La journée de David Savard n’est vieille que de quelques heures, mais elle est déjà chargée sur le plan émotif.

Pour la première fois de sa vie, le Québécois s’est levé en sachant qu’il soulèverait peut-être la Coupe Stanley le soir venu. Le Lightning de Tampa Bay mène actuellement la série finale par trois victoires à zéro contre le Canadien, et on se doute que les Floridiens ont toutes les intentions de mettre fin à la série dès lundi soir au Centre Bell.

Mais une terrible nouvelle n’a pas tardé à assombrir la matinée de Savard : dans un message texte, son ancien capitaine chez les Blue Jackets de Columbus, Nick Foligno, lui apprenait la mort de Matiss Kivlenieks.

Le gardien letton de 24 ans a perdu la vie à Novi, au Michigan, à la suite d’un coup à la tête subi après avoir trébuché sur une surface glissante, rapporte The Athletic. Jamais repêché, Kivlenieks s’est joint aux Jackets en 2017 et a surtout joué dans les ligues mineures depuis. Par contre, il a passé toute la dernière saison dans l’entourage de l’équipe, qui l’a assigné à son groupe de réserve. Savard, qui a passé l’hiver à Columbus avant d’être échangé au Lightning, l’a donc côtoyé sur une base quotidienne.

En point de presse, le défenseur a évoqué le « réveil brutal » qu’il a vécu en apprenant la nouvelle. « C’est extrêmement triste, a-t-il dit. C’était un bon kid avec beaucoup de talent, qui allait faire partie de l’équipe l’an prochain ou dans le futur. C’est vraiment plate d’apprendre ça ce matin. »

En dépit de cette tragédie, Savard se retrouve à quelques heures de réaliser, à 30 ans, le rêve qu’il caresse depuis ses premiers coups de patin, celui de remporter la Coupe Stanley.

Il a toutefois prévenu que le Canadien livrerait « une bonne bataille », mais que le Lightning était « prêt pour ce soir ». « On y est presque, il faut continuer de pousser. »

Sans mettre la charrue devant les bœufs, Savard parle déjà de l’« aventure incroyable » qu’ont représentée les séries éliminatoires pour lui. Arrivé à Tampa sur le tard, il a rejoint un « groupe spécial » au sein duquel il a été facile de s’intégrer.

Il est surtout impressionné par le calme qui règne dans le vestiaire, probablement hérité de l’expérience de la conquête de l’an dernier.

« Peu importe ce qui arrive, personne ne panique, a relaté Savard. On a subi des défaites dures à avaler cette année, mais chaque fois, le groupe a été résilient. C’est la raison pour laquelle on se retrouve ici. »

Fraternité

Un autre pour qui cette journée a la chance d’être unique, c’est Pat Maroon. Le colosse pourrait devenir le premier joueur de la LNH, depuis l’expansion de 1967, à mettre la main sur la coupe trois années consécutives, et ce, avec deux équipes différentes – il était avec les Blues de St. Louis lorsque ceux-ci ont été couronnés champions en 2019.

PHOTO KIM KLEMENT, USA TODAY SPORTS

Pat Maroon

Il a pour sa part mis l’accent sur la « fraternité » qui règne dans l’équipe, et qui se manifeste chaque fois qu’un nouveau joueur apparaît dans le portrait.

Barclay Goodrow et Blake Coleman, a-t-il rappelé, n’ont passé que quelques jours avec leurs nouveaux coéquipiers, après la date limite des transactions en 2020, avant que la pandémie de COVID-19 n’interrompe la saison pour plusieurs semaines. Lorsque l’action a repris au mois d’août, ils ont instantanément joué des rôles-clés dans les succès du Lightning.

Dans la même veine, Maroon a mentionné David Savard comme l’exemple d’un nouveau-venu qui s’est adapté en un clin d’œil. Et il a aussi évoqué Mathieu Joseph qui, dans un rôle de soutien, a eu un « énorme impact » dans les deux matchs qu’il a joués en finale après qu’Alex Killorn se fut blessé à un pied.

« Ce lien qui nous unit depuis deux ans est beau à voir, a dit Maroon. Il reste encore beaucoup de travail à faire, mais c’est un grand plaisir de jouer chaque soir avec ces gars-là. »

Un autre qui a mis l’accent sur la tâche à finir, c’est l’entraîneur-chef Jon Cooper.

L’an dernier, son club menait la série finale 3-1 au chapitre des victoires, mais a échappé le match numéro 5 à la suite d’un but de Corey Perry, qui portait alors l’uniforme des Stars de Dallas, en deuxième période de prolongation.

« Avant ce match, je pensais aux mauvaises choses, a raconté Cooper. Tu penses au moment où tu soulèveras la coupe, à ce que ce sera après… C’est de l’énergie mal investie. On a perdu ce match et j’ai appris ma leçon. Il ne faut pas penser au résultat, mais bien canaliser nos énergies afin que notre équipe dispute le meilleur match possible. Si on est assez chanceux pour gagner, les émotions viendront. »

La formation qui affrontera le Canadien lundi soir sera la même qu’au cours des deux derniers matchs, à la possible exception d’Alex Killorn. Ce dernier a participé à l’entraînement matinal des siens, mais la décision sur sa participation à la rencontre sera prise seulement en soirée.