Un peu plus de 100 ans ont passé depuis que la LNH a été créée, et plus de 125 ans depuis que la première Coupe Stanley a été remise. Chaque situation en séries éliminatoires a donc été vécue et revisitée, littéralement, des dizaines de fois.

Il existe ainsi un script tout désigné pour une équipe qui s’effondre dans un match numéro 5 disputé à domicile et qui s’apprête à faire face à l’élimination en demi-finale.

Alex Pietrangelo : « Il y a une raison pour laquelle on peut jouer jusqu’à sept matchs. »

Marc-André Fleury : « Demain est une nouvelle journée. »

Brayden McNabb : « On veut revenir gagner dans notre aréna et on va le faire. »

Nicolas Roy : « On doit jouer pendant 60 minutes. »

Etc. Etc.

Il arrive toutefois qu’on s’écarte du script et qu’un éclair de vérité apparaisse. Comme lorsque McNabb a été invité à parler des huées qui ont résonné dans le T-Mobile Arena pendant que les Golden Knights ruinaient, pour une 13e fois dans cette série, une chance de s’imposer en avantage numérique.

« On ne jouait pas très bien. Peut-être qu’on le méritait », a supposé le défenseur. Et d’ajouter, clairvoyant : « Je suis sûr que [nos partisans] étaient frustrés. »

Il n’y a pas que dans les gradins que la frustration s’est fait sentir. Sur la glace, on a vu les joueurs des Knights faire preuve d’impatience. Las d’échouer à presque chacune de leurs tentatives d’atteindre le centre de la zone adverse en possession de la rondelle. Las, aussi, d’être incapables de marquer des buts. Las, enfin, de voir le Tricolore les faire payer pour chacune de leurs erreurs.

Le capitaine Mark Stone a incarné toute cette lassitude à lui seul. Et à le voir frapper la bande avec son bâton, on comprenait bien qu’il commence à en avoir marre.

Son entraîneur n’a pas voulu lui faire porter le blâme. « Ce n’est pas une soirée où on va pointer qui que ce soit, a dit Peter DeBoer. Ç’a été un match difficile pour tout le monde, pas juste pour Stone. On est tous dans le même bateau. C’est à nous de répondre. »

La suite

L’état des lieux, sur papier en tout cas, est loin d’être catastrophique pour les Knights : une victoire à Montréal jeudi remplirait sans doute le réservoir de carburant en vue d’un septième et ultime duel à Las Vegas samedi.

Mais personne n’est dupe : il faudra que cette équipe change complètement de cap.

DeBoer a été franc : « C’est notre travail [au groupe d’entraîneurs] de retourner chaque pierre pour trouver des solutions. »

ll y a eu des moments, dans ces séries, où on a connu du succès en faisant certaines choses. Mais on ne les a pas faites assez longtemps.

Peter DeBoer, entraîneur-chef des Golden Knights

L’entraîneur-chef, encore : « On a déjà été dans cette situation et on a répondu de la bonne façon avec ce groupe. On sera prêts pour le match numéro 6. »

Une solution évidente serait que les attaquants du top 6 des Knights trouvent le fond du filet. Max Pacioretty a certes marqué mardi et il a préparé un but certain pour Reilly Smith, mais ce dernier a raté son tir. Or, les partisans du Canadien reconnaissent, dans cette série, le Max Pacioretty des mauvais soirs. Celui qui décoche des tirs de la périphérie et qui n’attaque pas le filet.

Mark Stone n’a toujours pas récolté de point. À son retour au jeu, Chandler Stephenson n’a rien fait d’impressionnant. Jonathan Marchessault n’a obtenu qu’une aide, Smith, deux, et William Karlsson, trois.

DeBoer a tenté toutes sortes d’expériences, notamment en changeant Pacioretty et Marchessault de trios. « Ça n’a pas vraiment eu d’effet », a-t-il constaté.

« On n’a pas joué à notre manière, a déploré Nicolas Roy. Quand on est à notre meilleur, on a quatre trios et six défenseurs qui fonctionnent à plein, qui attaquent les uns après les autres. »

« Il faut garder les choses simples, a renchéri Marc-André Fleury. Envoyer des rondelles au filet, placer des gars devant Carey Price pour lui bloquer la vue, prendre les retours… On a connu quelques bons matchs dans cette série. Il faut retrouver ce feu-là, bien se replier dans notre zone, et on va être corrects. »

Il vaudrait mieux. Car la marge de manœuvre n’existe plus.