Le Québécois André Tourigny fait le saut comme entraîneur-chef dans la LNH. Les Coyotes de l’Arizona ont décidé de lui accorder leur confiance.

L’organisation des Coyotes, qui était à la recherche d’un entraîneur-chef depuis le départ de Rick Tocchet en mai dernier, a présenté André Tourigny aux médias, jeudi après-midi. Ce dernier a paraphé une entente de trois ans, devenant ainsi le 19entraîneur-chef de l’histoire de la franchise.

« C’était un long processus, c’est un rêve qui se réalise, a-t-il lancé d’entrée de jeu en conférence de presse, jeudi après-midi. J’ai hâte de parler aux joueurs, de commencer à construire une relation avec eux. Ce sera probablement le plus long été de ma vie, j’ai hâte de commencer. »

À son côté, le directeur général Bill Armstrong ne tarissait pas d’éloges à l’endroit de son nouvel homme de confiance. Il a cité à maintes reprises les dons de communicateur d’André Tourigny et sa grande capacité à faire émerger de jeunes talents. Au grand étonnement du Québécois, Armstrong a notamment raconté qu’il avait vu Tourigny pour la première fois il y a 17 ans, dans un bar de Rouyn-Noranda, alors qu’il était l’entraîneur des Huskies dans la LHJMQ.

« J’ai vu cet homme entrer, et toute l’équipe de Rouyn-Noranda était là, a-t-il raconté. Il était connu comme ce gros et dur entraîneur. Je l’ai regardé interagir avec ses joueurs pendant environ deux heures et j’étais fasciné par son habileté à interagir avec les jeunes joueurs et, en même temps, à faire ressortir le meilleur chez eux sur la glace. Il ne savait pas que j’étais là. »

En s’entendant avec les Coyotes, Tourigny est devenu un des rares Québécois francophones à faire le saut dans la Ligue nationale sans passer par l’organisation du Canadien. Questionné à ce sujet, il a affirmé qu’il s’agissait d’une grande fierté.

« Fierté, c’est le premier mot qui me vient en tête. Je mentirais si je disais que ça ne m’est pas passé par la tête et que ça ne me fait rien. Être reconnu par une organisation comme les Coyotes, par M. Armstrong, [Xavier] Gutierrez, [Alex] Meruelo, c’est incroyable. Ça me touche parce que je sais d’où je viens, je sais d’où je suis parti et par où je suis passé. »

Un long parcours

C’est une première pour André Tourigny à la tête d’une équipe de la LNH. L’homme de 47 ans, surnommé Bear dans le milieu du hockey canadien, a connu un long parcours. Il a d’abord dirigé les Huskies de Rouyn-Noranda pendant 11 ans, de 2002 à 2013.

Le natif de Nicolet a ensuite été l’adjoint de Patrick Roy avec l’Avalanche du Colorado pendant deux ans avant d’être embauché, également comme adjoint, par les Sénateurs d’Ottawa en 2015. Il y a passé un an. Il est par la suite revenu dans la LHJMQ pour une saison, à la barre des Mooseheads d’Halifax.

Au cours des quatre dernières années, il était l’entraîneur-chef et le vice-président des opérations hockey des 67’s d’Ottawa dans la Ligue junior de l’Ontario (OHL). En 2020, il a été nommé entraîneur de l’année au sein de la Ligue canadienne de hockey.

« Chaque jour, tu fais un pas vers cette direction, a-t-il dit au sujet de son parcours. Quand tu parles à tes amis et ta famille, ils sont tellement heureux. En parlant avec mes enfants et ma femme, en voyant leurs réactions, ça m’a fait réaliser tout le travail derrière. »

« La première fois que j’en ai parlé à ma mère, elle pleurait et était très émotive, a-t-il poursuivi. Elle m’a demandé si je me rappelais d’où je venais. Je suis le genre de personne qui va toujours se souvenir d’où elle vient. Quand je regarde derrière, je suis vraiment fier. Et quand je regarde devant, je suis vraiment excité. »

Tourigny se décrit comme un « junkie » de l’apprentissage.

« J’aime apprendre, écouter les gens. J’ai été dans toutes les conférences que j’ai pu trouver en Amérique ces 20 dernières années. J’ai lu des livres. J’aime à croire que je suis une éponge qui apprend de tout le monde. »

En 2021, Tourigny a mené Équipe Canada à la médaille d’argent au Championnat mondial junior. Il a aussi remporté l’or à ce même tournoi en tant qu’adjoint en 2020, et l’argent en 2010 et 2011.

En mars, le Québécois s’était entendu avec Hockey Canada sur les termes d’une entente d’un an incluant quatre tournois internationaux. Il devait notamment reprendre son rôle d’entraîneur-chef d’Équipe Canada pour le prochain Championnat mondial junior et être adjoint de l’équipe nationale pour les Jeux olympiques de Pékin.

« Désormais, [je me concentrerai] à 100 % sur les Coyotes, a-t-il laissé savoir. Je remercie Hockey Canada pour ce qu’ils ont fait pour moi. Ils m’ont beaucoup aidé, ils ont été fantastiques avec moi, mais il est temps pour moi de me concentrer sur mon prochain challenge. »

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Un homme de culture

Partout où il est passé, André Tourigny a instauré une culture d’équipe, gagnante et passionnée. C’est ce qu’il souhaite faire aussi en Arizona.

« J’essaie d’entrer en relation avec mes joueurs, de les comprendre tous. C’était la même chose dans le junior, avec les équipes nationales… J’ai beaucoup d’estime pour l’être humain. Il y a l’humain et le joueur. Tu peux être fâché après le joueur, mais quand tu le croises dans le corridor cinq minutes plus tard, tu peux lui donner un high five. Ce n’est pas un problème. »

Il a dit vouloir une équipe passionnée, dure à affronter, qui joue sans relâche, avec des joueurs responsables.

« Je veux que les joueurs voient mon arrivée comme un nouveau départ. Je ne veux pas les tenir responsables de ce qui est arrivé dans le passé. À un certain point dans la vie, quand tu as la chance d’avoir un nouveau départ, de faire tes preuves, tu contrôles ta destinée. »

Questionné sur ce qui le rejoignait dans cette philosophie, le directeur général Bill Armstrong a été très clair.

« C’est simple : c’est noir et blanc et j’aime ça, a-t-il répondu. C’est important d’avoir quelqu’un qui amène une culture au sein de cette organisation. C’est une des choses qu’on a aimées chez André. Il a amené sa culture et il va continuer de l’amener. La culture, c’est 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, il faut que tu l’amènes tous les jours. C’est ce qu’il fait. »

André Tourigny ne s’est pas avancé concernant ses adjoints avec les Coyotes, même si la rumeur veut que l’un d’entre eux soit Mario Duhamel. Il a indiqué que des décisions seraient prises au cours des prochaines semaines.