saison soit retardé de quelques semaines pour permettre au taux de contagion de diminuer et à nos systèmes de santé de se rétablir », lit-on dans la lettre.

Les responsables de la santé — y compris le médecin hygiéniste en chef de l’Alberta, le Dr Deena Hinshaw, le médecin hygiéniste en chef de la Colombie-Britannique, le Dr Bonnie Henry, le médecin hygiéniste en chef de la province du Manitoba, le Dr Brent Roussin, le médecin hygiéniste en chef de l’Ontario, le directeur de la santé publique du Québec Horacio Arruda et le Dr Howard Njoo, administrateur en chef adjoint de la santé publique à l’Agence de la santé publique du Canada, ont également demandé l’aide de la LNH pour impliquer les Canadiens dans la prévention de la transmission de la COVID-19.

« La LNH est bien placée pour jouer un rôle important dans la promotion des mesures de santé et de sécurité, essentielles pour réduire la propagation de la COVID dans nos provinces. Nous serions très reconnaissants du leadership que la LNH pourrait fournir au cours des premiers mois de 2021 à une époque où nos efforts collectifs pour contenir le virus seront cruciaux au maintien de nos systèmes de santé à travers le pays », indique la lettre.

Bettman a répondu le 24 décembre, affirmant que la ligue avait déjà intégré les commentaires des diverses agences de santé publique canadiennes dans ses protocoles.

« Nous ne pensons pas que notre plan de retour au jeu pose un risque important pour la santé et la sécurité des Canadiens », a précisé sa lettre.

Tests quotidiens

Bettman a noté que les joueurs, le personnel et les entraîneurs seraient testés quotidiennement et a ajouté que la ligue « ferait de son mieux » pour fournir aux familles et autres contacts étroits un accès aux tests sur demande. Il a ajouté que les protocoles de la LNH avaient été mis à jour pour inclure des tests pour les contacts étroits d’un joueur pendant 14 jours si le joueur était positif au virus.

La lettre précisait également que la LNH avait modifié son calendrier pour limiter la fréquence à laquelle une équipe se déplace dans ou hors de la province, et a ajouté que l’ajout d’une « équipe de réserve » limiterait les déplacements transfrontaliers.

« Nous ne pensons pas qu’un “modèle de bulle” pour le début de la saison ni un délai de plusieurs semaines avant le début de la saison soient réalisables ; nous ne pensons pas non plus qu’elles soient nécessaires », a dit Bettman. Nous sommes confiants en notre capacité d’organiser un retour au jeu réussi sans utiliser de telles mesures en veillant à ce que des mesures d’atténuation des risques appropriées soient en place et que notre personnel se conforme strictement à ces mesures d’atténuation. »

Le commissaire a ajouté que la ligue « accueillait avec enthousiasme » la demande des responsables de la santé d’encourager les Canadiens à prendre des mesures pour atténuer la transmission de la COVID-19.

« La ligue, nos clubs et nos joueurs s’engageront à assumer un rôle fort et visible dans la promotion des mesures de santé et de sécurité pour réduire la propagation de la COVID-19 dans vos provinces », a-t-il déclaré.

Les responsables de la santé ont envoyé une autre lettre conjointe à Bettman, le 25 décembre, disant qu’ils soutenaient le retour de la LNH au Canada. La ligue a commencé sa saison condensée de 56 matchs le 13 janvier.

« Plan intelligent »

Dans l’ensemble, les protocoles de COVID-19 de la LNH ont plutôt bien fonctionné, a déclaré Colin Furness, épidémiologiste du contrôle des infections à l’Université de Toronto.

« Je pense qu’ils avaient un plan intelligent, a-t-il analysé. Il n’était pas infaillible et ils ont répondu de manière assez responsable. »

Maintenir le taux d’infection bas allait constituer un défi avec autant de joueurs et de membres du personnel impliqués, en particulier parce qu’ils voyagent et lorsqu’ils sont à la maison, vivant souvent avec des personnes qui ne sont pas soumises aux mêmes règles, a dit Furness.

« C’est une tempête parfaite, a-t-il évalué. Cela prend juste un moment d’inattention et puis boum. »

La LNH a publié des chiffres le 28 juin montrant qu’elle avait administré plus de 350 000 tests de COVID-19 au cours de la saison, 119 joueurs ayant reçu des « positifs confirmés ».

Il aurait été difficile de maintenir les chiffres plus bas, a déclaré le Dr Brian Conway, chef du Centre de prévention des maladies infectieuses de Vancouver.

Tout le monde a contourné les protocoles COVID-19 pendant la pandémie, a-t-il ajouté, et les gens ont un faux sentiment de sécurité lorsqu’ils ne subissent pas de conséquence comme tomber malade.

« Les règles (de la LNH) semblent avoir été tout à fait appropriées, elles semblent avoir été appliquées de manière appropriée. Mais vous devez vous rappeler que nous avons affaire à des êtres humains », a confié Conway.

Le virus a forcé 12 équipes à interrompre ses activités au cours de la saison, reportant 55 matchs.

Les Canucks de Vancouver ont connu la pire éclosion de la ligue à la fin mars lorsqu’un variant agressif a frappé l’équipe.

Vingt et un joueurs et quatre entraîneurs ont reçu des tests positifs au virus, et beaucoup ont présenté des symptômes tels qu’une fatigue extrême, de la fièvre, des frissons et un essoufflement. Des proches sont également tombés malades, y compris des femmes et des enfants.

Les Canucks ont reporté plusieurs matchs et n’ont pas joué pendant plus de trois semaines.

Le Canadien de Montréal a également reporté quatre matchs à la fin mars après l’ajout de deux joueurs à la liste COVID-19.

L’entraîneur-chef par intérim Dominique Ducharme a également dû s’isoler après un test positif au virus, le 19 juin. Il a vu son équipe terminer sa série demi-finale contre les Golden Knights de Vegas depuis chez lui et a raté les deux premiers matchs de la finale de la Coupe Stanley contre le Lightning de Tampa Bay.