L’opération séduction se poursuit chez le Canadien.

Dans un geste surprenant, l’organisation a fait une sortie publique afin d’implorer la Santé publique du Québec de l’autoriser à accueillir 10 500 personnes au Centre Bell pour les deux ou trois matchs que l’équipe disputera à domicile en finale de la Coupe Stanley.

France Margaret Bélanger, vice-présidente exécutive et chef des affaires commerciales du Canadien, s’est faite la porte-parole du club.

Elle a confirmé que l’équipe était « en conversation » avec le gouvernement du Québec et la Santé publique depuis vendredi dernier, après qu’une demande formelle eut été déposée pour que l’amphithéâtre puisse désormais être utilisé à 50 % de sa capacité. Pour l’heure, 3500 spectateurs y ont accès – le maximum prévu par les autorités –, ce qui représente 16 % des quelque 21 300 sièges disponibles.

Le prochain match à domicile du Canadien, le troisième de la série finale, aura lieu ce vendredi 2 juillet.

Fait notoire : le Canadien se dit « ouvert » à l’idée de demander une « preuve quelconque » de vaccination à ses spectateurs, si cela lui permet de favoriser la présence du fameux « septième joueur » dans l’édifice. Une telle preuve n’est actuellement pas requise, mais « on est en train de voir ce que ce ça pourrait être », et la Santé publique devrait être à l’aise avec la solution proposée, a indiqué Mme Bélanger.

Peu importe la réponse de Québec, le port du masque demeurera obligatoire à l’intérieur de l’établissement.

Le Canadien a basé sa demande sur le fait que le Centre Bell est vaste de 2 millions de pieds carrés ; par conséquent, on dit avoir « les moyens nécessaires et l’expertise requise pour maintenir la distanciation sociale » entre les personnes sur place. On souhaite par ailleurs maintenir les protocoles déjà en place, qui prévoient 14 zones distinctes, avec leur entrée respective, entre lesquelles les spectateurs ne peuvent pas circuler.

Mme Bélanger a en outre rappelé qu’aucun cas de COVID-19 n’avait été rapporté à l’intérieur du Centre Bell depuis la reprise des opérations du club, le 3 janvier dernier. Il importe néanmoins de préciser que les spectateurs n’ont eu accès à l’édifice que depuis le 29 mai dernier, soit depuis six matchs locaux.

Rappelant que le temps presse puisque l’équipe souhaite mettre en vente ses billets pour le match de vendredi, Mme Bélanger a dit s’attendre à une réponse « imminente » de Québec, peut-être dès ce mardi.

La nouvelle d’une entente entre le Canadien et la Santé publique avait fait le tour des réseaux sociaux, lundi après-midi, mais avait rapidement été démentie par le bureau du premier ministre puis par le club lui-même.

L’intervention d’une dirigeante de haut rang de l’organisation renvoie maintenant la balle dans le camp de la Santé publique.

Expertise

Pour étoffer sa demande, le Canadien a présenté une lettre d’appui rédigée par Benoît Mâsse, professeur titulaire à l’École de santé publique de l’Université de Montréal et expert fréquemment cité dans les médias de la province.

Dans cette missive, que le Tricolore a fournie aux membres des médias, M. Mâsse estime que d’augmenter la capacité du Centre Bell pour deux ou trois matchs, et ce, pendant trois heures ou trois heures et demie chaque fois – sans prolongation –, aurait un « impact marginal sinon nul sur l’évolution de la pandémie au Québec » pour les mois à venir. À ce sujet, il cite en exemple des rassemblements sportifs en Europe qui n’ont entraîné que « très peu de transmission du virus ».

Il souligne également qu’au Centre Bell ou ailleurs, « les fans voudront se regrouper pour regarder les matchs ». Ainsi, « il est excessivement difficile de concevoir que de maintenir la limite à 3500 spectateurs mène à une réduction de contacts sociaux ». Il va encore plus loin en estimant que les contacts sociaux au Centre Bell « sont beaucoup plus encadrés que ceux qui ont lieu dans la sphère privée », par exemple dans une résidence.

M. Mâsse estime en outre que le Canadien de Montréal « est en mesure d’épauler la Santé publique du Québec afin d’augmenter la couverture vaccinale au Québec », et ce, alors que la province accuse du retard dans la vaccination des 18-35 ans.

Fait à noter : l’expert étaie ses arguments en fonction d’une « salle comble », et non d’un amphithéâtre à demi plein. Le Canadien a toutefois préféré limiter sa demande à 10 500 spectateurs plutôt que 21 300, prenant notamment en ligne de compte l’impact que l’exception réclamée pourrait avoir sur l’opinion publique.