Le statut de Joël Bouchard n’allait pas rester flou éternellement et on sait maintenant pourquoi.

Les Ducks d’Anaheim ont en effet annoncé vendredi l’embauche de Bouchard comme entraîneur-chef de leur club-école de la Ligue américaine, les Gulls de San Diego.

Bouchard a par ailleurs profité de sa visioconférence de vendredi pour annoncer que son adjoint, Daniel Jacob, le suivra à San Diego. Les deux comparses ont travaillé ensemble avec l’Armada, chez le Rocket, et continueront à le faire en Californie. (NDLR : le relationniste des Gulls n’avait pas répondu au courriel de La Presse demandant une confirmation, au moment d’écrire ces lignes.)

C’est donc dire qu’avec Alex Burrows qui a été promu avec le Tricolore lors du congédiement de Claude Julien et de Kirk Muller, le Rocket de Laval a perdu son trio d’entraîneurs qui ont dirigé ces trois dernières saisons. Trio qui a permis au club-école de progresser d’année en année au niveau collectif, et de notamment développer l’attaquant Jake Evans.

C’est là un développement non négligeable dans l’organisation.

Des offres sur la table

Évidemment, plusieurs ont été surpris de constater que le Canadien avait laissé Bouchard devenir libre comme l’air, le 1er juillet. C’est ce jour-là que son contrat avec le CH expirait.

« [Quitter le Canadien] n’était pas du tout dans les plans, a prévenu Bouchard, en visioconférence. Une chose que j’ai dite, quand je parlais avec le Canadien, c’était qu’on serait transparents. Le Canadien était en bonne position après les séries. J’attendais que la saison finisse, je voulais voir où ça s’en allait.

« Le 1er juillet, je suis devenu joueur autonome et les Ducks ont montré beaucoup d’intérêt, très tôt le matin, avec Bob Murray et Martin Madden. Marc Bergevin a aussi été très bon. […] On est restés en contact tout le long. Mais j’ai voulu faire le processus avec les Ducks. Mon plan était de rester avec le Canadien. Mais j’ai aimé la philosophie des Ducks. Je comprenais qu’ils avaient aussi une décision à prendre. »

Bouchard a évoqué à plusieurs reprises l’énorme intérêt que les Ducks ont démontré à son endroit. Un spectacle de mariachis ? Une promenade en gondole dans les canaux de Venise ? Allez savoir, mais ça semblait tentant. « Ça m’a pris “flat-foot » d’avoir autant d’amour le 1er juillet », a lancé Bouchard.

Il a aussi évoqué des « discussions » avec Bergevin « pour rester avec le Rocket, pour aller avec Dominique [Ducharme] ».

Des « discussions » qui semblaient bien concrètes, foi de Bergevin. « Joël s’est fait offrir un contrat. Il avait plusieurs options, dont retourner à Laval ou devenir assistant avec Dominique ici. Il avait un emploi avec le Canadien ou à Laval, à sa discrétion, a indiqué le DG du Canadien.

« À la fin de la saison du Rocket, j’ai parlé à Joël, je lui ai dit : “Je veux te parler de ton extension.” Il m’a dit : “Marc, prends ton temps, finissez l’année en force, commencez vos séries et on va se parler plus tard.” Il savait qu’on était intéressés à lui. Ce n’est pas que quelqu’un n’a pas fait sa job. Il a décidé d’aller dans une autre direction. Jamais on ne va retenir quelqu’un. Il avait une job à Laval ou à Montréal. Vous pouvez en faire ce que vous voulez. »

Ducharme, d’ailleurs, semblait déçu de voir que son vieil ami n’allait pas se joindre à lui derrière le banc du CH.

« Éventuellement, on aimerait ajouter quelqu’un au groupe d’entraîneurs, a révélé Ducharme. Joël, c’est quelqu’un que je connais bien, on a travaillé ensemble et c’est un ami. Dans des situations de hockey, on a juste besoin de se regarder et on se comprend. J’aurais aimé l’avoir avec nous. Il y avait une possibilité, il a regardé les pour et les contre. Mais je suis heureux pour lui, parce que c’est un ami. »

Parallèle ou pas ?

Là où le dénouement de l’affaire est étonnant, c’est que Bouchard finit par effectuer un changement de poste en parallèle, puisqu’il demeure entraîneur-chef dans la Ligue américaine. Les charmes de San Diego ne sont peut-être pas ceux de Laval, remarquez, mais on s’éloigne du sujet.

Chez le Canadien, cependant, Ducharme cimentera visiblement son statut dans les prochaines semaines. Le cas échéant, le poste d’entraîneur-chef sera pourvu à moyen terme.

En revanche, chez les Ducks, Dallas Eakins avait été engagé comme entraîneur-chef sur les termes d’un contrat de trois ans, en juin 2019. Un entraîneur-chef en dernière année de contrat est toujours forcément vulnérable. Les Ducks sont en reconstruction et ils montrent le 29e dossier de la LNH (46-63-18) depuis l’arrivée d’Eakins derrière le banc.

Il semble donc assez évident que les portes de la LNH, comme entraîneur-chef, pourraient s’ouvrir plus rapidement à Anaheim, si jamais on juge qu’Eakins n’est plus l’homme de la situation.

Mais pendant ce temps, à Montréal, Bergevin doit maintenant trouver des entraîneurs pour son club-école, au moment où les bons candidats se placent un peu partout dans le monde du hockey.