(Tampa, Floride) Après une contre-performance lors du premier match, le Canadien a rebondi avec brio, mercredi soir. Il a eu beau dominer ses adversaires, ceux-ci ont marqué dans des moments cruciaux pour s’emparer d’une avance de 2-0 avant que la série se transporte à Montréal.

Un effort à l’eau

Une des formules que l’on entend souvent après une rude défaite est que, peu importe le pointage, ça demeure une défaite. Que ce soit 2-1 ou 8-1, les conséquences au classement ou dans une série sont les mêmes. Il n’y a pas de case « Défaite compte double » comme au Scrabble.

Mais toutes les défaites sont-elles vraiment créées égales ? La question se pose après le revers de 3-1 du Canadien dans le deuxième match de la finale de la Coupe Stanley. Un résultat qui donne au Lightning de Tampa Bay une avance de 2-0 dans cette série.

Le sommaire du match
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Après la défaite en lever de rideau de la série, Luke Richardson avait répondu que le point positif de ce match était que le Canadien « était capable de mieux jouer », un euphémisme qui signifiait, en langage moins doux, que ça ne pouvait pas être pire.

Cette fois, le positif ? Tout le monde en trouvait.

« On a joué un match assez solide. On a fait quelques erreurs qui nous ont fait mal contre une équipe qui te fait payer. Mais on méritait un meilleur sort », a estimé le capitaine du Canadien, Shea Weber.

Son assistant Paul Byron était d’accord. « Des fois, le résultat ne représente pas l’allure du match. »

On a joué un sacré match, mais ce n’était pas assez.

Corey Perry

Collectivement, le Tricolore a dominé 43-23 aux tirs au but. Si c’était quelqu’un d’autre que le meilleur gardien de la LNH, Andrei Vasilevskiy, devant lui, le CH aurait très bien pu égaler cette série. Mais le Russe de 6 pi 3 po et 225 lb bloque tous les trous. Il n’a permis que cinq buts à ses cinq derniers matchs.

Et individuellement, les Montréalais ont eu droit à une soirée inspirée de leur trio le plus doué offensivement, celui de Nick Suzuki, flanqué de Tyler Toffoli et Cole Caufield. Misérables au dernier match, les trois droitiers ont obtenu un nombre incalculable de descentes en pleine vitesse vers la zone adverse. Ils ont totalisé 14 tirs, dont 9 seulement pour Suzuki. Et selon Natural Stat Trick, ils ont eu l’avantage 4-0 en ce qui a trait aux chances de marquer de qualité.

PHOTO DOUGLAS DEFELICE, USA TODAY SPORTS

Nick Suzuki (14) célèbre avec ses coéquipiers.

« Je n’étais pas inquiet du tout pour Nick et Cole », a assuré Luke Richardson, qui retournera en principe à son poste d’entraîneur des défenseurs au prochain match avec le retour attendu de Dominique Ducharme. « Des gens se demandaient si le moment était trop grand pour eux. Ils ont eu des chances. Ils ont augmenté leur cadence et ont montré du caractère. »

Sachant cela, on peut seulement imaginer à quel point se retrouver avec une défaite de 3-1, après avoir livré une telle performance contre un club aussi puissant, peut scier les jambes d’une équipe. « Si tout le monde peut en donner un petit peu plus, ça nous donnera de bonnes chances. » Mais peuvent-ils vraiment en donner plus contre une telle machine de hockey ?

Erreurs des vétérans

On peut comprendre les joueurs de s’être présentés la tête relativement haute au podium après le match. Mais dans les faits, les circonstances de la défaite font mal.

Au match précédent, les problèmes venaient en partie des erreurs des jeunes, notamment Suzuki et Caufield. Une équipe a alors beau jeu de se dire que c’est le métier qui rentre, que ces joueurs vont rebondir. Ce qu’ils ont fait avec brio.

Sauf que cette fois, les erreurs, bien moins nombreuses, ont été coûteuses et, surtout, venaient de vétérans.

PHOTO GERRY BROOME, ASSOCIATED PRESS

Anthony Cirelli (71) et Tyler Johnson (9)

Un revirement de Perry en sortie de zone a lancé l’attaque du Lightning sur le premier but. Sur le deuxième, c’était l’erreur monumentale de Ben Chiarot, à une seconde de l’entracte. « Une erreur de gestion de rondelle », a jugé Richardson. Et sur le troisième, c’était au tour de Joel Edmundson, surnommé « Steady Eddy » en raison de sa grande constance, qui a commis une bourde inhabituelle. Tout ça après que Richardson eut martelé l’importance de la gestion de la rondelle après la rencontre de lundi.

Ils sont très dangereux offensivement si tu fais des erreurs à certains endroits

Luke Richardson, entraîneur du Canadien

Le Canadien doit maintenant espérer que Perry et les vétérans aient d’autres bons discours à livrer, comme celui qu’ils ont fait au moment où l’équipe accusait un retard de 1-3 contre Toronto au premier tour.

Perry en a donné un aperçu au micro. « Le message, c’est de ne pas arrêter de faire ce qui nous a permis de connaître du succès. Quand on perdait 1-3 au premier tour, on n’a pas changé le plan de match, on a continué de pousser.

