Les choses changent vite dans le monde du hockey.

Fin juin l’an dernier, on se préparait à reprendre tranquillement les activités dans la LNH, en prévision des séries dans deux bulles distinctes.

Les Rangers de New York constituaient un club dont la reconstruction rapide était citée en exemple aux quatre coins de l’Amérique, en vertu d’une fiche de 37-28-5.

Le Canadien avait opté pour un processus plus timide, la réinitialisation, et les résultats n’avaient pas été très encourageants. Malgré un club plus vieux que celui de New York, il traînait de la patte, huit points derrière, avec une fiche de 31-31-9.

John Davidson venait de revenir dans l’organisation à titre de président, le DG Jeff Gorton menait l’opération avec doigté et le jeune entraîneur David Quinn semblait bien en selle.

À Montréal, l’avenir de Marc Bergevin semblait de plus en plus en péril après une autre saison décevante.

Au moment où le Canadien s’apprêtait à bondir sur la glace à Las Vegas pour le cinquième match de leur série demi-finale de la Coupe Stanley mardi matin, le nouveau président et directeur général des Rangers, Chris Drury, présentait pour la première fois à la presse newyorkaise son nouvel entraîneur-chef, Gerard Gallant.

Et à la question sur les changements à prévoir dans sa formation en prévision de l’an prochain, Chris Drury a fait référence aux séries actuelles, et par ricochet au modèle du CH.

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Le président et directeur général des Rangers de New York, Chris Drury.

« On peut facilement conclure en regardant les matchs des séries éliminatoires que la robustesse et l’énergie sont des éléments essentiels, a-t-il répondu lors de son point de presse. Il faudra jouer de cette façon. On cherche toujours des façons d’améliorer l’équipe, et on veut devenir plus difficiles à affronter. »

Gerard Gallant a abondé dans le même sens. Il a évité de parler de ses nouveaux joueurs sur une base individuelle et a insisté sur l’importance de la collectivité.

« Nous aurons besoin de nos 23 joueurs pour gagner, pas de 15 joueurs. Nous voulons des gars capables de jouer sur 200 pieds, autant offensivement que défensivement. Nous voulons avoir le club le plus travaillant de la Ligue nationale de hockey. Le talent et les habiletés individuelles ne suffisent pas pour gagner si on ne travaille pas. »

Les séries estivales de 2020 ont constitué un carrefour où Canadien et Rangers ont emprunté une avenue différente.

New York, fort d’une saison surprenante, s’est pourtant écrasé en trois matchs devant les Hurricanes de la Caroline. Montréal a éliminé les Penguins de Pittsburgh à la surprise générale.

Les Rangers ont acquis une autre pièce maitresse dans sa reconstruction en gagnant la loterie du repêchage et Alexis Lafrenière. Le Canadien, fort de sa victoire contre Pittsburgh, a attiré Tyler Toffoli, Joel Edmundson, Corey Perry et Jake Allen, et acquis Josh Anderson dans un échange pour Max Domi.

Malgré leur déconfiture dans la bulle de Toronto, les espoirs demeuraient grands à New York à l’aube de la saison 2021.

Mais il y a eu des incidents dès le départ. Le défenseur Tony DeAngelo a été suspendu indéfiniment par l’équipe, supposément après une altercation avec le gardien Alexandar Georgiev.

Le premier centre de l’équipe, Mika Zibanejad, a connu un départ timide, tout comme Lafrenière et Kakko, dont on attendait sans doute trop à un si jeune âge.

L’attaque sauvage dont a été victime la vedette Artemi Panarin, agressé par Tom Wilson, des Capitals de Washington, début mai, a fait dérailler le train.

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Tom Wilson et Artemi Panarin

Renversé par Wilson tête première sur la glace, Panarin aurait pu se rompre le cou.

Tom Wilson a reçu une sentence bonbon, une amende de 2500 $. Le propriétaire des Rangers, James Dolan, a fustigé publiquement la LNH et exigé la tête du préfet de discipline George Parros.

En coulisses, John Davidson et Jeff Gorton ont manifesté leur désaccord avec la façon de procéder de leur patron, selon les médias locaux, et ils ont été remerciés.

Chris Drury et Gerard Gallant héritent donc du même jeune club toujours rempli de promesses, mais avec un mandat clair. « Je veux qu’on devienne un club difficile à affronter, a clamé Gallant. J’ai aimé la réaction des joueurs lors du match suivant contre les Capitals, dès la mise en jeu initiale alors que les cinq gars se sont tenus debout. J’écoutais le match à la télé et je n’étais pas associé à l’organisation, mais je trouvais que c’était un pas dans la bonne direction. »

Gerard Gallant a hérité à Vegas d’un club de vétérans largués par leurs équipes respectives. Mais en Floride, il a permis à des jeunes premiers comme Jonathan Huberdeau, Aleksander Barkov et Aaron Ekblad de prendre leur envol.

«Un jeune ne pourra pas se développer si on le laisse sur le banc ou au sein d’un quatrième trio, lance Gallant. Il faut lui donner la chance de jouer et de réussir. L’équilibre est délicat entre la volonté de gagner et le développement des jeunes, mais je veux gagner et je veux développer ces jeunes.»

Un passage de cette conférence de presse qu’Alexis Lafrenière et Kaapo Kakko apprécieront sans aucun doute.