« Je l’ai dit dans le vestiaire : c’est du hockey, c’est amusant, savourez le moment. Ça se décide sur de petits détails. On obtient un bond en notre faveur et qui sait ce qui peut se passer ? »

Ils ont dit

Ça ne nous a pas cassé les jambes. On avait encore des chances en troisième période. C’était juste un bon but de leur part à un mauvais moment pour nous.

Paul Byron, au sujet du deuxième but de Tampa

C’est un joueur incroyable. Il affronte les meilleurs de la ligue. Ça va lui arriver d’avoir des matchs plus difficiles. Il est incroyable. On sait qu’il sera bon pour nous.

Paul Byron, au sujet de Nick Suzuki

C’est plaisant de jouer au Centre Bell, et on sait que les 3500 spectateurs qui seront là vont nous applaudir, tandis que les autres nous encourageront aussi.

Nick Suzuki, au sujet de la demande, rejetée, faite par le Canadien à la Santé publique afin d’augmenter la capacité de spectateurs admis au Centre Bell, vendredi et lundi

Il faut continuer à envoyer du monde au filet. S’il voit la rondelle, il va faire l’arrêt. Il est gros. Il faut le forcer à se battre en obtenant la chance de plus.

Corey Perry, au sujet du gardien adverse Andrei Vasilevskiy

Propos rapportés par Guillaume Lefrançois et Richard Labbé, La Presse

Dans le détail

Trio d’observations sur le deuxième match de la série entre le Canadien et le Lightning

Armia en forme

Joel Armia était finalement bel et bien à son poste, même si Luke Richardson avait tenté de faire durer le suspense à l’entraînement matinal, pendant que Jake Evans s’épuisait dans des exercices supplémentaires avec les réservistes. Armia a repris là où il avait laissé avant sa présence sur la liste de la COVID-19. Le Finlandais a notamment fait étalage de son grand talent en milieu de deuxième période, avec un contrôle de rondelle et une feinte comme lui seul en a le secret. Il faudra maintenant voir si Evans restera longtemps sur les lignes de côté. Artturi Lehkonen a chuté lourdement dans la bande en deuxième période et a passé de longues minutes au vestiaire, avant de revenir pour le début de la troisième période, non sans grimacer. Si Lehkonen devait s’absenter, cela signifierait que le poste d’ailier gauche de Phillip Danault sera à pourvoir. Poste que les deux attaquants en trop (Evans et Tomas Tatar) ont déjà occupé.

Provoquer des punitions

L’arbitrage plutôt libéral en a fait rager beaucoup depuis le début des séries, et pas seulement à Montréal. D’ailleurs, les partisans du Lightning ont eux-mêmes hué les officiels à plusieurs reprises, surtout en fin de deuxième période. Et il est vrai que certains soirs, il se dégage l’impression que seules les pénalités « automatiques » seront imposées. Le Canadien a d’ailleurs eu du mal à en provoquer dernièrement, avec seulement 10 avantages numériques à ses 6 matchs précédant cette rencontre no 2 de la finale. On a toutefois vu que l’agressivité en poursuite de rondelle et la pression pouvaient accomplir des miracles. Phillip Danault a d’abord provoqué une pénalité de quatre minutes à Ryan McDonagh en fonçant sur lui avec fougue à la ligne bleue du CH. En deuxième période, c’était au tour d’Artturi Lehkonen d’utiliser sa vitesse pour embêter Mikhail Sergachev et le forcer à le plaquer a un endroit dangereux, près de la bande.

Quelles sont les chances ?

Le but de Nick Suzuki sera à classer dans les évènements improbables du hockey. Ça a commencé par l’officiel qui a chassé Suzuki de la mise en jeu en zone offensive, de sorte que Tyler Toffoli a pris la mise en jeu et que Suzuki l’a remplacé à la pointe. Anthony Cirelli a finalement gagné la mise en jeu, mais la rondelle est revenue vers Suzuki qui, au lieu de tenter la passe à Cole Caufield, bien placé pour le tir sur réception, a tenté un tir mou du revers, qui s’est frayé un chemin vers le but. Notons par ailleurs que comme sur le but de Ben Chiarot, lundi, il a fallu que la rondelle dévie deux fois pour battre le gardien Andrei Vasilevskiy.

En hausse

Tyler Toffoli

PHOTO DOUGLAS DEFELICE, USA TODAY SPORTS

Andrei Vasilevskiy fait l’arrêt devant Tyler Toffoli

Il faisait partie des abonnés absents lundi. Mercredi, il a répondu avec une performance pas mal plus inspirée.

En baisse

Ben Chiarot

PHOTO DOUGLAS DEFELICE, USA TODAY SPORTS

Ben Chiarot devant Blake Coleman

Une erreur inacceptable en fin de deuxième période, qui a brisé les reins du Canadien. Il a visiblement oublié que les dernières secondes de la période s’écoulaient. Manque de concentration ?

Le chiffre du match

37

Nombre de tirs que le Lightning avait accordés à ses deux matchs précédents. C’était plus ouvert, cette fois, mais avec un « effaceur magique » devant le filet, les problèmes sont réglés !